Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie. Racine
Publié le 19/03/2020
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« La catastrophe de cette pièce est peut-être un peu trop sanglante. En effet, il n’y paraît presque pas un acteur [personnage] qui ne meure à la fin. Mais c’est la Thébaïde. C’est-à-dire le sujet le plus tragique de l’antiquité. »
« Ce n’est pas tout : je veux, en ce moment funeste, Par un dernier effort couronner tout le reste : Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus. Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus. » (acte V, scène 7, v. 1491 à 1494)
« Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie : il suffît que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. »
«
350 / TRAGÉDIE (et dénouement) • 46
« Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des
morts dans une tragédie: il suffit que l'action en soit
grande, que les acteurs en soient héroïques, que les
passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de
cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la
tragédie.»
► Dans son œuvre tragique, Racine ne s'est nullement
abstenu de préparer des dénouements sanglants.
Ainsi, sa
première tragédie, La Thébaïde ou
les Frères ennemis
(1664), faisant revivre l'atroce rivalité d'Etéocle
et de
Polynice que lui fournissait la légende grecque, se termi
nait
par un nombre appréciable de morts, au point que
Racine s'en était lui-même excusé dans la Préface de cette
pièce:
« La catastrophe de cette pièce est peut-être un peu trop
sanglante.
En effet, il n'y paraît presque pas un acteur
[personnage] qui ne meure à la fin.
Mais c'est la Thé
baïde.
C'est-à-dire le sujet le plus tragique de l'anti
quité.»
Si, effectivement, dans Bérénice, nul ne meurt, il n'en est
pas de même dans Bajazet (1672), représenté deux ans
plus tard.
Précisément, le lieu de l'action, la Turquie du
XVIIe siècle, baigne dans l'atmosphère orientale du sérail
et se prête à l'évocation d'une certaine cruauté, celle dont
fait preuve, par exemple, la sultane Roxane.
Sans exclure
Orcan, homme de main du sultan ,
ni d'autres partisans
du sultan, le dénouement présente ce que Madame de
Sévigné a appelé
« la grande tuerie» : Roxane, Bajazet·
Atalie, tous les protagonistes meurent.
La déclaration de Racine précitée concernant le dénoue
ment «heureux» de sa tragédie, Bérénice, atteste qu'il est
possible,
à une époque où les grandes règles du théâtre
classique s'imposent impérieusement aux auteurs, de faire
représenter des tragédies dont le dénouement ne conclue
pas forcément la pièçe par un bain de sang.
Racine aurait pu,
à la rigueur, appeler sa tragédie une
tragi-comédie, qui n'est qu'une tragédie
à fin heureuse.
Ce genre avait été fort
en vogue jusque vers 1640 (fin du.
»
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