BRETON André : sa vie et son oeuvre
Publié le 20/11/2018
Extrait du document
«
comme
exclusivement esthétique-et celle du «hasard
objectif» -dont le versant éthique est plus évident
puisqu'aux « signes» qui nous sont faits, il convient
seulement d'obéir.
On commence seulement à convenir
que l'approche des textes de Breton doit impérativement
tenir compte d'une pratique poétique qui consiste à réin
venter secondairement une mentalité « magique» pour
obéir à des impératifs visionnaires ou éthiques.
Encore
faut-il lire Breton.
Son écriture, impérieuse, éclatante,
ne se laisse pas si facilement pénétrer.
Tant d'écrivains
ou de critiques se réclament aujourd'hui de Breton, qui
citent toujours les mêmes phrases ...
Il faut lire Breton
on a aujourd'hui presque tout encore à découvrir.
Le cristal, la vie ...
« Le cristal...
La maison que j'habite, ma vie, ce que
j'écris :je rêve que cela apparaisse de loin comme appa
raissent de près ces cubes de sel gemme >> (l'Amour fou).
C'est avec son entrée en poésie que la vie de Breton
prend toute sa clarté.
Sur ses origines familiales et sa
première jeunesse, il s'est peu étendu durant sa maturité:
il en garde un souvenir d'étouffement.
Il est né le
19 février 1896 à Tinchebray, dans l'Orne, mais, en
1900, la famille Breton s'installe à Pantin.
La poésie lui
sera révélée, par l'intercession d'un professeur suppléant
au collège Chaptal et dans un échange fructueux avec
son ami Théodore Fraenkel : celle de Baudelaire, de
Mallarmé, des symbolistes, de Huysmans.
Ses goOts le
portent aussi vers la peinture, surtout celle de Gustave
Moreau.
Ses choix évoluent : Valéry, lu d'abord comme
le fils spirituel de Mallarmé, puis rencontré -et les
premiers poèmes publiés portent sa marque -, mais les
lectures de Rimbaud (été 1914), puis de Jarry (1915) et,
grâce à Aragon, de Lautréamont (en 1917) l'éloignent
définitivement de la poétique mallarméenne.
La rencon
tre d'Apollinaire (déc.
1915), qu'il fréquente jusqu'à sa
mort en novembre 1918, le conforte dans le besoin de
définir une idée moderne de la vie poétique.
Il est inscrit en oct.
1913 à la faculté de médecine, et,
si la guerre vient interrompre ses études, elle les pro
longe aussi, et les nourrit de rencontres décisives.
C'est
à Nantes, en 1916, qu'il fait la connaissance de Jacques
Vaché («la Confession dédaigneuse », dans les Pas per
dus).
Dès son séjour à Saint-Dizier, il prend connais
sance des théories de Freud, non par l'œuvre même de
Freud, dont peu d'ouvrages sont alors traduits, mais par
l'intermédiaire du Précis de psychiatrie du or Régis et
de la Psychoanalyse de Régis et Hesnard (A lean, 1914 ).
Breton, d'ailleurs, pratiquera avec les malades qu'il ren
contre la méthode des associations libres.
C'est donc
bien par la théorie freudienne que Breton s'initie à la
pensée psychanalytique (cf.
Marguerite Bonnet, André
Breton, naissance de l'aventure surréaliste, Corti, 1975,
p.
102 et suivantes) et non auprès de My ers et de Janet,
en dépit de convergences plus apparentes (Jean Staro
binski, « Freud, Breton, Myers », dans la Relation criti
que, et Anna Balakian, André Breton, Magus of Surrea
lism, New York, 1971).
Enfin, c'est en 1917, au
Val-de-Grâce, qu'il rencontre Louis Aragon et s'émer
veille de la convergence de leurs goOts.
Mont de piété (1919), son premier recueil de poèmes,
montre le glissement des goOts signalé plus haut : de
Mallarmé et Valéry à Rimbaud, Apollinaire et Reverdy;
mais surtout de la poésie à la nature de son avènement.
Cette interrogation sur la nature de l'inspiration et sur
son aspect peut-être collectif préside à l'aventure des
Champs magnétiques, menée en mai 1919 avec Philippe
Soupault, en compagnie duquel Breton découvre 1' « écri
ture automatique >>.
