CHATEAUBRIAND: Mémoires d'outre-tombe, 1er partie, livre 1, 3.
Publié le 04/10/2013
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Le chapitre III du livre premier est daté par l’auteur du 31 décembre 1811.
La maison qu’habitaient alors mes parents est située dans une rue sombre et étroite de Saint-Malo, appelée la rue des Juifs : cette maison est aujourd’hui transformée en auberge. La chambre où ma mère accoucha domine une partie déserte des murs de la ville, et à travers les fenêtres de cette chambre on aperçoit une mer qui s’étend à perte de vue, en se brisant sur des écueils. J’eus pour parrain, comme on le voit dans mon extrait de baptême, mon frère, et pour marraine la comtesse de Plouër, fille du maréchal de Contades. J’étais presque mort quand je vins au jour. Le mugissement des vagues soulevées par une bourrasque annonçant l’équinoxe d’automne, empêchait d’entendre mes cris : on m’a souvent conté ces détails ; leur tristesse ne s’est jamais effacée de ma mémoire. Il n’y a pas de jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère m’infligea la vie, la tempête dont le bruit berça mon premier sommeil, le frère infortuné qui me donna un nom que j’ai presque toujours traîné dans le malheur. Le Ciel sembla réunir ces diverses circonstances pour placer dans mon berceau une image de mes destinées.
Au début des Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand présente
sa naissance sous un double système de références :
d'abord selon la caste («Je suis né gentilhomme« écrit-il, avant
de fournir une interminable généalogie qu'il qualifie lui-même
de «puériles récitations« destinées à ridiculiser les prétentions
nobiliaires de son père), puis selon la nature, événement qu'il
rapporte au chapitre 3 du livre 1 comme une catastrophe. S'il
s'attarde dans le passage qui vous est proposé sur les circonstances
de sa naissance le 4 septembre 1768, il présente
moins les faits que les idées qui obsèdent sa vieillesse et que
résume une de ses formules célèbres : «Mon berceau a de ma
tombe, ma tombe a de mon berceau.« L'unité de ton (accord
entre les circonstances extérieures et la faiblesse du nouveau-
né, entre la tristesse du passé et celle du présent) souligne
la prédestination au malheur. Le récit, plus conforme à la vérité
historique qu'on ne l'a parfois cru (un critique de la fin du
siècle dernier et du début du nôtre a dit avec malice : «Bref,
Chateaubriand naquit sans aucune simplicité ... «), est coloré
par la méditation du narrateur. Il peut conduire à s'interroger,
même si le libellé ne soulève pas ce problème - mais vous savez
qu'il faut pousser plus loin vos investigations -, sur cette
volonté de faire une évocation très sombre.
«
Remarques préliminaires
Au début des Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand pré
sente sa naissance sous un double système de références :
d'abord selon la caste
(«Je suis né gentilhomme» écrit-il, avant
de fournir une interminable généalogie qu'il qualifie lui-même
de
«puériles récitations» destinées à ridiculiser les prétentions
nobiliaires de son père), puis selon la nature, événement qu'il
rapporte au chapitre 3 du livre
1 comme une catastrophe.
S'il
s'attarde dans
le passage qui vous est proposé sur les cir
constances de sa naissance
le 4 septembre 1768, il présente
moins les faits que les idées qui obsèdent sa vieillesse et que
résume une de
ses formules célèbres : «Mon berceau a de ma
tombe, ma tombe a de mon berceau.» L'unité de ton (accord
entre les circonstances extérieures et la faiblesse du nou
veau-né, entre la tristesse du passé et celle du présent) souligne
la prédestination au malheur.
Le récit, plus conforme à la vérité
historique qu'on ne l'a parfois cru (un critique de la fin du
siècle dernier et du début du nôtre a dit avec malice :
«Bref,
Chateaubriand naquit sans aucune simplicité ...
»), est coloré
par la méditation du narrateur.
Il peut conduire à s'interroger,
même
si le libellé ne soulève pas ce problème -mais vous savez
qu'il faut pousser plus loin vos investigations
-, sur cette
volonté de faire une évocation très sombre.
La nuit du 4 sep
tembre 1768 prend une valeur symbolique*, comme
si cette
naissance était une intrusion dans un monde qui ne désire pas
l'enfant et préfigurait (c'est
le cas de le dire) les orages futurs.
Aussi pourriez-vous envisager un plan de
ce type :
1.
Un récit très travaillé
2.
Une méditation amère
3.
L'expression d'une conscience malheureuse
Nous n'aborderons ici que la première partie et c'est à vous
qu'il appartiendra de bâtir dans
le détail (sous-parties, idées,
citations correspondantes) les deux autres.
Plan détaillé de la l re partie
Un récit très travaillé.
Chateaubriand ne retient que peu
de faits (sa naissance à Saint-Malo,
dans une chambre d'où l'on voit la
mer, au cours d'une tempête d'équi
noxe) et insiste davantage, dans une
forme recherchée, sur l'atmosphère de.
»
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