Proposition de plan en vue de l’oral de l’EAFSéquence 1, Texte 1 : D’Anne qui lui jeta de la neige, C.
Publié le 04/11/2015
Extrait du document
«
- v.5-7 ( « n’ardre point ? ») : Moment réflexif avec verbes au présent de vérité générale.
Le « je » appartient au discours.
S’opère un glissement vers le « je » lyrique, avec
l’interrogation : ponctuation forte qui les craintes du poète amoureux.
- V.7 (Anne,…)-10 : Moment de la requête faite à Anne, à qui le « je » s’adresse maintenant
directement (« ta seule grâce »).
On passe du monologue au dialogue, en plein milieu de
vers : rupture forte dans l’énonciation.
On a donc une progression très stricte : les raisons du mal d’amour, une réflexion sur la
possibilité de s’en sortir, et une requête finale à la femme aimée conçue comme solution ultime
pour calmer la brûlure : « par sentir un feu pareil au mien ».
Progression du poème vers le
remède : soigner le feu par le feu.
B.
La domination d’Anne : maîtresse du jeu amoureux
Anne est celle qui mène la danse amoureuse :
- La position sujet/complément : « Anne, par jeu, me jeta » Anne est sujet du verbe
d’action « jeter » et le poète est en position d’objet (COI « me »)
- Jeu d’écho sur l’inversion poétique S-V montre la même passivité du poète et met en
valeur l’opposition « embrasé »/ « éteindre » :
o "Embrasé je fus soudainement" : voix passive
o "Anne ta seule grâce/ Éteindre peut le feu que je sens bien" : la grâce d’Anne est
sujet de « éteindre »
Le poète semble réduit à l’émotion : expressivité des phrases montre le désarroi du poète : "Où
trouverais-je place/ Pour n'ardre point ?"
Tout l’univers du poème est imprégné de la présence d’Anne : assonance en / a / : "jet a " "fr oi de"
"embr a sé" qui font échos au « Anne » accentué qui amorce le poème.
C.
Le feu qui consume et la neige qui brûle
Le poison d’amour se répand dans le poème, par des jeux de sonorités.
Ainsi, la neige qui va
enflammer le cœur du poète se fait entendre en contaminant le langage :
- Allitération en / j / : " j eu" " j eta" "nei g e" "en ai- j e" "lo g e" "trouverai- j e" " j e"
- Assonance en /è/ : "n ei ge" "cuid ai s" "cert ai nement" "c'ét ai t" " ai -je" "soud ai nement"
"secr è tement" "trouver ai -je"
- Rime équivoquée : "de la neige " / "e n ai-je "
De même, le feu qui consume le poète se répand dans les vers :
- l’allitération en / f / : " f roide" " f eu" " f us"
Cette difficulté à vaincre le feu se marque enfin par la gradation du v.9 : « Non point par eau, par
neige ni par glace »
III.
Le poète, maître du jeu littéraire
S’il y a bien domination d’Anne et du sentiment amoureux sur le poète, peut-être ne faut-il pas le
prendre autant au sérieux.
1er vers: clés du poème donnée par le poète : "Par jeu" souligne la
dimension ludique.
Le poète joue avec les mots, Anne, la situation.
A.
Le poème comme entreprise ludique
- « Expérience » a au moins deux sens : partie du vécu subjectif d’une personne
(//expérience de l’embrasement) ; exercice intellectuel (//jeu littéraire)
- L’aspect géométrique du poème : le poème « carré » 10 vers de 10 syllabes
B.
Se jouer d’Anne par la langue
- Si Anne se refuse à lui dans le réel, le « je » et Anne sont unis dans le poème par les jeux
de sonorités : assonance en /a/ et allitération en /j/ vus plus haut : le poème rend possible
ce qui ne l’est pas dans le réel.
- La pointe finale dynamite le sens du poème : « Mais par sentir un feu pareil au mien »
littéralement : si tu m’aimes, je t’aimerai moins.
Le poète n’est pas dupe : il sait que
l’amour est un rapport de force.
Derrière la requête éplorée à la femme aimée, il y a donc
une lucidité sur l’amour, et une petite cruauté faite à Anne.
Conclusion.
»
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