Bérénice, Racine, 1670 - Étude du monologue de Titus, IV, 4
Publié le 07/09/2012
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Ce monologue extrait de la scène 4 de l’acte IV de Bérénice de Racine présente dc un triple intérêt. D’un point de vue dramatique, il fait attendre avec impatience la confrontation annoncée entre Titus et Bérénice, le spectateur se demandant si le héros saura mettre en œuvre la décision prise au terme de sa délibération (ce qu’il fera dès le début de la scène suivante). D’un point de vue psychologique, ce monologue apporte au public un éclairage supplémentaire sur la personnalité complexe et contradictoire de l’empereur. D’un pt de vue dramaturgique, ce monologue, en déployant une délibération qui examine ts les aspects du dilemme tragique, est propre à susciter l’émotion du spectateur qui ne peut s’empêcher de livrer une réflexion sur les aléas de la condition et les renoncements inévitables imposés à l’individu.

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a) une alternative (= choix entre 2 possibilités)difficulté à accepter la rupture : « T'es-tu bien consulté ? » v.3 (il est soucieux d'examiner une dernière fois le bien-fondé de sa décision, cô l'indique l'adv « bien »).Évoque à nveau l'alternative devant laquelle il se trouve.L'alternative repose sur l'opposition de 2 chps lexicaux :présence du chp lexical de l'amr : « cœur » v.4, 8 (à la rime), 13 (à la césure), « amour » v.26 (placé à la césure), 38, 44, « adore » avec un sens fort v.13, « aime »v.13 (à la rime).
On peut noter la récurrence du lexique amreux ds le v.13 (3 termes rassemblés).
Présence également de la rhétorique amreuse traditionnelle (imagesemployées ds la langue du XVIIe siècle) : évocation des yeux qui sont les intermédiaires de la passion (« ces yeux » v.7, 9 : évocation du regard de Bérénice,insistance avec le démonstratif qui les rend plus proches).
Pvoir de la fê aimée : « charmes » v.9 (terme fort ds la langue du XVIIe : fait référence par son étymologieà la formule magique, dc au fait que l'amant est envoûté par celle qu'il aime).
Métaphore guerrière : « armés » v.9.à l'univers de la passion s'oppose le monde du devoir, des responsabilités de l'État qui s'imposent à Titus.
Chp lexical qui se déploie tt au lg du monologue : « devoir »v.11, 34, « Palais » (lieu où s'exerce ce devoir) v.16, « État » v.17, « Lois » v.25 (majuscule conférant une présence), « Empire » v.38, « je règne » v.43.
Exigences del'« honneur » v.44, 53 qui découlent de l'accomplissement du devoir (thème important ds la tragédie du XVIIe).
Faire ce que l'honneur impose conduit ainsi àbénéficier d'une image positive, héroïque : « Renommée » v.33, « grandeur » v.41, « gloire » v.41, « mémoire » v.42.
Ce devoir est cpdt vu avec ses désavantages parTitus : « triste devoir » v.11.b) un être partagéTitus sait dès le début que l'hô privé, amreux de Bérénice, et l'hô public, empereur conscient de ses devoirs et soucieux de sa gloire, ne pvent pas coïncider.
Prtant,savoir cela ne l'empêche pas d'avoir à lutter entre ces 2 impulsions ctradictoires, cédant tantôt à l'amr, tantôt à la gloire.face à ce dilemme, Titus est partagé, ce que souligne le dédoublement du locuteur : utilisation de la 2ème pers du sing (« tu » v.1, 2, « tes » v.3, « te » v.4…),présence de l'apostrophe (« lâche » v.38, « malheureux » v.52), mention de son prénom dès le début du monologue (« Titus » v.1, 27).
Alternance car Titus chge depronoms à plusieurs moments ds le monologue : v.1-6 (2ème pers), v.7-27 (1ère pers), v.27-40 (2ème pers), v.41-54 (1ère pers).
Cela révèle l'importance de ses 2facettes, des 2 attraits qu'il éprouve.ce déchirement devient plus manifeste ds le v.27 : au milieu même du vers, lors de la césure, on passe d'une évocation possible de l'union entre Titus et Bérénice (1erhémistiche) au rappel de l'impossibilité de ce mariage (2d hémis).
La césure séparant le vers symbolise ainsi le fait que Titus est un ê partagé.cela se traduit également par le sentiment déchirant de devoir se mutiler soi-même : « sacrifice » v.18, « ce que l'honneur exige » v.53.effets de versification et rythme traduisant agitation intérieure de Titus devant ce dilemme : v.24 [2/4//6], v.27 [1/5//2/4]…← monologue de Titus met dc en évidence un empereur déchiré, partagé entre l'attrait de sa passion pr Bérénice et les devoirs de sa charge.
L'un des termes del'alternative devant l'emporter sur l'autre, il s'agit pr Titus de peser avec rigueur le pr et le ctre.
2) un monologue qui pèse le pour et le contreExamen de 2 argumentations ctradictoires, cad de 2 exigences inconciliables.a) les arguments en faveur de l'amour (v.4-27)On assiste tt d'abord à une victoire de l'amr ds son âme au début de son monologue.
Titus tente de se persuader qu'il peut échapper au sacrifice de son amr, qu'il peutbafouer la loi romaine et imposer Bérénice à Rô.
Il veut croire à son bonheur et se laisse aller à une rêverie obéissant au principe de plaisir et empreinte parfois delyrisme amreux (v.26).
Il recourt pr cela à 3 arguments :v.4-14 : sa conduite est cruelle et inhumaine.
