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C'est reposant la tragédie parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir et qu'on n'a plus qu'à crier

Publié le 09/01/2020

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crie le nom d’Électre (1,4). Électre, elle, est la « femme à histoires » (1,2), qui risque de réveiller dans les familles de vieux secrets enfouis, et « fait signe aux dieux » comme les poètes et les philosophes, au lieu de les laisser dormir (1,3).

Le destin est présenté comme une maladie contagieuse : « Croyez-vous qu’il soit transmissible ? », demande le président inquiet par la beauté de sa femme, qui, elle aussi, risque de « faire signe aux dieux ». Oui, répond Égisthe, mais le destin des Théocathoclès est moins menacé que celui des Atrides (1,3).

Même la ville d'Argos est menacée par le destin : attaquée sans raison et sans déclaration de guerre par la ville de Corinthe (11,7), elle est menacée de ruine si Électre n’accepte pas le mariage d'Égisthe et de Clytemnestre, qui ferait du régent un roi légitime et obéi. Or Électre ira jusqu'au bout de la vérité, Clytemnestre et Égisthe à la mort, et la ville à la ruine.

Dans quelle mesure cette célèbre définition de la tragégie s'applique-t-elle à l'Electre de Giraudoux ?

« d'avance que cela finira mal parce que le destin pèse sur l'action, tandis que l'espoir concerne les personnages.

La seule liberté qui leur reste est la parole, jusque là retenue ou enfouie, adressée à autrui ou à soi-même.

La raison ultime est d'ordre social : le drame met en scène des personnages de tous les jours, avec leurs difficultés de toutes sortes, la tragédie « est pour les rois », parce que les personnages tragiques sont dégagés des contingences matérielles.

Si l'on peut retrouver dans l'Électre de Giraudoux les traits pessimistes proposés par Anouilh tels que l'absence d'espoir, le langage réduit au cri, l'identification avec soi-même en tant que personne royale, ne peut-on aussi y percevoir une vision du monde plus ouverte sur l'avenir, plus souriante, plus tournée vers la communication ? 1.

Une vision pessimiste de la tragédie 1.

L'absence d'espoir Cette vision revient à faire peser sur les personnages la figure du destin, puissance aveugle qui pour les anciens était plus puissante que les dieux e~x-mêmes et gouvernait la vie humaine.

Or dès la scène I, 1, les crimes des Atrides sont évoqués en remontant loin dans le passé : Atrée, premier roi d'Argos, tua les enfants de son frère Thyeste et les lui donna à manger ; Cassandre , la concubine troyenne d'Agarnemnon a été assassinée au retour du roi ; celui -ci est mort aussi, ayant glissé, paraît-il, dans sa piscine.

Égisthe, le régent avec la reine Clytemnestre, le dit en d'autres termes : « les Atrides sont une famille trop visible aux dieux » ; c'est pour cela qu'il veut marier Électre, la fille du roi décédé, dans une famille « invisible aux dieux » (1,3).

Électre, justement, sent obscurément ce destin peser sur sa famille ; enfant martyre, elle n'a reçu qu'un seul baiser dan sa vie, selon les Euménides, celui d'Oreste petit (1,1); elle déteste sa mère sans en savoir la cause, a été conçue par elle sans plaisir,(II,5) , se dispute sans cesse avec elle (1,4, 11,5) ; «somnambule en plein jour» selon Égisthe (I,4), elle se déclare «veuve de son père» (l,4) qu'elle a attendu dix ans : «Le seul bonheur que j'ai connu en ce monde est l'attente .

» Tout le monde a peur dans cette famille : Clytemnestre dans la «récitation» des Euménides (I,l), Égisthe, qui sursaute quand le mendiant. »

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