BOSSUET (Jacques Bénigne)
Publié le 17/02/2019
Extrait du document


«
ouvre
l'Assemblée du clergé en 1681 et
s'efforce de définir la part des pouvoirs
pontifical, monarchique et épiscopal, est
reçu comme un manifeste du gallica
nisme.
Une crise s'ouvre entre Paris et
Rome, dont le principal bénéficiaire est
le roi.
qui pousse à la fermeté et négocie
en sous-main.
Bossuet semble ensuite
perdre de son importance politique, mais
se fait le champion des droits ecclésiasti
ques et de l'orthodoxie : contre les
protestants [Histoire des variations des
Eglises protestantes, 1688), contre les
quiétistes (il obtient la condamnation de
Fénelon), contre les jésuites, contre Mal
ebranche, contre Richard Simon ...
Son
activité pastorale (rédaction d'un caté
chisme.
de textes de piété) et de
directeur de conscience (lettres à
Mm• d'Albert.
à Mn>< Cornuau) est
intense.
Dans cette dernière partie de sa
vie, bien connue grâce à sa correspon
dance et au Journal de son secrétaire
Ledieu.
il est peu à peu tenu à l'écart,
malgré des honneurs ostensibles.
Saint
Simon le montre, malade, s'entraînant,
dans d'ultimes promenades, à gravir le
grand escalier de Versailles.
Il prononce
son dernier sermon, dans sa cathédrale,
le 18 juin 1 702
L'œuvre abondante de Bossuet répond
aux besoins de son action et non à la
recherche esthétique.
Ses contempo
rains n'en ont pas fait un modèle (les
modèles sont Senault et Bourdaloue) ;
lui-même ne s'estimait habile qu'en latin
et n'a publié que la partie érudite et
militante de son œuvre, laissant perdre
ainsi la plupart de ses Sermons (environ
200 conservés sur 1 000 prononcés).
Ses
manuscrits montrent un travail acharné
de correction, mais une part laissée à
l'improvisation.
li a exercé sur ses textes
une censure croissante, ne prêtant ses
manuscrits qu'à quelques amis.
Son
indifférence à la littérature contempo
raine, sa modération dans la querelle des
Anciens et des Modernes (il est ami de
Perrault comme de Boileau, et semble
n'être entré à l'Académie française qu'en
raison de son préceptorat), enfin sa
condamnation du théâtre (Maximes et
Réflexions sur la comédie, 1694) mon
trent qu'il ne retient de la littérature qu'un
idéal de purisme et de langage
élevé.
Il explique sa conception de l' élo
quence chrétienne dans son Sermon sur
la Parole de Dieu et dans une lettre au
cardinal de Bouillon elle doit agir
comme un sacrement, où l'auditeur
recue illi entende la Parole divine, et non
des mots.
Par là Bossuet s'écarte des
prédicateurs célèbres (Bourdaloue, Féne
lon, Massillon) pour qui la rhétorique est
un moyen de séduire pour amener à
réfléchir pour lui, « l'éloquence doit
venir d'elle-même>>, il refuse un art
oratoire de spectacle, « comme si la
chaire était un théâtre où l'on monte
pour disputer le prix du bien-dire », et
vise une simplicité forte qu'on appelle
alors le sublime.
Son style est donc
traditionnel et plus apte à séduire les
assemblées de prélats que le public.
Il
emploie essentiellement des phrases ou
des périodes assertives, avec de nom
breuses références bibliques.
Peu d'ima
ges, mais beaucoup d'antithèses, pro
cédé baroque qui simule l'accord de deux
réalités contradictoires ( « le pouvoir des
rois est illimité, il est pourtant soumis
aux lois >>).
L'usage fréquent du « je ne
sais quoi » évoque la transcendance et
les limites de l'analyse devant la puis
sance des institutions («je ne sais quoi
de divin s'attache au prince >>).
les
réactions collectives ou la psychologie
individuelle ( « le monde sait remuer si
puissamment je ne sais quoi d'inquiet et
d'impatient que nous avons dans le fond
du cœur»).
Cette base stylistique est
complétée par beaucoup d'érudition ..
par
des passages narratifs, par une violence
polémique acerbe qui révèle l'influence
des Provinciales de Pascal.
Les Oraisons
funèbres (seul texte littéraire qu'il ait
publié en 1689) sont un exemple de sa
manière, où les longs passages de
louange des grands servent certes une
politique conservatrice, mais surtout
magnifient le message édifiant {«Je
veux dans un seul malheur déplorer
toutes les calami tés du genre humain, et
dans une seule mort faire voir la mort
et le néant de toutes les grandeurs
humaines»).
Le style de Bossuet est le reflet de sa
conception du monde : la proclamation.
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