? François-René de Chateaubriand, Mémoires d?Outre-Tombe, livre premier, chapitre 2
Publié le 23/11/2020
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François-René de Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, livre premier, chapitre 2 Introduction Chateaubriand est un des grands écrivains français romantique du XIXème siècle. Il est né à Saint Malot, en Normandie par une nuit de tempête. Dans son enfance il a été délaissé par ses parents. Les Mémoires d’Outre-Tombe constituent un récit autobiographique, l’ouvrage est publié pour la première fois en 1848. Le récit autobiographique raconte les quatre périodes les plus importantes de la vie de Chateaubriand. Ces épisodes sont notables de l’histoire politique française : la période des voyages dans les années 1769-1800, celle de « littérateur » dans les années 1800-1814, la carrière d’homme d’État dans les années 1814-1830, puis l’après mois de juillet 1830. Dans cet extrait des Mémoires d’Outre-tombe, Chateaubriand reconstitue pour nous les conditions dramatiques de sa naissance. Il s’agit d’un texte narratif et impressif dans lequel l’auteur cherche à faire naître chez son lecteur des émotions pathétiques. Sa tonalité est plutôt tragique. Cet extrait situé au début de l’ouvrage est une introduction à l’autobiographie de l’auteur. Il contribue à nous en définir la coloration générale marquée par les tourments du « mal du siècle ». Il nous permet enfin de découvrir la fameuse prose poétique de ce précurseur du romantisme. Les Mémoires d'Outre-Tombe, un roman emblématique Cette autobiographie, qui occupe Chateaubriand dès 1803, est le reflet de la vie de l'auteur jusqu'en 1841. Autoportrait assez flatteur, mêlant anecdotes véridiques et part romanesque, il est aussi l'expression d'un Moi à la recherche de son identité, le dévoilement d'une sensibilité particulière qui livre joies et souffrances.
«
Fermée et isolée du côté de la ville, elle est ouverte sur la mer « qui
s’étend à perte de vue », comme un appel vers l’infini.
Silencieuse et
endormie du côté de la ville, elle est agitée par la mer « se brisant sur des
écueils » qui rappelle le destin tragique du marin dans le naufrage.
Ainsi, par touches successives : la solitude, l’obscurité, et le fracas des
vagues, Chateaubriand nous introduit dans l’univers de la mort, monde a
priori antinomique de celui de la naissance.
Cette évocation funèbre est confirmée par l’antithèse « j’étais presque
mort quand je vins au jour ».
Il reçoit le prénom d’un frère « infortuné »,
trop tôt disparu.
Ainsi Chateaubriand est un quasi miraculé.
D’autres éléments confirment ce rappel d’une naissance extraordinaire : si
son parrain a été son frère – c’est un autre apport funèbre -, sa marraine
est la « comtesse de Plouët, fille du maréchal de Contades ».
Là il s’agit de
l’apport de célébrité.
Chateaubriand naît un soir de tempête, dans la
fureur et le bruit, quand les « mugissements » couvrent les vagissements
du nouveau-né, à l’époque de l’équinoxe, période où la nuit va prendre le
pas sur le jour, image de la mort qui va l’emporter sur la vie.
Signe d’une destinée vouée au malheur
Chateaubriand voit dans cette naissance étonnante l’origine et
l’ explication de la personne qu’il est devenu aujourd’hui.
Il s’agit
d’une mise en perspective constitutive d’une destinée.
Ces éléments entourant sa naissance ne peuvent être des souvenirs à
proprement parler car le nouveau-né ne peut en avoir gardé trace dans sa
mémoire.
C’est d’abord le fruit constant – « Il n’y a pas de jour » –
d’un travail de reconstruction par l’imagination – « rêvant », « je ne revoie
en pensée » – à partir d’un passé – « à ce que j’ai été » – rapporté,
« souvent conté » dans ses « détails » révélateurs qui confinent à la
légende.
C’est une relecture des années écoulées qui trouvent leur sens
dans l’origine.
L’auteur choisit certains éléments hautement symboliques : le rocher et
l’océan présent dans le fracas des « r », « jou r où, r êvant […] je ne r evoie
en pensée le r ocher su r lequel je suis né », la chambre assimilée à une
chambre de torture par l’alliance, « chambre où ma mère m’infligea la
vie », la tempête et le prénom du frère « infortuné ».
Tous sont les curieux
cadeaux du ciel et une « image de mes destinées », c’est-à-dire une vie
« dans le malheur », mot mis en évidence à la fin d’une longue phrase.
Ce malheur évoqué dans l’avant-dernière phrase par les éléments
hautement symboliques précédemment cités, est renforcé par le rythme
lent et progressif qui se rajoute au poids écrasant de leur accumulation
quaternaire.
Cette longue période souligne ainsi le destin accablant de
l’auteur .
Conclusion
Pour Chateaubriand, il s’agit d’un destin marqué par le malheur, la
tristesse, l’appel de l’infini, ce « vague à l’âme » appelé par Musset « mal
du siècle ».
Cette insatisfaction profonde, cette introspection douloureuse,.
»
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