Synthèse du livre : La vague de Todd Strasser
Publié le 08/10/2016
Extrait du document
«
conscience petit à petit de la force que leur procure – ou semble leur procurer – cet
exercice de groupe.
Loin de se solder par un retard sur les autres classes, le jeu permet
aux élèves d’être en avance sur le programme scolaire, chaque élève sachant
impeccablement sa leçon d’une semaine à l’autre.
Cependant, Ben Ross remarque que si
le contenu du cours est parfaitement su, mieux qu’auparavant, les capacités d’analyses
des élèves ont décru et il devient difficile de leur demander de faire le commentaire
critique de tel ou tel sujet.
En outre, à mesure que le nombre de membres augmente, les
incidents éclatent : lors des matchs de football, seuls les membres peuvent s’asseoir sur
certains gradins.
Certains élèves méfiants vis-à-vis de la Vague sont victimes de
pressions et sont invités de plus en plus brutalement à adhérer.
Le professeur est
désormais accompagné d’un « garde du corps » et fait figure de leader.
Tout bascule
lorsqu’un élève juif est agressé par des membres de la vague.
Peu à peu, les règles du mouvement se font toujours plus nombreuses et contraignantes.
Obligation de se saluer en dehors de la salle de classe, obligation de recruter au moins
deux nouveaux membres par semaine, obligation de porter l’uniforme du mouvement en
dehors du lycée.
Chaque nouvelle règle est immédiatement acceptée et partagée par les
membres.
Qui a décrété ces nouvelles règles ? Ben Ross probablement, mais qui peut en
être vraiment sur ? La Vague devient vivante et prend son autonomie, elle s’entretient et
s’accroit naturellement, échappant à tout contrôle.
Seule certitude : nul n’envisage de
transgresser ses règles.
Le roman nous montre que le totalitarisme tient moins d’une maladie de l’âme des
individus qu’à une organisation rationnelle du groupe et l’apathie des membres qui le
compose.
Il est une tendance chez l’Homme à se complaire dans le confort de la
non-décision.
En effet, l’appartenance au groupe est un confort absolu.
Une fois entré, on
ne peut pas se tromper, car on ne fait qu’obéir aux règles édictées.
Le principe du risque
est définitivement évacué.
Personne ne prend jamais d’initiative, ou s’il le fait, c’est parce
qu’il anticipe ce que souhaite le leader.
Il applique donc un ordre une fois de plus, par
anticipation.
De fait, personne n’est responsable puisque personne n’ordonne.
Personne
ne prend de décision, personne n’édicte de règles.
C’est le mouvement qui ordonne.
Chacun se contente d’ appliquer fidèlement.
C’est la leçon que nous inspire Todd Strasser.
Le totalitarisme ne vit pas grâce à l’initiative des individus, mais plutôt à leur soumission
au groupe et leur confiance aveugle dans ses principes.
Le groupe ne peut et ne doit pas
se tromper.
D’où la vigueur qu’on mit tous les régimes totalitaires à éliminer de façon
systématique les opposants.
On le voit, il y a quelque chose d’effrayant à l’idée que le totalitarisme est à la fois une
idée lointaine et pourtant si proche de nous.
On mesure également le caractère universel,
banal et séducteur du mal.
Ce mal qui se cache au coin de la rue.
D’où l’impérative
nécessité pour chacun de garder et d’entretenir son esprit critique.
Non pour dire que le
totalitarisme étatique nous guette.
Mais il convient de rappeler que chaque renoncement
individuel à l’analyse et à l’esprit critique constitue déjà une petite défaite de la liberté..
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