BOILEAU: LES PLAISIRS DES CHAMPS (Épître VI, vers 1 à 42)
Publié le 15/05/2012
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Comme Horace, Boileau avait maudit les embarras et les tracas de la ville; comme lui, il devait chanter les plaisirs des champs. Il Je fait dans une épître à M. de Lamoignon, avocat général. Celui-ci s'était plaint de sa trop longue absence. Le poète lui répond en lui expliquant les raisons qu'il a de rester à la campagne...

«
campagne, et sans doute on peut généraliser son cas (sentiment
de la nature au xvu• siècle).
1.
II peint la nature avec exactitude.
Tout est noté scrupu· leusement : les berges de la Seine, les noyers et leg saules,
l'aspect du village, sa situation, la forme des maisons, tout, sauf la couleur, la lumière et les ombres.
C'est • un dessin en
pointe sèche.
• Le paysage a été vu une fois pour toutes; les
formes générales etles lignes se sont gravéesdans l'esprit, mais ce qui change aux différentes heures de la journée ou suivant
les saisons a été éliminé.
(Comparer avec les descriptions des
romantiques, si
riches et si pittoresques, si vivantes et si
nuancées.)
2.
Il ne va pas au delà de ls rhose vne : aucune échappée,
aucun sentiment de joie ou de mélancolie.
La nature ne parle
pas à l'âme de Boileau, comme à celle de La Fontaine.
3.
Il ne lui demande que le calme et la tranquillité, loin
des affaires et des fâcheux.
Se promène-t-il? C'est un livre à la
main.
Rêve-t-il, c'est d'une façon utile : il cherche un mot ou
une idée.
Ce n'est pas lui qui s'abandonnera, comme Rousseau, au gré de ses impressions et laissera vagabonder son esprit.
Enfin, ses distractions sont bourgeoises ....
III.
Style.
Vers réguliers, solides, raisonnables, qui sentent le travail ....
Imitations d'Ovide (vers 11) et d'Horace (vers 39 à 43).
Périphrases ingénieuses, comme on en trouvera chez tous les
classiques,
et en particulier chez Voltaire et chez Delille Jv.
22, 29, 31, 32).
Ce style prétendu noble nous semble assez fâcheux
depuis les Romantiques.
L'ensemble est prosaïque, rien qui
vibre ou qui chante, rien qui touche ou émeuve, aucun lyrisme.
Cependant,
ills vers 39 à 44 sont coulants et harmonieux.
Le xix• siècle nous a rendus sévères pour la poésie des· criptive des classiques, qui nous parait froide et décolorée.
On aimait cependant la campagne, on en jouissait comme nous
en jouissons tous.
On goûtait les aspects riants et calmes,
on y cherchait un délassement pour les yeux et pour l'esprit.
Mais la nature n'était pas encore devenue un thème poétique
courant.
On ne l'animait pas, on ne songeait pas à faire d'elle
la confidente de nos joies et de nos tristesses.
C'est que le IJl'isme était absent.
(La Fontaine est une exception.).
»
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