Charles BAUDELAIRE: LE GOÛT DU NÉANT (commentaire)
Publié le 16/09/2011
Extrait du document
«
plus », et de nombreuses tournures négatives vont accentuer cette
idée d'un passé
à jamais révolu:« L'amour n'a plus de goOt, non
plus que
la dispute » ; « Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et
boudeur"; « ...
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute .
,.
Le présent est caractérisé par la lassitude, due à la perte de l'idéal,
au renoncement
à tout espoir, et le premier mot du poème en est
en quelque sorte
le mot clé .
Une tristesse morose s'est en effet
abattue sur
le poète.
Elle se traduit par la monotonie des
sonorités : les alexandrins de ce poème
à la forme originale 50nt
construits sur deux rimes [yt) et [dœR), qui sonnent le glas de
l'espérance, en marquant parfois une pause lugubre
(les trois
quatrains en rimes embrassées sont en effet séparés les uns des
autres par un vers isolé, qui
rime avec le dernier vers du quatrain
précédent : a-b-b-alai b-a-a-b/b/ a-b-b-al a).
En même temps, le
rythme d'ensemble du poème, aux vers souvent disloqués et
marqués de nombreuses pauses
(la fréquence des points-virgules
est particulièrement remarquable), semble renforcer cette impres
sion de tristesse et de pesanteur.
La perte de l'idéal et la lassitude qu'elle entraîne sont symbolisées
au début du poème par une métaphore saisissante.
L'Espoir
(comme
il le fait souvent , Baudelaire personnifie une abstraction
pour
lui donner plus de force) est représenté sous les traits d'un
cavalier plein de fougue qui, jadis, enfourchait et éperonnait sa
monture : l'esprit
(ici encore, l'apostrophe et l'impératif confèrent
à l'abstraction le statut d'être vivant).
Dans les deux cas, la coupe
des vers (3-9, 2-10) met en
relief les deux images complémentai
res.
Cependant,
le cavalier a délaissé sa monture, et le cheval a
perdu toute ardeur .
Vieux, sans forces, il bronche à chaque pas -
de même que l'esprit las est incapable de surmonter les obstacles
de la vie.
« Esprit vaincu, fourbu ! » Dans cette nouvelle apostro
phe, Baudelaire
file la métaphore : l'esprit 1 cheval est « vaincu »
par l'épreuve du réel, et • fourbu " -terme qui, au sens propre,
fait référence à une maladie des chevaux de trait, et qui, plus
généralement, décrit l'état d'un
être épuisé de fatigue, miné par la
lutte ; on notera d'ailleurs la rime intérieure formée par les deux
adjectifs, qui souligne d'autant
la lassitude de l'esprit.
Cet esprit est enfin comparé
à un maraudeur, homme ou animal
qui chaparde,
vit d'expédients, au jour le jour, d'une vie de
bohème.
Mais c'est un« vieux maraudeur» (de façon caractéristi-.
»
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