Candide, Voltaire, 1759 Les cibles et les procédés de Voltaire dans Candide
Publié le 20/02/2012
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Les cibles dans Candide

«
infernal.
Reste d’un monde barbare entretenu par les rois, sa prétendue noblesse est comme
l ’harmonie du champ de bataille « telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » (III).
Au chapitre XIX,
l’esclavage est condamné par la figure du malheureux nègre de Surinam, atrocement mutilé par la
stricte application du « code noir ».
Etendu à terre, pauvrement vêtu et privé de sa langue maternelle,
le noir décrit sa condition avec une résignation inhumaine.
L’effet produit est d’autant plus fort que
Candide et Cacambo rencontrent ce personnage à leur sortie de l’Eldorado, utopie de tolérance et de
liberté.
La parodie des genres littéraires à la mode
La parodie est omniprésente dans le conte.
Volt aire se sert de genres à la mode pour exprimer le plus
efficacement ses idées.
Deux catégories littéraires sont particulièrement parodiées : le conte et le
roman sentimental.
Le conte
Les caractéristiques du conte sont observées tout en étant poussées à l ’extrême.
Le monde initial du
château rappelle l’univers des contes de fées.
L’élément perturbateur que constitue le baiser échangé
avec Cunégonde pousse le héros à chercher un rétablissement de sa situation initiale.
S’adjoint alors
le genre du roman d’éducation, puisque Candide évolue grâce à la multitude d’épreuves qu’il traverse.
Il comprend mieux le monde et acquiert une autonomie.
Ainsi, la métairie semble correspondre à
l’idéal auquel parvient le héros après de multiples tribulations.
Ayant tout perdu, il finit plus heureux
encore qu’au début : en plus d’avoir retrouvé celle qu’il a aimée, il acquiert une quiétude et une forme
de bonheur.
Mais à la différence du conte traditionnel, les péripéties sont volontairement
i nvraisemblables et exagérées.
L’am our de Cunégonde se transforme en pitié et le bonheur se réduit
à manger « des cédrats confits et des pistaches ».
Cette fin n’a rien de commun avec l’épilogue des
contes, qui offre au héros de nombreux enfants, la richesse, la royauté ou d’autres caractèr es propres
à faire rêver.
Candide est rendu au monde avec une réalité froide à appréhender.
Lui qui n’a pas été
capable de se satisfaire de l’Eldorado (XVIII) parvient à une vie certes sage, mais finalement modeste.
Le merveilleux du conte s’abîme alors dans une série de déceptions poussant le lecteur à remettre en
question ses propres illusions.
Le roman sentimental
Le roman sentimental est également tourné en dérision.
Cunégonde est l’objet du désir qui pousse
Candide à tuer, à fuir et à quitter l’Eldora do.
Toujours tourné vers cet amour inaccessible, il ne voit
qu’elle, en partie sans doute car la fille du baron est la seule femme de son âge en sa présence.
T oujours mû par le désir de la retrouver, il est déçu à la fin de sa quête, car il la découvre vie illie et
acariâtre.
L’a- t- elle toujours été ou bien cette évolution est -elle le fruit des horreurs subies ? Peu
i mporte, Candide comprend l’illusion de l’amour adolescent et perçoit alors la vanité de sa quête.
Par
cette morale à l’encontre des romans sent imentaux, Voltaire s’amuse à détruire les rêves qui éloignent
du réel.
Un style à l’efficacité implacable
Le style de Candide a assuré à Voltaire une place dans les mémoires de tous les élèves du
secondaire.
Près de 250 ans après sa parution, et en dépit des profondes transformations du monde,
ce conte continue de marquer les esprits bien au- delà de ce qu’il paraît être : le témoignage d’une
époque finissante.
C’est que l’antiphrase, la satire, la parodie, la froideur et l’emploi systématique
du décalage sont aujourd’hui encore d’une efficacité remarquable.
L’antiphrase
L’antiphrase consiste à suggérer une pensée en formulant l’idée contraire.
Par là, elle sert l’ironie
omniprésente dans le conte.
Son emploi permet à Voltaire de suggérer la distance entre une illusion
et le réel ou de sous -entendre une logique effrayante.
Dès
le premier chapitre, le lecteur comprend
par antiphrase la très relative richesse du baron, la relation de Pangloss avec la petite servante ou
encore la véritable origine de Candide.
Les différentes cibles étudiées précédemment ne sont pas
jugées de manière explicite, mais leurs méfaits sont montrés et les conclusions s’imposent d’elles -
mêmes.
Procédé plus efficace qu’une condamnation ouverte et argumentée, l’antiphrase se prête
merveil leusement à l’esprit d’un conte où le héros, par sa candeur, découvre avec des yeux étrangers
le monde et ses horreurs.
La satire
La satire atteint une efficacité remarquable dans les portraits qui sont faits de l’aristocratie et de
certaines conduites intolérantes, cruelles.
Ainsi, au chapitre XXII, les malversations et la corruption
d’un officier de police brossent un portrait effrayant de la justice française..
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