Chapitre XXII : Comment Gargantua employait le temps quand l'air était pluvieux ? (Rabelais)
Publié le 25/07/2012
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Ainsi, en plus de rendre visite aux différents artisans afin de comprendre l’ingéniosité des différents métiers (l. 18-19), ils rencontrent ceux qui pratiquent l’art de l’éloquence, dont les métiers sont multiples et variés. Se révèle ici la fascination exercée par le pouvoir de la parole sur le narrateur. L’élève comme le maître semblent admiratifs de la théâtralisation de cette pratique, qu’il s’agisse de « leçons publiques, d’actes solennels, de répétitions, de déclamations ou de plaidoiries des gentils avocats « (l. 20 à 22). On voit en effet que tout le texte est scandé par la répétition de « allaient voir « (l. 11-12, puis l. 20), ou « allait voir « (l. 13). L’intrusion de ce singulier souligne la passion de Gargantua pour ces activités de bateleurs, jongleurs et charlatans (l. 31 toujours), ...
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artisan est unique par la richesse unique qu'il possède.
Ensuite, une communication avec la nature, par l'observation des plantes (l.
26 à 31), des animaux (l.
60-61),mais aussi des phénomènes physiques et chimiques (l 30-31 et 70 à 74).
Puis, une communication avec l'art de la rhétorique, puisque les mots font aussi partie du réel: il s'agit alors d'être éloquent (et donc de connaître par exemple les spécialités des différents orateurs, avec l'énumération l.
20 à 25).
D'autre part, les mots permettentde s'ouvrir à la réalité, qu'il s'agisse de l'homme ou de son œuvre.
Tout est échange, et profite à Gargantua : il ne faut pas s'isoler mais communiquer avec l'extérieur.C'est ce que Ponocrates, derrière le masque du narrateur, nous révèle : ce sont la connaissance des Anciens et la parfaite maîtrise de l'art de la rhétorique quipermettent à l'enfant de mieux se construire.
III.
L'écriture du narrateur révèle sa joie de vivre, d'apprendre en s'amusant et d'instruire son lecteur en le divertissantA) Un espèce de sortilège de la paroleSon amour de la vie et son exubérance se révèlent par les énumérations qui abondent tout le long du texte : avec les noms de métiers (l.
14 à 18), des espècesvégétales (l.
29-30), mais aussi des participes présents (l.
57 à 61), qui décrivent les activités de Gargantua en plein air.
C'est ainsi que le texte s'anime etcommunique une certaine énergie au lecteur ; les mots le renvoient à la réalité et lui donnent envie d'être curieux.
D'autre part, le vocabulaire utilisé par Rabelais faitcomme toujours preuve d'une immense richesse : les adjectifs qualifiant un même mot sont nombreux (ex l.
4 : « beau et clair feu », l.
47-58 : « en la continuation tantdoux fut, léger et délectable »).
Le narrateur se fait donc lui aussi bonimenteur, afin de prêcher auprès de nous les qualités d'une éducation humaniste.
B) Invitation dans un univers de fiction qui nous conduit à être créatif et à relire les AnciensNous sommes ainsi amenés à contempler le monde qui nous entoure avec un autre regard plus curieux, ludique et novateur.
Le narrateur cherche à créer un lecteurnouveau, qui sache mêler amusement et sciences, lire les Anciens en les confrontant avec le présent.
Il nous apprend à être en harmonie, avec le passé et le présentcomme avec notre corps et notre esprit, avec tout ce qui nous entoure enfin ; et c'est de cette harmonie que naît un esprit plus inventeur (comme on le voit notammentavec les « engins automates » l.
72-73, qui renvoient à l'idéal créatif des idées humanistes).
C) Une formidable leçon de vieEn transmettant son savoir et sa joie de vivre aux générations futures et en jouant avec l'art de la parole, le narrateur nous incite à vaincre notre mélancolie et notremal de vivre.
En communiquant avec les Anciens, nous maîtrisons notre vie.
C'est ainsi qu'on découvre une autobiographie déguisée, le lecteur se révèle être ledouble de Rabelais.
L'auteur nous invite ainsi à mieux le connaître.
Avocat et médecin renommé, Rabelais est un géant de l'esprit, et dans ce texte, il décrit sonéducation idéale et cherche à mettre en valeur sa part d'émotion.
Et c'est ainsi que l'humaniste rêve d'une éducation de géant, où son élève pourrait tout connaître(toujours l'idéal de la connaissance universelle qui marque l'esprit des philosophes du XVIe).
Ses exercices verbaux (énumérations) et le vocabulaire choisitémoignent du fait qu'il s'amuse avec les mots.
Par l'écriture de ce projet humaniste, Rabelais s'amuse de son excès et nous transmet donc son éclatante joie de vivre..
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