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BODIN (Jean)

Publié le 17/02/2019

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BODIN (Jean), philosophe et écrivain français (Angers 1530-Laon 1596). C'est le plus grand penseur politique français de la Renaissance, avec sa Méthode de l'histoire [Methodus ad facilem historiarum cognitionem, 1566) et surtout les Six Livres de la République (1576) écrits en français : dans cet ouvrage, dirigé à la fois contre Machiavel (à qui Bodin reproche d'avoir « mis pour fondement des républiques l'impiété et l'injustice ») et contre les pamphlétaires protestants (qui prêchaient le droit à l'insurrection contre le pouvoir royal), il entreprend de fonder le principe de la souveraineté politique en l'étayant sur le droit et la justice. Fondée, comme celle de Machiavel, sur l'observation des faits, la philosophie politique de Bodin, contrairement à celle du Florentin, se refuse néanmoins à sacrifier les valeurs suprêmes de la morale aux impératifs du pouvoir. Théoricien du pouvoir royal absolu (auquel il assigne cependant pour limites la justice divine et la justice naturelle), Bodin annonce le règne de Louis XIV ; théoricien de la souveraineté des États, il marque la fin de l'Europe chrétienne médiévale et l'apparition d'un ordre international nouveau, dégagé de l'autorité pontificale et impériale, fondé sur des relations entre États indépendants. Bodin est également l'auteur d'un livre sur la magie (De la démonomanie des sorciers, 1580), et de l'Heptaplomeres (1581), dialogue philosophique dans lequel s'opposent les sectateurs de plusieurs religions différentes

 

(le luthéranisme, le calvinisme, l'islamisme, le judaïsme, la religion naturelle) : quoique chacun d'entre eux soit, semble-t-il, chargé par Bodin d'exprimer certains aspects de sa pensée, le dialogue dans son ensemble reflète une attitude critique et rationaliste qui préfigure celle des déistes du xviiie s.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) JEAN BODIN Le parti de la Réforme (par ses aspects révoltés, ses principes de libre examen, d'universalité du sacerdoce signifiantla fin de l'autorité spirituelle) avait rallié tous ceux qui, sous cette bannière, poursuivaient leurs revendicationspersonnelles contre l'ordre établi.

Il s'ensuivait une situation générale qui, en 1576, année où paraît La République deJean Bodin, était inquiétante : il n'y avait plus d'autorité, perdue dans les luttes infinies de personnes ; le désordrele plus complet régnait. Juriste et historien, disposant d'une érudition et d'une information extraordinaires pour l'époque (y compris sur lespeuples nouvellement découverts), Jean Bodin réagit à cette situation en apportant (et en français pour assurer ladiffusion) une doctrine réaliste et pratique de l'Etat, dont l'influence a été grande puisque Montesquieu l'adémarquée. L'objectif de Bodin est l'établissement de l'ordre, les conditions de la stabilité, les valeurs qu'il doit assurer, lesmoyens dont il dispose.

Le problème n'est pas la prise du pouvoir, dit-il, en attaquant très vigoureusementMachiavel, c'est l'institution du droit.

Le problème des institutions passe donc, dans l'œuvre de Bodin, au premierplan. Demandant au passage l'abolition de l'esclavage, il définit d'abord le citoyen qui est non seulement un sujet mais unparticipant actif doté de droits et avant tout de droits naturels (faire partie d'une famille, avoir des choses à soi,avoir besoin de justice et de paix, pouvoir accéder dans certaines conditions de compétence aux fonctionspubliques, etc.).

Par une sorte de contrat, l'Etat lui garantit ces droits (finalité de l'Etat) en échange de l'obéissanceaux lois, l'Etat disposant par là de la souveraineté absolue définie par Bodin comme « la puissance de faire et decasser la loi ».

La souveraineté ne doit plus pouvoir être mise en question (dans la mesure où elle accomplit sa finalité) et elle est une etindivisible.

Examinant les formes de gouvernement par lesquelles se réalise la République (au sens large de société organisée eninstitution), Bodin passe en revue les trois formes et leurs variantes, et conclut à la valeur supérieure de la monarchie. On a pu dire que cette doctrine, surtout assortie du pouvoir absolu, avait été la thèse officielle de la royauté au xviie siècle, maisles commentateurs ont souligné plus justement les circonstances de l'œuvre et la nécessité de restaurer l'autorité pour restaurerl'ordre, tout en rendant le souverain indépendant du pape.

La souveraineté part des citoyens et se fixe dans le roi conscient de sesdevoirs envers les citoyens, soucieux de la justice, de l'ordre et de la paix, garant des droits naturels.

Cet absolutisme tempérépar les sentiments et soumis aux valeurs morales, doit créer les institutions qui seules font l'organisation pratique de la chosepublique. C'est là que Bodin, créateur de la politique comparée et considérant les observations politiques concrètes comme desexpériences en cette sorte de science, utilise la masse de ses informations historiques et géographiques. Il montre que, dans le cadre d'un droit général qui est rationnel et moral, les lois doivent tenir compte de la réalité ; faisant lathéorie des climats (que reprendra Montesquieu), il démontre que l'art politique consiste à accommoder l'Etat au naturel des gens,aux mœurs et coutumes, aux ressources du sol, à l'époque, à leur histoire, au cadre géographique ; il annonce par là la sociologiepolitique du xxe siècle, dans ses aspects et ses méthodes les plus réalistes.. »

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