Caligula (Camus) Commentaire composé : Acte IV, scène 14 (Dénouement)
Publié le 21/10/2012
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Travaux d'écriture : Sujet 1 : commentaire de texte : Introduction : Caligula, drame en quatre actes d'Albert Camus publié en 1944, s'inspire assez fidèlement du destin dément du jeune empereur romain assassiné en 41 après Jésus-Christ et d'anecdotes authentiques évoquées par l'historien latin Suétone. Mais l'auteur en fait un héros de l'absurde, aux côtés de Sisyphe, de Meursault, de l'Étranger et de Jan, victime du Malentendu, pour constituer ce qu'il a appelé « le cycle de l'absurde «. À la mort de sa soeur et maîtresse Drusilla, Caligula a pris conscience que « Les hommes meurent et ne sont pas heureux « et veut aller jusqu'au bout de sa révolte contre cette vérité de la condition humaine qu'il entend enseigner aux autres, en tentant de se substituer au destin absurde. Par les humiliations infligées aux patriciens, les meurtres gratuits, il a réussi à provoquer une révolte contre lui-même, contre l'absurde qu'il incarne. Il n'a rien fait pour empêcher le complot d'assassinat qui se trame contre lui, parce qu'il a aussi pris conscience que « tuer n'est pas la solution «. Il reconnaît l'échec de son programme, de son règne. Cette prise de conscience annonce et justifie la scène finale de la pièce, c'est-à-dire le dénouement : il ne lui reste plus qu'à jouer le dernier acte de cette tragédie qu'il a lui-même montée. Caligula est d'abord seul en scène devant son miroir, il se lance dans un long monologue, ou plutôt dialogue avec lui-même, dans une longue tirade qui occupe les deux tiers de la scène. Il y fait le bilan désespéré de son action, puis il s'offre aux coups des conjurés qui surgissent et on assiste sur scène à la mort de Caligula et de son fidèle confident, Hélicon. Nous étudierons tout d'abord le face-à-face de Caligula avec lui-même qui lui permet de faire le bilan de son action puis nous nous attacherons à la dimension tragique et spectaculaire de la mort de Caligula, héros de l'absurde. Le face-à-face de Caligula avec lui-même : le bilan de son action : Caligula, seul face au miroir : situation symbolique et révélatrice : « Il tourne sur lui-même, hagard, va vers le miroir. « Cette situation est d'abord révélatrice de sa solitude puisqu'il a fait le vide autour de lui et que, faute d'avoir quelqu'un vers qui aller, à qui parler, il se tourne vers son miroir. Les didascalies, comme ses paroles, le soulignent bien : « il recule un peu, revient vers le miroir « de même que les jeux de scène qu'il effectue face au miroir comme s'il était face à quelqu'un : « il tend les mains vers le miroir «, « je tends mes mains et c'est toi que je rencontre «. De fait, bien sûr, le miroir ne fait que lui renvoyer son image, c'est donc un face-à-face avec lui-même qu'il lui offre, qui va permettre un retour sur soi pour faire le point sur son action. Et c'est un faux monologu...
«
bien : « il recule un peu, revient vers le miroir » de même que les jeux de sc ène qu'il effectue
face au miroir comme s'il
était face à quelqu'un : « il tend les mains vers le miroir », « je
tends mes mains et c'est toi que je rencontre ». De fait, bien s
ûr, le miroir ne fait que lui
renvoyer son image, c'est donc un face
àface avec luim ême qu'il lui offre, qui va permettre
un retour sur soi pour faire le point sur son action. Et c'est un faux monologue qui s'engage,
puisque le d
édoublement autorise un dialogue, Caligula va se parler à luim ême, s'interpeller
comme le montre l'alternance des pronoms de premi
ère et de deuxi ème personne du
singulier : « Je sais pourtant, et tu le sais aussi. »
2. La libre expression des sentiments face
à une mort attendue :
Tout d'abord, Caligula exprime sa peur, il reconna
ît simplement en entendant « des bruits
d'armes », « j'ai peur » et, tout aussit
ôt, le d égo ût que cela lui inspire : « Quel d égo ût, apr ès
avoir m
épris é les autres, de se sentir la m ême l âchet é dans l' âme. » Lui qui a m épris é pour
leur l
âchet é ceux qu'il a condamn és à mort, retrouve cette m ême l âchet é en lui, il ne vaut
pas mieux. Derri
ère le justicier qu'il a voulu être vis àvis des autres, c'est l'humain qui se
r
évèle avec toutes ses faiblesses, il n'est qu'un homme parmi les autres. Il s'ensuit un
abandon plus facile
à la mort qui l'attend puisqu'elle mettra fin à tout : « Mais cela ne fait
rien. La peur non plus ne dure pas. Je vais retrouver ce grand vide o
ù le cœur s'apaise. »
On peut noter ici la p
ériphrase qu'il utilise pour d ésigner la mort et qui est aveu de son
ath
éisme. Pas d'espoir de survie, de vie meilleure dans un audel à, c'est le « grand vide »,
le n
éant qui l'attend. Ce n éant au moins lui apportera l'apaisement esp éré. Il semble pr êt à
retrouver cette paix qu'il semble d
éjà go ûter un peu, comme le souligne la didascalie qui suit
: « Il semble plus calme. »
3.
Face au miroir, le bilan n
égatif :
Caligula reconna
ît son erreur dans sa qu ête de l'impossible, dans son exigence d'absolu
symbolis
é par la lune. Il revient de mani ère insistante d'ailleurs sur sa qu ête pressante et
insens
ée : « L'impossible ! Je l'ai cherch é aux limites du monde, aux confins de moim ême.
J'ai tendu mes mains (criant :) je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours toi
en face de moi. » La mise en relief en t
ête de la phrase du mot impossible et la ponctuation
exclamative le soulignent, tout en rappelant, avec l'emploi du pass
é compos é, que cette
qu
ête appartient au pass é et qu'elle ne peut être que vou ée à l'échec. La gradation
descendante que marque le r
étrécissement de l'espace, du monde à luim ême, à ce pauvre
reflet que lui renvoie son image pleine de haine exprime assez bien l'amenuisement,
l'an
éantissement de ses r êves. C'est d'ailleurs un appel d ésesp éré et vain qu'il lance une
derni
ère fois à son confident H élicon, qu'il a charg é de lui rapporter la lune. La r éponse à cet
appel, avec la r
épétition de la n égation absolue « rien », le marque bien. Il sait d ésormais
qu'il n'aura jamais la lune, « H
élicon ne viendra pas… » Ce face àface avec luim ême lui
permet cependant d'analyser les raisons de son
échec : « Tout a l'air si compliqu é. Tout est .
»
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