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CHAPITRE 8 DU CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

Publié le 16/06/2011

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voltaire

Le souvenir du romanesque est évident, surtout pour le lecteur du XVIIIe siècle Voir J. Van den Heuvel (285-287) qui développe diverses comparaisons, notamment avec Richardson. Mais il faut bien percevoir que la faillite des valeurs n'est pas seulement du côté des " mâles " qui exercent tous une violence ou un pouvoir. C'est Cunégonde elle-même qui incarne la perdition de ces valeurs : elle a remplacé l'amour par le calcul quasi commercial et se laisse échanger ou partager ; elle a remplacé la noblesse par la soumission (don Issachar le lui dit explicitement : " il était au-dessous de mon rang... " § 3) ; elle a remplacé la naïveté et la fraîcheur des sentiments par des raisonnements débiles qu'elle emprunte encore au " panglossisme " : cf. plus bas, 9.

voltaire

« etc.), mais elle crée aussi la surprise et l'attente.

On va forcément tourner la page pour savoir ce qui va se passer.Une dynamique de lecture est ainsi provoquée : le lecteur participe à la précipitation et à la bousculade qu'est la vie; sa lecture a le même rythme que l'existence.7.

Cunégonde reste influencée par les théories de Leibniz.

Son histoire s'inscrit dans le droit fil du conte.

Alors queHobbes devrait avoir raison contre Leibniz (car l'homme est bien un loup, ici), Cunégonde se console de son "malheur général " par quelques " biens particuliers " (2e moitié du § 2).

De même, elle fait une grande place auprovidentialisme puisque Dieu semble présider à sa destinée (début ; fin de l'avant dernier paragraphe).

Au plusprofond de son malheur, Cunégonde trouve de quoi se consoler, finit par trouver un sens aux circonstances.

Enfin,Voltaire ne perd pas de vue la perspective philosophique de son conte et il évoque directement les théories dePangloss à propos des aventures de Cunégonde (fin du § 2 et fin du § 4).

Cunégonde n'apprend pas grand-chose,cependant ; elle s'adapte au mal, sans le contester vraiment, et tâche de le convertir en " moins mal possible "qu'elle finit par confondre avec le " mieux du monde ".8.

La louange à Dieu, à la fin, est une notation ironique de l'auteur sur le Providentialisme.

Car on ne voit pas enquoi il faut remercier la Providence de tout ce qui s'est produit.

Voltaire replace ainsi le chapitre dans le fil de sadémonstration.

La formule : " je louai...

tant d'épreuves " est un jeu de mots sur des formulaires propres à laprédication chrétienne : les épreuves ramènent à Dieu, Dieu fait souffrir ceux qu'il a choisis, Dieu a un dessein autravers des épreuves humaines, etc.

Évidemment, Voltaire n'en croit rien.Cf.

ses Remarques sur les pensées de M.

Pascal :X.

- S'il y a un Dieu, il ne faut aimer que lui, et non les créatures." Il faut aimer, et très tendrement, les créatures ; il faut aimer sa patrie, sa femme, son père, ses enfants, et il fautsi bien les aimer que Dieu nous les fait aimer malgré nous.

Les principes contraires ne sont propres qu'à faire debarbares raisonneurs.

"9.

Cunégonde conteste l'enseignement de Pangloss (fin du § 4), mais sa pensée n'atteint à rien d'essentiel, commele montre la conclusion.

Elle se souvient surtout de la peau de son capitaine bulgare et elle la compare à celle deCandide, alors même qu'il est supplicié par l'Inquisition ! Dans sa récapitulation finale, elle termine par " et surtout dubaiser que je vous avais donné ".

Bref, sa mémoire est sélective et porte sur la chair, non sur l'esprit.

Aussi bienfinit-elle en proposant un souper fin et en s'installant sur un canapé.

Pour mieux exprimer cette superficialité,Voltaire dans l'ensemble du chapitre, a su éviter le pathétique et souligner la confusion des valeurs dans la tête deCunégonde : ses viols à répétition ; la mise sur le même plan du détail et de l'essentiel ; la présentation sur le mêmeplan de faits bien distincts ; le brusque mélange d'impressions.

Tous ces procédés créent un type de femmeinconséquente et incohérente.. »

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