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BOUCHET (André du)

Publié le 17/02/2019

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BOUCHET (André du), poète français (Paris 1924). Depuis Air (1950-1953) et le Moteur blanc (1956), André du Bouchet marque la poésie française de cette seconde partie du xxe s. C'est Dans la chaleur vacante (1961) qui l'a fait largement connaître ; il y définit d'emblée l'orgueilleuse ambition de son projet («j'anime le lien des routes ») et s'installe dans l'élémentaire, aux sources brûlantes de la vie (« je m'alimente d'un feu de pierres »). Il est, pleinement, le vrai continuateur de Mallarmé, par l'exigence absolue de sa démarche, et par sa signification qui fait de la poésie non le poème, mais la tension même vers une parole. La poésie est donc à la fois pour
 
lui valeur et jamais objet fini ; le poème est le lieu d'un passage, traces, éboulis ; et, comme tel, interminé ; toujours repris (par réduction ou « pulvérisation » ). Par là, il est proche aussi, malgré l'apparence, de Francis Ponge ou de Giacometti (« Tout cela n'est pas grand-chose, toute la peinture, sculpture, dessin, écriture ou plutôt littérature, tout cela à sa place, et pas plus. Les essais, c'est tout, oh merveille ! » ). Un de ses livres-sommes s'intitule l'incohérence (1979) : s'y marque cette mobilité à travers une tension qui est en même temps une dérive vers un livre, vers une « cohérence », qu'on n'étreint pas, mais qui est une exigence. Les livres de Du Bouchet ne sont pas paginés, ils disposent une parole contre la parole, d'où le blanc, si caractéristique de son rythme qui « transparaît comme la ponctuation de ce qui, dans l'instant même où elle s'énonce, fait violence à la parole, la dépossède du mouvement machinal qui est le sien ». Ouvrier du « pouvoir rudimentaire », Du Bouchet est aussi le traducteur de Joyce, de Hôlderlin et de Celan, l'intercesseur de Bram Van Velde et de Giacometti, de MichelHaas ou de Tal Coat {Peinture, 1984). Il se situe donc du côté d'une obscurité éblouissante : « la liberté des mots, une obscurité la ponctue », « il faut articuler l'aveuglement » {VAvril précédé de Fraîchir, 1984).


« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Bouchet, André du - écrivain. Bouchet, André du (1924-2001), poète et traducteur français, dont l’œuvre poétique relève d’une esthétique à la fois aride et exigeante tentant de « faire coïncider l’expérience du réel et l’acte de langage ». Né à Paris, André du Bouchet (aux origines à la fois russes et juives du côté de sa mère) s’exile aux États-Unis en 1941.

Il y termine ses études à l’université Harvard, puis enseigne la littérature anglaise jusqu’à son retour en France en 1948.

Il se consacre dès lors à la poésie et publie son premier recueil en 1951 (Air). En poésie, la méthode de travail d’André du Bouchet consiste à consigner des impressions, des couleurs et des images dans des carnets de notes brutes, dont certains ont été publiés ( Carnets 1952-1956, 1989) et dont il tire ses poèmes, qui se présentent comme des séquences de plusieurs pages non numérotées, sans rimes ni forme préalablement conçue. Du Bouchet apparaît comme le continuateur du Mallarmé d’ Un coup de dés jamais n’abolira le hasard.

Son œuvre se distingue, au premier abord, par la façon dont elle utilise et met en scène la géographie de la page, révélant ce que l’on a appelé ses « blancs », interprétés comme la métaphore de ce qui ne peut être dit. L’originalité de leur construction (en fragments, faisant songer à une dislocation) donne à ces textes l’apparence d’une parole originelle.

Ils disent ainsi une relation au monde spécifique : le réel y est perçu comme matière, épaisseur et densité, à l’intérieur de laquelle il faudrait, par le temps, l’espace et la parole venant du « dehors », percer une « brèche ». La poésie de Du Bouchet est ainsi tension vers le réel et non objet ; incohérente, « interminée », elle se donne pourtant pour exigence la cohérence ; elle s’efforce « en avant de soi [de] tracer / la trace » ( Aujourd’hui c’est, 1984). Fils spirituel de Reverdy, du Bouchet abhorre le lyrisme (« j’écris aussi loin que possible de moi ») et pose en quelque sorte une poésie de l’existence, qui s’identifie à l’acte d’exister.

Cette poésie étant mi-abstraite, mi-concrète, faite comme de morceaux du réel, « rien, du coup, ne la distingue d’une réalité dont elle continue de tirer, sans conserver toujours de trace reconnaissable, le pouvoir rudimentaire qui aveuglément nous a engagés » ( l’Incohérence, 1979). Les principaux recueils ou essais poétiques d’André du Bouchet sont, outre Air, Sans couvercle (1953), Dans la chaleur vacante (1961), Où le soleil (1968), Désaccordée comme par de la neige (1989), Axiale (1992), l’Emportement du muet (2000). André du Bouchet a également traduit Joyce (dont des fragments de Finnegans Wake en 1962), Shakespeare, Mandelstam, Hölderlin, Pasternak et Celan. De 1966 à 1972, André du Bouchet a co-dirigé (aux côtés de Michel Leiris, Jacques Dupin, Louis-René des Forêts, Yves Bonnefoy et Paul Celan) la revue poétique l’Éphémère. Il a aussi consacré des ouvrages à Giacometti ( Qui n’est pas tourné vers nous, 1972) et aux peintres Tal Coat et Bram Van Velde. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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