Laurent Gaudé, Eldorado, 2006 Approche
Publié le 22/03/2016
Extrait du document
«
soit on le comprend comme un clin d’œil ironique de l’auteur
parce que dans ce cas il n’en aurait pas fait fuir Piracci : il s’agit,
dans les deux cas, d’une illusion).
Ce personnage réagit de
manière intuitive : il doit fuir la misère, tenter de survivre
ailleurs, trouver du travail.
Pour cela, il lui est vital de quitter son
pays ; il le fait d’abord en compagnie de son frère, puis seul,
enfin avec Boubakar.
Il ne s’agit pas seulement de raconter les
difficultés matérielles du voyage, mais aussi les remises en
question du personnage, ses luttes pour préserver son identité
humaine, comment ne pas se laisser séduire ou submerger par
sa bestialité justifiée par l’instinct de survie.
Il y réussira lors de
sa rencontre avec Piracci à Al-Zuwarah et plus tard quand il
aidera Boubakar à traverser les barbelés de Ceuta.
c.
Ces deux personnages ont donc des parcours opposés qui leur
permettent de se rencontrer sans se connaître ; de cette
rencontre, cependant, naîtra leur volonté de poursuivre leur
quête jusqu’au bout, de donner du sens à leur vie.
Pour Piracci,
c’est son ami Angelo qui partage ses questionnements ; cet
homme a lui aussi tout abandonné pour vivre plus librement (il
construisait des routes puis s’est mis à vendre des journaux
–chapitre III).
Quant à Soleiman, c’est d’abord avec son frère qu’il
partage son désir de partir pour l’Europe puis avec Boubakar qui
lui permet de garder son humanité.
Ces deux amis sont donc des
adjuvants nécessaires à la réalisation de la quête des deux
personnages.
5.
Le narrateur adopte pour chacun des récits un statut et un point de
vue différents.
a.
Il est extérieur et omniscient (avec l’adoption du point de vue
interne quand le personnage s’interroge) dans le récit de Piracci ;
cela peut renvoyer à « l’objectivité », au « cartésianisme »
européen ; cela permet aussi au narrateur de montrer de
manière plus large le problème de l’immigration clandestine ;
Piracci en est un simple témoin ; le récit est au passé : raconté
après le décès de Piracci ?
b.
Il est intérieur au récit, raconté selon le point de vue de Soleiman
dans les chapitres pairs : le lecteur partage ses émotions, ses
souffrances : empathie ; volonté du narrateur de nous faire
prendre conscience de la réalité ; ne pas juger, ne pas mépriser
ces hommes, ne pas les rejeter (lecteurs essentiellement
européens) ; comprendre la misère humaine, trouver des
solutions (cf le débat avec la femme immigrée) ; (cf
l’engagement de Gaudé) ; mais le lecteur reste perplexe : à qui
s’adresse Soleiman quand il parle à la 1 ère
personne ? Journal.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Fiche de lecture sur Eldorado de Laurent Gaudé
- Commentaire Littéraire La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé
- Fiche Sang négrier - Laurent Gaudé
- Des nouvelles d'Annie Saumont ou du roman «Cris» de Laurent Gaudé , quel récit vous paraît plus efficace pour parler de la guerre et montrer les souffrances qu'elle a engendrées?
- Lecture analytique 3: Le défilé des morts (p.203-204) dans La mort du roi tsongor de Laurent Gaudé