CHABANEIX Marie Louis Australien Philippe : sa vie et son oeuvre
Publié le 20/11/2018
Extrait du document
«
des
gens comme Tristan Derème et Francis Carco [voir
FANTAISISTES].
C'est sur un bateau qu'il est né, à bord de l'Australien,
faisant escale à Albany.
Son enfance se passe entre Nou
méa, la France et Palma de Majorque.
Après avoir perdu
sa mère, il revient à La Rochelle avec son père.
De ses
parents (Jacques et Marie Nervat en littérature), il a
hérité le goOt de la poésie : il crée deux revues, l'Effort
des jeu11es (1915), puis le Bel Espoir (1916).
La guerre
et la fin de son service militaire lui permettent de mieux
connaître Carco et les autres « fantaisistes ».
Ce sont eux
qui l'accueillent lorsqu'il arrive à Paris en 1920.11 publie
déjà dans les revues et profite des loisirs que lui laisse
son travail à l'Annuaire industriel pour préparer les Ten
dres Amies ( 1922) et un certain nombre d'autres plaquet
tes réunies successivement dans le Bouquet d'Ophélie
( 1928) et le Désir et les Ombres (1 938).
Entre-temps, il
est devenu libraire rue des Beaux-Arts, avant d'émigrer
rue Mazarine.
Après 1945, son œuvre se poursuit, et l'on
doit retenir les Nocturnes (1950) et Musiques du temps
perdu ( 1960).
Grand prix de Littérature de la Ville de
Paris ( 1949), grand prix de Poésie de 1' Académie fran
çaise (1960).
Un poème de Chabaneix permet de bien comprendre
dans quelle lignée, dans quelle tradition il se situe: ce
sont « les Enchanteurs », où
Gérard s'en va près de Guillaume
Par les sentiers de ce royaume
Où l'on entend d'étranges voix( ...
)
Nerval et Apollinaire, cette poésie qui se veut magi
que utilise les charmes d'une certaine douceur mélanco
lique et rêveuse.
On s'y promène entre des étangs som
bres et des forêts où errent parfois quelques fantômes :
les femmes quittées ou lointaines, qui rendent encore
plus féerique la nature où on les évoque.
Une poésie que
l'on pourrait qualifier de classique tant elle fuit l'excès
et le clinquant.
L'exotisme y est discret (quelques îles
embaumées, des oiseaux et le ciel bleu de Tahiti), les
paysages calmes, et pourtant une émotion naît, dont on
se demande à quoi elle tient : peut-être au regret, à l'an
goisse qu'on sent derrière la belle harmonie des poèmes.
Le temps fuit, et il ne reste que le souvenir: de la fête
qui s'achève ou des amours anciennes.
Le bonheur est
passé ou fuyant, jamais on ne le tient, si ce n'est, peut
être, grâce aux mots qui nous en parlent, aux sensations
qui nous le rappellent :
Ce bruit de sources incertaines
Ce bruit de sources dans la nu it
Vient me parler d'amours lointaines
Comme un grand songe évanoui
Parmi la ville des fontaines.
BIBLIOGRAPHIE La Muse française (déc.
1928), numéro spécial sur Phi lippe
Chabaneix qui fit connaitre cet auteur à un large public; A.
Bla n
chard et R.
Houdelot, Philippe Chabaneix.
Seghers, Paris, 1966;
M.
Déc audi n: les Poètes fantaisistes, Seghers, Paris, 1982.
A.
PREISS.
»
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