Devoir de Philosophie

« C’est un conditionnement psychologique que doit créer une ville » - Émile AILLAUD

Publié le 04/11/2016

Extrait du document

Ainsi telle construction permet de se sentir vivre, telle autre non. Donc le créateur doit savoir ménager aux habitants espaces, refuges personnels, verdure, lieu de rêves ou loisirs; les enfants doivent se sentir chez eux et trouver dans leur environnement matière à la liberté ludique et imaginative. 

Puissance de l’architecture - Émile AILLAUD, Désordre apparent, ordre caché.

croyait qu’elle apporterait le bonheur au genre humain, fait paraître de nos jours les méfaits de ses cités bétonnières et sans âmes par les stigmates que portent trop souvent les nerfs et les visages de nos contemporains. Il a fallu construire avec rapidité .d’énormes immeubles dont chacun seul abrite la population de tout un petit bourg d’autrefois. La lente métamorphose des mœurs et rythmes de vie qui apportait à l’habitat ses inventions, ses styles, ses modes, ses venelles sinueuses ou rues hétéroclites rassemblées autour des clochers, beffrois ou hôtels particuliers n’existe plus dans les grands ensembles, sortes d’expédients hâtivement conçus pour loger les foules qui déferlent vers les villes. Ainsi est né l’urbanisme, science toute neuve et. son état-major de techniciens, désirant avec les meilleures intentions du monde répondre aux besoins des hommes. Mais y parvient-il? « Parce que le machinisme a transformé nos modes de vie, sommes-nous condamnés à n’avoir droit qu’à des gestes fonctionnels dans des villes fonctionnelles? » (Jean Ache).

« d'abaisser.

Je les refais tout autrement, avec des courbes qui me plaisent autant.

Donc, vous le voyez bien, il m'importe avant tout de créer des événements, des situations architecturales.

( ..• ) Les murs forment les individus à leur image.

On ne se méfie pas assez de cette puissance occulte de l'architecture parce qu'elle est lente et insidieuse.

Elle oriente et, sournoisement, détermine.

Souvenez-vous de ce passage de l'Idiot (1) où le Prince Muicbkine cherche la maison Rogojine.

Il n'en connaît pas l'adresse, mais, avant d'avoir trouvé la plaque, il sait que c'est là.

Ce ne peut être que là.

Seule cette maison a pu faire un Rogojine, " car, dit-il, les combinaisons des lignes architectu­ rales ont leur sens secret ...

» L'urbanisme collectif, monotone et répétitif des grands ensembles a le pouvoir insidieux de détruire l'individu.

Il y a, au contraire, des lieux qui sont aptes à la patience, à l'attente, à la mélancolie.

Je pense à ces places faites de rien comme la place Furstenberg, qui sont des lieux m erveilleux d'ennui.

On peut s'y asseoir, les mains sur les genoux et attendre le soir.

Ce qui devrait être le fond de l'existence d'un quotidien difficile.

Attendre.

Vivre, en somme.

Il y a, à la Grande-Borne, à chaque détour d'un bâtiment, de ces places, de ces replis, où l'on sent que le quotidien peut s'écouler.

Dans un grand ensemble orthogonal et rigoureux, il ne peut que passer, s'enfuir.

Au pied de mes tours de Nanterre, j'ai voulu qu'existe un entour totalement montueux.

Des collines, des pavés de deux mètres de haut, plantées d'arbres -chaque habitant aura le sien correspondant à son appartement et dont il sera responsable - à travers lesquelles on pourra circuler,.

s'as­ seoir, sans voir les autres, et sans être vu.

Quand d'ici à trois ou quatre ans, tilleuls et marronniers auront poussé, on ne verra plus de sa fenêtre qu'un immense parasol de feuillage, sous lequel on pourra se promener, lire son journal ou ••.

ne rien faire.

Ce sont les paveurs eux-mêmes, qui ont appareillé, à leur idée, tous ces vieux pavés de récupération et en ont inventé les dessins.

Déjà les enfants des environs ont pris possession de ces collines qu'ils descendent à toute vitesse avec leurs bicyclettes, jeu d'autant plus amusant qu'il est difficile à pratiquer.

Il y a, au hasard de ces chemins creux, douze grosses tortues qui s'engagent un peu ( 1) roman de Dostolèvsky. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles