CC la femme gelée
Publié le 25/04/2024
Extrait du document
«
1ère B
Annie Ernaux est une écrivaine et professeure de lettres modernes du XXème
siècle née en Seine Maritime en 1940.
Son oeuvre à caractère autobiographique
porte sur la condition des femmes de son époque.
Dans cet extrait tiré de « la
femme gelée », publié en 1981, la narratrice aborde sa vie de jeune lle et son
mariage dans les année 60.
Le texte dont il est question re ète les interrogations
d’une femme sur son union à venir, les renoncements et les compromis à trouver
mais surtout la dépossession d’elle même qui en découle.
Quels sont les rapports homme, femme de cette époque et comment la femme
peut s’émanciper d’un schéma bien ancré?
Telles sont les questions que nous aborderons en étudiant dans un premier temps
le renoncement, les craintes et la transformation a venir.
Par la suite nous verrons les arti ces et les compromis qu’utilise l’héroïne pour
surmonter les épreuves du changement.
L’écrivaine écrit cet extrait quelques semaines avant son mariage.
C’est en
femme libre qu’elle se con e.
Les verbes de mouvement, d’action « je travaille »,
« je sors », « je traverse » renforce ce sentiment de liberté.
L’utilisation et la
répétition du pronom personnel « je » rythme les actions de cette femme encore
libre et insouciante.
Dans sa façon d’écrire elle utilise un vocabulaire descriptif qui
donne une sensation de bien être « il fait doux », « les cygnes du bassin ont
reparu ».
Elle utilise aussi des repères spatio temporels comme « Rouen », « le
square Verdrel », « un jour », « ce soir », « six heures du soir » ceci nous indique
une situation réelle et permet de situer la scène d’une manière romancée.
Cette plénitude est rapidement interrompue par une prise de conscience brutale,
« et d’un seul coup j’ai conscience », « toutes sortes d’images me traversent ».
Les peurs et les appréhensions de la vie de couple à venir prennent le dessus, la
submerge « je vais perdre ma solitude », « une vie pas drôle nalement ».
L’auteure
prend conscience de la n de sa liberté individuelle et du renoncement implicite
qu’elle s’apprête à faire.
Elle s’imagine perdre son autonomie en se mariant, sans
retour en arrière possible « dernières semaines libre d’aller où je veux ».
Néanmoins, elle est torturée par la culpabilité de la di culté à s’engager.
On le voit
avec les expressions « je refoule », « j’ai honte » .
Elle se dé nie comme
« égocentrique », « personne mal élevée au fond ».
Elle se dévalorise, elle s’interdit de penser ainsi et d’appréhender les futures
taches ménagères « vie rythmée par les achats, la cuisine ».
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D’autre part, elle questionne de manière plus insidieuse la répartition des
rôles et des responsabilités au sein du couple, « je n’y arriverai jamais », « pourquoi
n’est-il pas venu avec moi au supermarché? »
La répartition équitable des taches ménagères n’est pas posée et lui incombe
dans leur intégralité.
Son ancé quant à lui ne se sent pas concerné , il s’exclut de
fait « il a du travail », « il est fatigué », « il était entrain d’écouter de la musique».
De plus, on sent le fardeau des reproches au retour des courses.
L’allitération en T qui est dure « tu t’es fait entuber » renforce ce sentiment
d’agressivité et sonne comme une brimade aussi cassante que grossière.
L’introduction du discours direct à ce moment renforce une impression de violence
qui souligne ainsi la sou rance et la dévalorisation ressentie à cet instant.
Le poids du quotidien est accentué par le champ lexical de la nourriture « des
biftecks , des oeufs, de la soupe en sachet, des concombres, des frites, de la
mousse au chocolat ,….».
Cette énumération donne également un sentiment
d’accumulation et d’étou ement.
On peut en déduire que le manque d’attrait de
l’écrivaine pour la nourriture et le fait de préparer à manger se révèle pour elle être
une corvée.
Ce qui est d’ailleurs con rmé avec l’a rmation “je suis au bord des
larmes devant toute cette bou e qui ne m’inspire rien ».
Le langage familier
habituellement propre au langage oral et contraire à sa culture littéraire,
« biftecks », « gamin », « restau » et « bou e » met en évidence la banalité de son
quotidien et le manque de considération de son ancé.
Elle s’en trouve ainsi avilie.
On peut dire qu’à cet instant la métaphore du titre « la femme gelée » prend tout
son sens.
La vie à laquelle elle aspirait, ses idéaux, s’éloignent avec l’acceptation
implicite des corvées ménagères.
Dans cette première partie, l’idée du couple est mise à mal.
L’utilisation des
pronoms personnels « je » et « il » au détriment du « nous » illustre....
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