Charles CHAPLIN écrivait en 1918 : J'aime mille fois mieux obtenir le rire par un acte intelligent que par des brutalités ou des banalités. En prenant des exemples variés dans des genres de votre choix (romans, pièces de théâtre, films, bandes dessinées, etc.) et dans des œuvres que vous connaissez bien, vous direz librement quelles réflexions vous inspire cette opinion.
Publié le 22/02/2011
Extrait du document
■ Il n'est pas interdit de remarquer le caractère un peu trop évident de la citation : quel est le créateur qui ne préfère la finesse à la sottise, l'intelligence «aux brutalités et aux banalités « ? Pour sauvegarder la valeur de la phrase, il faut se replacer dans le contexte de l'époque. En 1918 Chaplin a déjà à son actif un nombre important de courts métrages et quelques rares moyens métrages : Chariot patine. Le Policeman, L'Emigrant, Chariot s'évade. Il tourne à cette date : Une vie de chien. Le personnage de Chariot est aux portes de la légende. A cette époque fleurissent les effets faciles, tartes à la crème, chutes et poursuites. Chaplin tente donc de donner au comique cinématographique ses titres de noblesse.
«
effets du Mariage forcé de Molière où Sganarelle tente désespérément d'expliquer son problème à Pancrace perdudans ses discours philosophiques.
Même raideur, même répétition.
Orgon redit avec obstination «le pauvre homme»et l'avare «sans dot».
Incapables de s'adapter à une situation, les personnages deviennent alors des pantins.
Leschutes répétées correspondent à cette rigidité de l'esprit, dans les meilleurs cas, elles la révèlent (la chute deSganarelle image la maladresse de son discours).L'exagération, effet facile, provoque le rire : une voiture dont le frein se desserre provoque un extraordinairecarambolage et les véhicules terminent leur course dans un fossé.
Lorsque Voltaire explique que le Jésuite Berthier aété empoisonné par le journal de Trévoux, la satire use d'exagération.
Les caricatures procèdent de la même façonen accentuant les défauts de leurs modèles.
Enfin les personnages de Molière connaissent le même grossissement.Les travers sont démesurément agrandis.La surprise enfin joue très souvent quelle que soit la catégorie des comiques : Allais écrit une marche funèbre sansmusique ; Buster Keaton travaille ses gags en jouant sur cet effet : le spectateur attend une chute, unecatastrophe et celle-ci se résout brusquement : une maison tombe sur un homme, celui-ci va être écrasé, pourtantil reste debout car l'encadrement d'une porte lui a permis de ne pas recevoir le mur qui s'écroule autour de lui.Enfin, pour que l'on rie d'un homme qui tombe, il faut que celui-ci ne se blesse pas.
De même, dans les comédies, lespersonnages sont suffisamment stylisés pour qu'on ne les plaigne plus.
Il semble donc se dégager une certaine unité dans les procédés du comique.
Faut-il en conclure que le rire soitd'égale valeur ? Certainement pas.
Tout dépend, en effet, de l'utilisation qui en est faite.
S'il est gratuit, s'il seréduit au procédé, nous aurons le rire de simple détente, celui que semble mépriser Chaplin.
Par contre, s'il s'orientevers une réflexion, s'il est au service d'une idée, on peut alors dire qu'il est d'une qualité supérieure.
Mais il fautreconnaître qu'alors il se trouble facilement.
PLAN
Introduction
Les objectifs de Chaplin : se démarquer des productions de piètre qualité, donner une valeur au comiquecinématographique.
Les différentes sortes de comique.
Développement
Première partie : La hiérarchie dans le comique.
a) Première approche : relevé des œuvres de qualité (grandes comédies) et des œuvres mineures (farces) :
— à l'intérieur de l'oeuvre d'un même auteur ;— entre des auteurs.h) Les différentes sortes de comiques : Le comique gestuel / comique de caractère, de situation, de mœurs.c) Pourquoi cette hiérarchie? Des effets différents :— supériorité de la parole sur le geste ;— supériorité du rire critique sur le rire détente.Deuxième partie : Remise en cause de la hiérarchie.a) Mélange des genres : les plus grands créateurs, Chaplin lui-même, ne renoncent pas aux brutalités et auxprocédés.b) Unité des techniques du comique :— La raideur du corps ou du caractère, la répétition,— La surprise,— L'exagération,— Une certaine insensibilité,autant de « procédés » qui s'appliquent aux différentes sortes de comiques.c) Faut-il pour autant renoncer à établir une distinction ? Non.
Mais elle ne repose pas sur les méthodes.
C'est laqualité du rire qui diffère : ou bien il se limite à une satisfaction immédiate, ou bien il sert une idée, un raisonnement.ConclusionLe candidat peut dire comment il juge ces deux formes de rires.
CITATIONS
Parlant du «diable à ressort», Henri Bergson écrit : «C'est le conflit de deux obstinations, dont l'une purementmécanique finit pourtant d'ordinaire par céder à l'autre qui s'en amuse...
Beaucoup de scènes comiques se ramènenten effet à ce type simple.
» (Le Rire, PUF.) , A propos du Misanthrope : «C'est la comédie d'un homme qui veut avoir un entretien décisif avec la femme qu'ilaime et qui, au bout d'une journée, n'y est pas parvenu.
» Louis Jouvet..
»
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