Le v.6 la met en avant en montrant qu'il ne peut pas y avoir de juste mesure ds cette cruauté et qu'elle ne peut pas êatténuée (« peu », « il faut » marquant l'exigence).
Opposition entre sa propre conduite et celle de Bérénice marquée par la douceur : « douce langueur » v.7.v.15-20 : Rome ne s'est pas manifestée clairement et l'État n'est pas en danger : chp lexical de l'ouïe (« entendons », « crier » v.16) et du danger (« penchant »,« précipice » v.17, « sauver » v.18).v.21-23 : il se peut que Rome accepte Bérénice et qu'elle se ralliera à l'amr de Titus pr elle.
Voir l'attrait que le peuple peut avoir pr Bérénice : « sensible », « vertus »v.21.cela aboutit à une 1ère résolution : « Non, non, encore un coup, ne précipitons rien » v.24.
Décide de ne pas rompre tt de suite (choix de l'attente).
Prophétie : « Romesera pr ns » v.27.
Ms cette résolution sera de crte durée : elle sera en vigueur pdt un hémistiche slmt.b) les arguments en faveur du renoncement (v.27-54)Si les arguments de l'amr sblent l'emporter ds un 1er tps, ils sont cpdt contrés par les arguments du devoir (correspondant à la thèse adverse) qui vont ê développés dsla dernière partie du monologue.
Titus évoque 4 arguments en faveur du sacrifice :v.28-31 : le peuple romain, qui déteste les rois, n'attendrait qu'un prétexte pr se révolter.
Difficile de s'opposer à cet état de fait : la réaction des Romains est cultivéedepuis leur enfance (« la haine des rois avec le lait sucée » v.29 ; négation v.30).
Cette argumentation se met en place avec l'image de la fin de l'aveuglement v.27 :« ouvre les yeux ».v.32-37 : la gloire de Titus est sérieusement cpromise par son amr pr une reine étrangère (chp lexical de l'ouïe v.32, 33, 36).v.38-40 : l'hô qui se livre à l'amr au lieu d'écouter son devoir est indigne de htes fonctions car la passion le détourne de sa gdeur et de sa gloire.
Termes évoquantl'abdication : « renonce » v.38, « va, cours te confiner » v.39, « fais place », « plus dignes de régner » v.40.v.41-52 : Titus se reproche de ne pas avoir exercé noblement ses fonctions et de ne pas avoir encore été l'empereur bienfaisant qu'il veut ê (« heureux » v.46 évoquantun règne bénéfique, « satisfaits » v.47 montrant qu'il est apprécié par son peuple, « fruit de mes bienfaits » v.48) ; il s'accuse d'avoir mis de côté ses idéaux politiquesà cause de son amr pr une fê alors que ses sujets attendent tt de lui.cela aboutit à la résolution finale exprimée ds les 2 derniers vers.← la délibération mise en place ds le monologue aboutit dc à une décision qui voit la victoire de l'argumentation en faveur du renoncement : la résolution sble dcprise.
3) la résolutiona) une résolution qui n'est pas tout à fait inattenduecertains indices pvaient laisser penser que le devoir sortirait vainqueur de cette confrontation.
On constate en effet que le nom de Rome est présent de man révélatriceds le monologue.
On renctre ce terme à 7 reprises, et ce dès la présentation des arguments en faveur de l'amour (v.15, 22, 23, 25, 27, 31, 36).
Ainsi, ce nom est plusfréquent que celui de Bérénice qui est évoqué 2 fois (v.2, 35).on remarque qu'un terme utilisé ds le domaine de la rhétorique amreuse (« yeux » v.7, 9) est repris ds le thème du devoir v.47 pr évoquer ce que le peuple attend deson empereur : on passe ainsi d'une thématique passionnelle à une thématique politique, montrant que cette dernière va l'emporter ds l'â de Titus.b) l'expression de la résolutionv.53 : 2 crtes phr ds le vers (indice d'une résolution).
Expression claire et déterminée de ce qu'il doit faire.utilisation de l'impératif de 1ère pers du plur v.53, 54 : peut ê vue cô un moyen de s'encourager pr affermir sa décision.vbe « exige » v.53 placé à la rime : vbe au sémantisme fort indiquant que Titus ne peut que se plier aux conditions vlues par le devoir.décision d'annoncer à Bérénice cette rupture : « rompons » v.54.
Image du « lien » symbolisant une union qui n'est plus de mise.cpdt, présence de pts de suspension sur lesquels se clôt le monologue : indiquent arrivée de Bérénice.
Expression de la résolution de Titus est dc incplète ds cepassage et va trouver son application immédiate ds la scè qui suit.
Conclusion
Ce monologue extrait de la scène 4 de l'acte IV de Bérénice de Racine présente dc un triple intérêt.
D'un pt de vue dramatique, il fait attendre avec impatience laconfrontation annoncée entre Titus et Bérénice, le spectateur se demandant si le héros saura mettre en œuvre la décision prise au terme de sa délibération (ce qu'ilfera dès le début de la scène suivante).
D'un pt de vue psychologique, ce monologue apporte au public un éclairage supplémentaire sur la personnalité complexe etcontradictoire de l'empereur.
D'un pt de vue dramaturgique, ce monologue, en déployant une délibération qui examine ts les aspects du dilemme tragique, est propre àsusciter l'émotion du spectateur qui ne peut s'empêcher de livrer une réflexion sur les aléas de la condition et les renoncements inévitables imposés à l'individu..
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