Candide est-il un homme libre ?

« découvrir le monde l'entourant.

Ses seuls repères sont donc ce magnifique château, magnifique car c'est le seul qu'il connaisse etl'idéologie pertinente et juste de Pangloss selon quoi tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes car c'est la seule qu'il aitentendu.

Il est donc rattaché à un monde qui n'a que des liens très fins avec la réalité et n'a pas le choix, la possibilité ou même lacapacité de s'en rendre compte.

Il est contraint de croire et de voir ce que l'on veut bien lui dire et ce que l'on veut bien lui montrer.Or l'éducation est la voie vers la liberté.

Candide n'a donc pas la possibilité de devenir libre.

Il n'a pas reçu une éducation luilaissant la liberté de juger le monde qui l'entoure car celui-là est trop différent de celui qu'on lui a enseigné.

Même au début de sonvoyage, après qu'il se soit fait chassé du château, il n'arrive pas à distinguer la réalité et se base toujours sur une idéologie fausseou du moins erronée.

Par exemple quand Pangloss, en hollande lui annonce la mort de Cunégonde Candide se réfère toujours àl'idéologie de Pangloss qui le guide dans sa vie : « Cunégonde est morte ! Ah ! Meilleur des mondes, où êtes-vous ? ».

De plusCandide comme l'indique son nom est d'abord un être Candide, de Candidus en latin qui signifie blanc.

Par là Voltaire a peut êtrevoulu symboliser la pureté mais surtout la naïveté du personnage.

En effet Candide est aussi mené par sa naïveté.

Tout d'abord ilcroit tout ce qu'on lui dit et ne se méfie donc de personne puisque tout est censé être le mieux dans le meilleur des mondes.

Quandil veut embarquer pour Venise par exemple il laisse ses moutons chargés de pierre précieuse et d'or se faire embarquer d'abord etse fait abandonner par le capitaine trop heureux d'avoir berné Candide et récupéré tout son argent.

Sa vie est donc organisée selonles autres puisque lui croit tout le monde.

Il n'a donc aucune liberté de prendre de la distance par rapport aux gens, aux choses,… Ensuite bien que l'argent lui permette d'être libre dans ses mouvements, il ne le rend pas libre en réalité.

En effet la société estdevenue pervertie par l'idée de l'argent.

Tout tourne donc par l'argent, à cause de l'argent et pour l'argent.

En étant riche, Candides'emprisonne donc dans cette société où l'argent est la valeur la plus sûre et la plus importante.

A partir du moment où Candidepart de l'Eldorado en emmenant pierres précieuses, or et argent il utilise cette argent pour arriver à ses fins.

Il paye donc quelqu'unpour lui tenir compagnie lors de son voyage vers l'Europe.

Arrivé à Paris, lorsqu'il tombe malade le meilleur médecin lui ait fourni àcause de son argent,… Ainsi sans son argent il n'est rien et il est donc prisonnier de sa propre possession.

L'argent prédomine doncdans les relations humaines et empêche les véritables et libres sentiments.

De plus, le thème de l'autorité est aussi très présent dans Candide, ou l'Optimisme.

En effet l'autorité est un autre aspect quirestreint la liberté d'une personne en lui imposant des contraintes qui peuvent se baser sur la justice, la religion mais aussi lamorale qui est une forme de contrainte.

On retrouve donc tout d'abord l'autorité politique qui est très présente dans le texte est quiest à l'origine du voyage de Candide.

En effet Candide est chassé de sa terre natale par le baron.

Or le baron est le seul maître deslieux, personne ne peut donc le contester.

Cette autorité continue à se sentir tout au long du conte même si le baron meurt.

Le frèrede Cunégonde, le nouveau baron donc, essaye d'empêcher Candide de vouloir épouser sa sœur en lui faisant comprendre qu'il n'ena pas le droit.

Même si cette autorité n'a aucun effet sur Candide elle fait tout de même partie d'une des contraintes de ce dernier.

La justice est un autre élément qui nuit à la liberté de Candide.

En effet la justice est toujours présente.

Après avoir tué le grandInquisiteur il est poursuivi par celle-ci et il est donc forcé de fuir.

Ensuite lorsqu'il se fait volé ses moutons, il va voir un jugehollandais cependant celui-ci « commença par lui faire payer dix mille piastres pour le bruit qu'il avait fait; ensuite il l'écoutapatiemment, lui promit d'examiner son affaire sitôt que le marchand serait revenu, et se fit payer dix mille autres piastres pour lesfrais de l'audience.

