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CALAFERTE Louis : sa vie et son oeuvre

Publié le 20/11/2018

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CALAFERTE Louis (né en 1928). Né à Turin, Louis Calaferte n’a guère quitté Lyon, où sa famille s’était installée peu après sa naissance. Enfant, il y connut l’univers de la « zone » et du bidonville; puis, de 1942 à 1946, il y exerça divers emplois de manœuvre et de manutentionnaire, tout en commençant parallèlement une formation d’autodidacte. Dès lors, la passion de la lecture et de l’écriture n’a plus laissé de l’occuper et, malgré de continuelles difficultés financières, il s’est, depuis 1952, uniquement consacré à la création littéraire. Ses premiers ouvrages {Requiem des innocents, 1952; Partage des vivants, 1953), qui transposent dans le

« roman l'expérience misérable de son enfance, lui ont valu l'attention des critiques.

Ensuite, après une pause de dix ans, Calaferte n'a plus cessé de publier.

É crivain fécond, il aborde tous les genres de la littéra­ ture, du théâtre au roman, du poème aux mémoires.

Mais c'est l'autobiographie qui catalyse son œuvre ( « Mon travail littéraire n'est qu'un journal déguisé», Lignes intérieures, 1985).

Ses récits sont menés par une subjec­ tivité excessive et délirante : insectes rongeurs, puis­ sance de la nuit, vision omniprésente du sang qui coule, obsessions sexuelles placent le narrateur au centre d'un conflit mystique insoluble entre l'appétit de jouissance et les pulsions de morl.

Lieu scandaleux, dérisoire et tragique -« Chaque mot écrit est une tombe ouverte » (Septentrion, 1963) -, le texte joue alors pour le Moi un rôle cathartique décisif, l'entraînant par ses excès au-delà de l'angoisse.

La singularité de cette écriture relève cependant moins des thèses existentielles qui s'y déploient que d'une étonnante synthèse des pratiques littéraires les plus diverses.

Certes, de facture plus sim­ ple que les récits, le théâtre de Calaferte révèle parfois nettement ses références implicites : 1' angoisse de per­ sonnages perpétuellement en attente (Chez les Titch, Trafic, les Miettes, éd.

en 1980) fait songer à Beckett, et la progressive dérive du logos absurde de Mégaphonie ( 1972) rappelle la Cantatrice chauve.

Mais les romans, qui allient curieusement le trait moraliste d'un Chamfort ou d'un La Rochefoucauld, Je style lapidaire d'un Sten­ dhal -que Calaferte rend omniprésent dans ses Carnets - à la parole éclatée du Rimbaud des Illuminations, voire aux ruptures syntaxiques d'un Céline, ou aux créa­ tions sémantiques d'un Michaux, constituent un apport original à l'écriture contemporaine.

De la sorte, Calaferte a, depuis Septentrion, élaboré un tissu narratif extrêmement souple, unissant le flux lyrique et l'aphorisme abrupt (Paraphe, 1974) en un texte souvent fragmentaire et elliptique (Portrait de l'en­ fant, 1969; Limitrophe, 1972; Épisode de la vie des man­ tes religieuses, 1976; Memento mori, 1988; le Spectateur immobile, 1990; la Mécanique des femmes, 1992; Droit de cité, 1992).

qui escamote la linéarité et tout ce qui suscite à l'excès l'« effet de réel»; de là une œuvre à la fois classique et baroque, où 1' « histoire » fait place à une succession de séquences narratives dans lesquelles se superposent récits hyperréalistes, fantasmagories et maximes philosophiques.

J.-P.

DAMOUR. »

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