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CHARLES BAUDELAIRE : VIE ET œUVRE

Publié le 20/01/2020

Extrait du document

baudelaire

Plan du commentaire

I - Une « servante au grand cœur »

II - Un « cœur mis à nu »

III - De l'autobiographie à l'allégorie

Plan de la dissertation

I - Certes, connaître des éléments biographiques sur un auteur peut aider à mieux appréhender son œuvre

II - Mais il est essentiel d'étudier le texte comme un objet autonome

> CORPUS

1. Ch. BAUDELAIRE, « La servante », Les Fleurs du mal, 1857.

2. Ch. BAUDELAIRE, « Je n’ai pas oublié, voisine de la ville », Les Fleurs du mal, 1857.

3. P. PIA, Baudelaire par lui-même, 1952. Annexe : C. Borgal, Baudelaire, 1961.

> QUESTION [4 pts]

« Vous n avez pas remarqué qu’il y avait dans les Fleurs du mal deux pièces vous concernant, ou du moins allusionnelles à des détails intimes de notre ancienne vie », écrit Baudelaire à sa mère le 11 janvier 1858.

Quelle figure de la mère permettent de construire les « allusions » contenues dans les deux poèmes ? Vous répondrez brièvement en prenant appui sur des citations précises des textes 1 et 2.

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16 pts]

I - Commentaire

Vous commenterez le texte 1 : « La servante au grand cœur... »

II - Dissertation

Est-il nécessaire de connaître la biographie d’un écrivain pour comprendre et aimer son œuvre ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté qui prendra appui sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés pendant l’année et vos lectures personnelles. ‘

III - Écrit d'invention

En utilisant le matériau biographique des deux poèmes et des deux lettres, vous rédigerez un fragment de l’autobiographie envisagée par Baudelaire sous le titre de Mon cœur mis à nu.

Pour le registre, votre production devra tenir compte de l’indication donnée par le poète dans un extrait de lettre citée dans l’annexe : « Un grand livre [...] où j’entasserai toutes mes colères » ; pour le contenu, vous vous inspirerez de l’indication donnée par le biographe, Clément Borgal, dans la même annexe : « en réalité, la vie de Baudelaire a été prosaïque, voire banale ».

■ Texte 1 : Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Spleen et idéal, LXIX, 1857

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, 5 Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, Son vent mélancolique à l’entour de leurs marbres, Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, De dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps, Tandis que, dévorés de noires songeries,

10 Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries, Vieux squelettes rongés travaillés par le ver, Ils sentent s’égoutter les neiges de l’hiver Et le siècle couler, sans qu’amis ni famille Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

15 Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir, Calme, dans le fauteuil je la voyais s’asseoir, Si, par une nuit bleue et froide de décembre, Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre, Grave, et venant du fond de son lit éternel Couver l’enfant grandi de son œil maternel, Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse, Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?

baudelaire

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Si, par une nuit bleue et froide de décembre, Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre, Grave, et venant du fond de son lit éternel 20 Couver l'enfant grandi de son œil maternel, Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse, Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ? Ill Texte 2 : Charles BAUDELAIRE, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, LXX, 1857 Je n'ai pas oublié, voisine de la ville, Notre blanche maison, petite mais tranquille ; Sa Pomone 1 de plâtre et sa vieille Vénus 2 Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus, 5 Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe, Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe, Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux, Contempler nos dîners longs et silencieux, Répandant largement ses beaux reflets de cierge Sur la nappe frugale et les rideaux de serge 3.

1.

Pomone : déesse latine des fruits et des jardins.

2.

Vénus: déesse latine de l'amour.

3.

Serge : sorte de tissu.

Ill Texte 3 : Pascal PIA, Baudelaire par lui-même, 1952 Dans son Baudelaire par lui-même, le critique littéraire Pascal Pia fait réfe­ rence aux deux poèmes précédents (textes 1 et 2) qu'il conftonte à deux extraits de lettres de Baudelaire à sa mère.

Dans cette évocation.

de jours quiets 1 mais endoloris, dans ce rappel de dîners long et silencieux, dans l'accusation d'ingratitude que Baudelaire feint de s'adresser envers des morts qu'il n'oublie pourtant pas, il serait difficile de ne pas deviner le grief qu'il fait à sa mère de n'avoir pas montré 5 le même attachement et d'avoir distrait, au bénéfice d'un intrus 2, une part de son amour.

Longtemps plus tard, en 1858, signalant à sa mère redevenue veuve les deux poèmes qu'on vient de lire, il s'étonnera qu'elle ne lui en ait rien dit : Vous n'avez donc pas remarqué qu'il y avait dans les Fleurs du Mal deux 10 pièces vous concernant, ou du moins allusionnelles 3 à des détails intimes de notre ancienne vie, de cette époque de veuvage qui m'a laissé de singuliers et tristes souvenirs, -l'une: Je n'ai pas oublié, voisine de la ville ...

{Neuilly4), et l'autre qui suit: La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ...

(Mariette)? j'ai laissé ces pièces sans titres et sans indications claires, parce que 189. »

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