Ce procédé acheva de désespérer Candide; il avait à la vérité essuyé des malheurs mille fois plus douloureux;mais le sang-froid du juge, et celui du patron dont il était volé, alluma sa bile, et le plongea dans une noire mélancolie Laméchanceté des hommes se présentait à son esprit dans toute sa laideur ».

Sans l'action de la justice Candide ne peut donc rien.Tout repose sur la justice, Candide ne connait rien d'autre que cela et n'est donc pas libre d'agir autrement.

En outre, l'autoritéreligieuse contribue elle aussi à une autre contrainte.

En effet on s'en rend compte assez tôt : après avoir échappé de peu à lanoyade dans leur bateau Pangloss et Candide arrive à Lisbonne au moment où survient un immense tremblement de terre quiravage famille, maison,… L'église décide alors d'organiser un autodafé pour empêcher et prévenir les tremblements de terre àvenir.

Le grand Inquisiteur décida donc de faire fesser Candide et de pendre Pangloss.

Et c'est ce que l'on fit, même s'ils étaientinnocents, parce que l'Eglise en avait décidé ainsi.

L'autorité de celle-ci est donc très présente dans l'esprit et la vie des gens à cetteépoque là créant ainsi une nouvelle contrainte empêchant une liberté complète de Candide.

On retrouve aussi l'idée d'unecontrainte morale dans Candide, ou l'Optimisme.

En effet à la fin même si Candide n'aime plus Cunégonde parce qu'elle estdevenue laide, il l'épouse par « bonté ».

C'est donc simplement une contrainte morale qui l'empêche de faire ce qu'il voulaitréellement, c'est-à-dire ne pas épouser Cunégonde.

Finalement Candide n'est pas réellement un homme libre pour une raison majeure : ses actes sont dirigés par la quête de l'amour.Retrouver et vivre avec Cunégonde, voilà l'unique but de Candide.

Tout est fait en sorte pour qu'il retrouve sa bien aimée.

Ilparcourt tous les pays du monde, ou presque pour accomplir ce but.

Son destin est donc scellé par cet amour.

Chaque déplacementde Candide est fait par amour.

Par exemple, au pays d'Eldorado quand le chef lui propose de rester éternellement celui-ci refusecar il doit aller chercher Cunégonde.

« Il est vrai, mon ami, encore une fois, que le château où je suis né ne vaut pas le pays oùnous sommes; mais enfin mademoiselle Cunégonde n'y est pas».

Ainsi Candide n'est donc pas un homme libre : plein de contraintes l'entourent et il ne peut se défaire de toutes ces contraintes.

Ilexiste des choses que l'homme ne peut pas surpasser et celles-ci en font partie.

Candide par son éducation, sa richesse, l'autoritéreligieuse et politique l'entourant se rend donc prisonnier de sa société et de son temps.

Même si d'un premier point de vue l'on croit que Candide est un homme libre, au fond il ne l'est pas.

« Quand on se suffit à soimême, on arrive à posséder ce bien inestimable qu'est la liberté.

» dit Epictète.

Or il n'existe sur terre aucun homme qui se suffise àlui-même.

Tout homme a besoin d'une communication, qu'elle soit divine ou simplement à travers des relations humaine.

La libertéabsolue n'existe donc pas, elle reste un idéal inatteignable.

Ainsi à la fin, Candide demande à sortir du paradis terrestre : l'utopien'est pas faite pour l'homme ; l'idéal, et donc la liberté, non plus.

Voltaire, philosophe des lumières, revendique par conséquence la liberté de conscience cependant l'on pourrait le comparer à sonpersonnage Candide au point de vue de la liberté ainsi que son conte.

En effet même si il a put publier Candide, ou l'Optimismesans être censuré, il a lui aussi subit des contraintes, auxquelles il s'est plié le rendant un homme non libre, prisonnier de sonépoque et de sa société.

En effet il a été d'obligé de publier son œuvre sous un nom anonyme pour éviter toute sorte dereprésailles.

De même pour faire passer son message sur l'optimisme et le pessimisme il a été obligé d'utiliser une forme implicite :le conte philosophique basé sur l'ironie et la satire.

Il n'exprime donc pas directement son point de vue, ses critiques des nobles, del'autorité et de la religion ; il utilise un moyen contourné et se soumet ainsi au même sort que son personnage.

Ainsi aucun hommeappartenant à une communauté ou même aucun homme tout court ne peut être entièrement libre.. »