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Bossuet, réfléchissant sur l'utilité de la lecture, écrit dans ses notes personnelles qu'elle « éclaire, éveille, fait chercher »; Aragon écrit dans une étude sur Joë Bousquet : « Tous les livres se lisent comme on s'endort. (...) Le rêve de l'écrivain s'est substitué au vôtre, vous êtes pris... C'est le sommeil nommé lecture. » Quelles réflexions vous inspirent ces deux jugements opposés? Vous traiterez le sujet avec l'aide d'exemples précis tirés de vos expériences de la lecture.

Publié le 09/03/2011

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Plan Introduction • « Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté « (Montesquieu). • Mais tous les lecteurs même ardents comprennent-ils la véritable valeur de la lecture et lisent-ils « bien «? • Ici deux opinions exactement opposées nous sont soumises. • L'une est un idéal; est-il souvent atteint? • L'autre est, malheureusement, celle de la moyenne des lecteurs, quelle que soit l'époque. • Indication du plan.

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« II.

La lecture « éclaire, éveille, fait chercher.

» • Une lecture bien conçue est évidemment le contraire de cette manière « au rabais » et sans participation réelle dulecteur. • Précisément lors de la lecture, deux personnes sont en présence : l'auteur du livre et le lecteur, chacun doit avoirmoitié de participation. • Ne pas confondre lecture avec livre-objet. • Un véritable dialogue de pensée doit s'établir entre auteur/lecteur. • La lecture est exigence. • Elle demande à être son propre but. • Elle doit être un exercice : - d'intelligence - de réflexion - de critique. • « Lire » n'est pas « croire lire ». • Un véritable lecteur, donc un lecteur actif, considère le livre comme un tremplin de réflexion, de recherche, decuriosité, non une forme d'autorité. • La lecture est alors « au seuil de la vie spirituelle » (Proust). • Ne pas concevoir le livre comme une simple distraction ne suffit pas, il faut aussi ne pas le voir comme unensemble d'affirmations à « gober » sans discussion. • Comme la conversation, ou le voyage, il est pour Montaigne un moyen de « frotter et limer sa cervelle à celled'autrui ». • S'il propose opinions, optiques de vie, nouveautés, elles méritent de faire éclore les réflexions, mais non sansdiscussions intérieures. • Certes une bonne lecture est référentielle, mais elle ne doit pas être vénérée sans discussion, pas plus qu'elle nedoit procurer qu'un plaisir - même intellectuel - passager. • Contrairement au concert, au spectacle, le livre permet une réflexion différée mais indispensable. • Son abord est donc très particulier, et la vraie lecture est rarement une 1re et unique lecture, de même qu'elle nedoit pas être menée trop rapidement. • Si telle phrase « éveille » l'esprit du lecteur, elle s'accompagne normalement d'un arrêt. • « L'homme qui lit s'arrête à toute minute et demande à réfléchir, i.e.

il souhaite de revenir sur ses pas, dereprendre un paragraphe, d'en refaire deux, trois, quatre, dix fois la lecture ».

(Duhamel). • La lecture est une découverte progressive, d'abord des détails, puis de la « plénitude de [ces] éléments »(Proust).• C'est un approfondissement; elle « fait chercher » comme le suggérait déjà Bossuet. • Mais ce n'est pas sur la seule matière proposée par l'auteur; elle fait aussi chercher sur soi-même. • « Chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même » (Proust). • Il ne faut donc pas voir seulement la bonne et vraie lecture comme la transmission d'un savoir, ni non plus commeun échange avec autrui.

Car elle sert également d'échange avec soi. • Le célèbre « Connais-toi toi-même » de Socrate s'applique bien à ce moyen de culture dont le rythme permetl'analyse. • Ainsi s'expliquent les préférences, réfléchies s'entend, pour tel auteur ou telle catégorie, car il existe des familles. »

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