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Camus, L' ÉTRANGER, Le Personnage de Meursault

Publié le 27/09/2018

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Camus n’a pas doté son personnage principal d’un prénom. De même, il s’est gardé de nous parler de son passé, de ses espoirs pour l’avenir, etc. Pourquoi? Pourquoi écrire un roman sur une personne dont on refuse de faire découvrir la personnalité, les pensées et les motivations aux lecteurs? Peut-être pour décentraliser l’histoire de cet individu, afin de laisser aux personnes qui lisent le livre voir le réel motif, le message de l’œuvre. Mais même à la fin du roman, on ne sait que penser de lui.

 

Le cheminement de Meursault vers la découverte de l’absurde

 

Initialement, Meursault vivait la routine de la vie, la répétitivité des choses, il vivait en étant indifférent au monde et en jouissant des sensations élémentaires. Il ne se faisait pas d’allusions sur les valeurs comme la mort, le mariage, l’honnêteté. Au fond, il se comportait comme si la vie n’avait pas de sens, comme s’il n’y avait pas de références. Il n’avait pas pris conscience de l’absurde.

Meursault découvre l’absurdité lors du procès. Au fond, il découvre le lot de tout homme, c’est-à-dire qu’il est condamné à mort. Cette réflexion intervient après le rejet violent par Meursault de la religion et après le rejet d’un espoir chimérique. Or Camus face à ce non-sens du monde refuse un certain nombre de réponses comme l’hypothèse religieuse qui consiste en l’idée que l’homme est voulu et guidé par Dieu et que tous les actes ont un sens pour la vie éternelle. Meursault, comme Camus, rejette cette hypothèse. Il est habité par la certitude que la mort signe le non-sens de la vie. Il est face à face avec son destin et il se rend compte qu’il n’a plus d’espoir. Cette certitude souligne «cette confrontation entre l’appel humain (le désir de vie) et le silence déraisonnable du monde (ce que Meursault appelle «la tendre indifférence du monde»)». Selon Meursault, cette confrontation constitue l’absurde. Le monde ne répond pas au sens de la présence de l’homme qui reste un mystère.

Nous sommes tous appelés à mourir. Les dernières pages du roman nous montrent que le héros n’a plus d’espoir : «je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde». Meursault a perdu toute illusion concernant la vie. La fin du roman est paradoxale. Le fruit de l’absurde est cette solitude.

Meursault ne parle pas parce qu’il se révèle : il est incapable d’exprimer par la parole ce qu’il est véritablement. L’exemple de l’article de journal que Meursault trouve dans sa cellule est révélateur : l’homme n’a pas dit qui il était, il ressemble à Meursault, et cela fausse les rapports humains. La société veut que l’on parle et condamne Meursault parce qu’il se tait. Dans ce monde, il faut parler pour se faire entendre même si la parole est ambiguë. Celui qui refuse un langage convenu est condamné.

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« Peu après, Meursault revient seul vers la plage.

Il a en poche le revolver que Raymond lui a confié après la bagarre, quand ils ont vu une première fois leurs agresseurs.

L’un d’eux tire son couteau et menace Meursault.

Le héros est écrasé par le soleil, la chaleur, la lumière.

Sans avoir vraiment conscience de son geste, il abat l’Arabe d’une balle, puis, il tire encore «quatre fois sur un corps inerte».

Il a tué un Arabe qu’il ne connaissait même pas et sans avoir de motif sérieux.

Ce qui est bizarre est le fait que Meursault a accompagné Sintès pour prévenir un acte irréfléchi.

C’est à ce moment qu’intervient la fatalité qui tend un piège à Meursault.

Quand il tue l’Arabe il a l’impression qu’il a détruit «l’équilibre du jour».Meursault est arrêté et son procès s’organise.

Il y assiste comme s’il s’agissait d’un spectacle et il ne fait rien pour sauver sa vie.

Son avocat a beau lui expliquer que «l’insensibilité» dont il a fait preuve à l’enterrement de sa mère sera un argument déterminant contre lui, il ne comprend pas.

Ce qui le condamne avant tout c’est son attitude d’«étranger». Meursault commence à prendre conscience de ce qui se passe, quand les témoins se mettent à décrire son indifférence lors de la veillée funèbre et de l’enterrement de sa mère.

Les jurés semblent avoir pris leur décision quand ils apprennent qu’il a emmené Marie au cinéma le lendemain de l’enterrement. Au début, Meursault est emprisonné avec d’autres prisonniers, mais très vite il s’isole et finit par occuper une cellule à part.

C’est là où il comprend que le monde extérieur s’efface et il se penche sur son passé.

A partir de ce moment-là sa métamorphose commence car c’est en prison qu’il découvre la liberté et la puissance de l’esprit. Même si Camus a mis son héros en légitime défense, le meurtre qu’il a commis est un mystère. Meursault est condamné à mort pour «avoir enterré une mère avec un cœur de criminel».

Il n’a pas d’explication de cet acte «mécanique».

Cependant, il commence à réfléchir et à comprendre, à partir du moment où il a commis cet acte : «J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour». Dans sa prison, Meursault vit avec son passé.

Il regrette de ne pas avoir profité des moments de bonheur et de liberté.

Son amour pour Marie renaît, il pense à sa mère, il jouit du présent.

Les tentatives de l’aumônier pour «racheter» Meursault sont pour lui incompréhensibles et il se met en colère, chassant l’aumônier hors de la cellule en lui criant que tout se vaut, que rien n’a d’importance, que culpabilité et innocence sont également universelles. Resté seul dans sa cellule, Meursault ressent «la tendre indifférence du monde» et souhaite que, le jour de son exécution, la foule l’accueille avec des cris de haine.

Car, puisque la société l’a jugé criminel, il faut, pour qu’il soit «justifié», qu’on le traite totalement, pleinement en criminel, haïssable et rejeté.

C’est à ce prix qu’il pourra trouver une sorte de cohérence interne. Meursault se montre un être franc et sincère.

Il a horreur du mensonge et de l’hypocrisie.

Nous ne devons jamais oublier les paroles de Camus : «L’Étranger est l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité».

C’est d’ailleurs l’avis de P.

-G.

Castex pour qui Meursault est un «martyr de la vérité» parce qu’il «ne joue pas le jeu» social.

Cela suffit pour que la société prenne la décision de l’éliminer.

Meursault constate vers la fin de l’œuvre : «Je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde». A la fin du roman, le lecteur se pose des questions capitales, des questions qui demandent une réponse : Meursault est -il un personnage raté, asocial, dépourvu de passions? Cela apparaît quelque peu vrai. »

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