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CHAULIEU Guillaume Amfrye, abbé de : sa vie et son oeuvre

Publié le 21/11/2018

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CHAULIEU Guillaume Amfrye, abbé de (1639-1720). Poète né à Fontenay, en Normandie, Chaulieu est inséparable de ces « cours galantes » de la fin du règne de Louis XIV, qui, à l’écart de Versailles dominé par Mme de Maintenon, formaient, autour des princes de sang ou des légitimés, des sociétés plus gaies et plus libres.
 
« Un agréable débauché... » (Saint-Simon)
 
Lié dès son adolescence avec La Rochefoucauld et l'abbé de Marcillac, envoyé en 1674-1675 en Pologne avec M. de Béthune, Chaulieu fut surtout le poète favori de Mme de Bouillon et de ses deux neveux, le grand prieur et le duc Louis Joseph de Vendôme, lequel prit Chaulieu pour intendant. Il fut couvert de bénéfices ecclésiastiques, qui lui apportaient de substantielles prébendes, sans qu'il parût un instant songer aux obligations qu'ils impliquaient — en particulier celle de la résidence. Il était « l'Anacréon du Temple », où le grand prieur donnait de longs soupers arrosés de vin et de poésie. En 1699, on persuada le duc de Vendôme que le grand prieur, son frère, s’entendait avec Chaulieu pour le voler. Chaulieu fut chassé de son emploi, mais cela ne changea rien à son intimité avec le grand prieur, ni à ce que Saint-Simon appelle son « impudence ». Louis XIV ne l'aimait pas; il ne fut pas étranger à cette disgrâce et rendit impossible son élection à l'Académie française. Mais toutes les « cours galantes » lui étaient ouvertes : celle des Condé, celle de Conti et, bientôt, celle de la duchesse du Maine, dont il anima « les nuits blanches de Sceaux », comme il avait animé les soupers du Temple. Il mourut à quatre-vingt-un ans, huit ans après son ami La Fare, auquel la postérité a si souvent associé son nom.
 
« qui faisait aisément des vers... » (Saint-Simon)
 
La philosophie de Chaulieu était franchement libertine. Il se réclamait de Chapelle et proclamait que le vin, la bonne chère et l'amour suffisaient au bonheur d'un honnête homme. Il prétendait avoir formé le chevalier de Bouillon « en la loi d’Épicure » et l’avoir ainsi rendu à même de prendre « pour guide les passions », de « les satisfaire sans mesure », de borner « au plaisir tous ses souhaits » et, ainsi, de « fouler aux pieds la Fortune et de rire de son empire » (Au chevalier de Bouillon). Libertinage presque anarchique, puisque toutes les lois sociales et morales s’écroulent quand s’élève l’appel des plaisirs.
 
On connaît de lui trois pièces sur la mort, l'une « conformément aux principes du christianisme », l’autre « conformément aux principes des épicuriens », la troisième « conformément aux principes du déisme ».

« fait, sous quelques nuances, la même «philosophie » s'y retrouve -une sorte de déisme élémentaire, puisque Dieu ne nous demande que de nous abandonner aux plai­ sirs naturels et semble même, en ce cas, nous promettre une heureuse immortalité.

Cette philosophie simpliste est celle des soupers du Temple; la libre pensée du xvme siècle avec Voltaire, avec Diderot, avec les manus­ crits clandestins, n'en retiendra pas grand-chose ...

Dans ses poésies, Chaulieu témoigne d'une sensibilité certaine.

Il chante, un peu sur les mêmes accords que La Fontaine, le temps qui passe, la vieillesse qui approche, l'amour qui s'efface.

Il tente d'exorciser la peur de la mort; se refusant aux «terreurs paniques» qu'engendre la superstition.

il espère simplement, au-delà de ce monde, retrouver ses illustres amis : son cher La Fare et tous ceux qui se sont éteints avant lui.

Sa vive imagination Prodiguait, sous sa douce ivresse, Des beautés sans correction, Oui choquaient un peu la justesse Et r esp iraien t la passion.

C'est ainsi que Voltaire, qui, dans sa jeunesse, fut un peu son élève, l'a caractérisé dans le Temple du goar; il est vrai que Chaulieu sacrifie souvent la correction à la sincérité et au sentiment.

C'est par là, de façon un peu surprenante, que ce poète «irrégulier>> , rejeté par Ver­ sailles, demeura un «Ancien».

Il haït la froideur mus­ quée d'un Fontenelle et d'un La Muette; il ne voulut pas d'une poésie qui ne fût qu'esprit, cérébralité même; il préférait exprimer, fOt-ce dans des vers un peu boiteux, dans des strophes un peu négligées, ses regrets et ses souhaits, ses joies et sa mélancolie.

Il se voulait 1' Ana­ créon ou l'Horace de son temps.

Comme son ami Jean­ Baptiste Rousseau se voulait Je disciple de Pindare et d'Archiloque ...

On ne lit plus du tout Chaulieu, et peut-être est-ce une erreur, car, parmi tous ces vers improvisés au hasard des fêtes et des banquets, se découvrent souvent de touchants accents, quoiqu'un peu grêles, qui évoquent le lyrisme de La Fontaine el celui du Voltaire des Stances à Mm• Lullin.

BIBLIOGRAPHIE G.

Desnoiresterres, les Cours galantes.

Paris, 1860-1864; E.

Faguet, , Revue des cours et conféren­ ces, VII, 2, et G.

Lanson,. »

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