Elle préside aussi à l'organisation du
volume Les Pas perdus (1924), recueil d'articles parus
de 1918 à 1923 : la poésie y est présentée à la fois
.
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comme refus de ce qui est et désir de ce qui pourrait
être, mais sa nature pourrait ne pas être essentiellement
langagière : « Elle émane davantage de la vie des hom
mes, écrivains ou non, que de ce qu'ils ont écrit ou de ce
que l'on suppose qu'ils pouvaient faire» («Claire
ment»).
En revanche, c'est plutôt l'affirmation brute de
la force poétique qui s'exprime dans Clair de terre
(recueil de poèmes, 1923), par réaction contre la tenta
tion du silence.
Cependant, avec la création de revues, la vie d'André
Breton se confond peu à peu avec l'activité d'un groupe
qui, en 1924, prend le nom de « surréaliste >>.
La pre
mière de ces revues, Littérature (mars 1919-juin 1924),
se veut d'abord en rupture avec «la littérature», ses
modes, son monde, sa bonne conscience : le titre est à
entendre par antiphrase.
Le passage par Dada (janvier
1920-aoOt 1921) et l'influence de Tristan Tzara consa
crent cette rupture avec le projet littéraire.
Puis c'est la
Révolution surréaliste, dont le premier numéro, en déc.
1924, suit le retentissant Manifeste du surréalisme (oct.
1924), publié en même temps que les proses automati
ques de Poisson soluble.
Dans cette « défense et illustra
tion>> du surréalisme, où Poisson soluble est d'ailleurs
plus qu'une « illustration », le Manifeste place Breton en
P.OSition de leader du groupe (auquel se sont joints
Éluard, Péret, Desnos, Crevel), malgré le texte séduisant
Une vague de rêves qu'Aragon avait de son côté mis
au point durant l'été.
Le groupe est présenté, dans le
Manifeste, d'une façon moins descriptive, moins histori
que; le surréalisme est défini moins comme une révéla
tion que comme une conquête : conquête du merveilleux
par l'exercice de l'écriture automatique, par le procès
sans cesse recommencé contre le «monde réel»;
l'homme doit redevenir ce «rêveur définitif>> que son
enfance promettait.
Après le douzième numéro de La
Révolution surréaliste et l'exclusion d'Artaud, de Des
nos et de Soupault, c'est dans Le Surréalisme au service
de la révolution (1930-1933) que s'exprime le groupe,
se faisant, par ce titre même, l'écho des angoisses politi
ques croissantes et de la nécessité d'un engagement clair.
Or, tout se passe comme si, dans les récits et
réflexions théoriques que sont l'« Introduction au dis
cours sur le peu de réalité>> ( 1925, dans Point du jour),
Nadja (1928), les Vases communicants (1932), l'Amour
fou (1937), puis, après la guerre, Arcane 17 (1944), la
vie d'André Breton se présentait sous son aspect le plus
accidentel en même temps que le plus généralisable,
comme s'il s'agissait « de superposer vive à l'enregistre
ment de la vie quotidienne J'écriture progressive d'un
destin >> (Julien Gracq) : s'y profile l'attente de« la ren
contre >>, avec une disponibilité intime indispensable et
la croyance magique en l'efficace de la pensée; s'y pro
file aussi la reconnaissance du «hasard objectif>>, dans
un climat où le désir est coloré d'une indifférence qu'on
dirait mystique («l'indifférent seul est admirable ...
»,
« Introduction ...
>>, dans Point du jour).
Sous l'éclairage
de cette généralisation constante doivent être lus les évé
nements privés que sont les années heureuses avec
Simone Kahn, la rencontre de Nadja et de son pouvoir
d'errance, celle de Suzanne, qui l'abandonne en 1929 -
d'où le désarroi perceptible dans les Vases communi
cants -, celle de Jacqueline et de J'« amour fou » en
1934, celle d'Elisa en 1943 : Elisa rencontrée à New
York, où il est en exil, pendant la Seconde Guerre mon
diale (Arcane 17).
Une théorie complexe de l'histoire individuelle est
mise en place dans ces textes, mais aussi une théorie de
la fonction de l'écriture par rapport à« la vie ».
Aux alentours de 1935, le groupe surréaliste s'est
renouvelé : les préoccupations politiques, que l'on évo
quera plus loin, se dissocient des projets poétiques, abor
dés dans Minotaure, revue où Breton assume un rôle de.
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