BEN JELLOUN Tahar : sa vie et son oeuvre
Publié le 18/11/2018
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BEN JELLOUN Tahar (né en 1944). Poète, romancier, essayiste, prix Goncourt pour la Nuit sacrée (1987), Tahar Ben Jelloun est l’héritier d’une double culture, française et arabe. Après des études secondaires à Tanger puis philosophiques à l’université de Rabat, il collabora de 1968 à 1970 avec A. Laâbi et M. Khaïr-Eddine à la revue marocaine Souffles dont le rôle fut déterminant dans l’élaboration de nouvelles perspectives littéraires. Certaines rencontres culturelles furent très importantes pour le futur créateur : la poésie surréaliste avant celles de Baudelaire, Rimbaud et Verlaine, mais aussi Nietzsche (Zarathoustra), Maïakovski, Nazim Hikmet et surtout des cinéastes comme Bunuel, Fellini, Ozu. Paradoxalement c’est en France qu’il découvrit la poésie arabe. Venu à Paris, il soutint en 1975 une thèse en psychiatrie sociale qui lui donna la matière des deux œuvres qui attirèrent sur lui l’attention du public français : un essai, la Plus Haute des Solitudes (1977) — histoire des fantasmes sexuels de l’émigré interprétés comme manifestation d’une totale solitude affective — et une œuvre de fiction, la Réclusion solitaire (1976) — chant du désespoir où les rêves s’enchaînent aux souvenirs. Dans ce roman-poème, articulé sur la structure onirique qui caractérise ses premières œuvres, réapparaît le réseau métaphorique des recueils poétiques antérieurs.
En effet Cicatrices du soleil (1972), le Discours du chameau (1974), Les amandiers sont morts de leurs blessures (1976) comme plus tard A l'insu du souvenir (1980) ou la Remontée des cendres (1991), ce dernier recueil publié avec la traduction en arabe, poèmes et proses poétiques, racontent la blessure du corps arraché à sa terre, la tension du désir, les fissures de la mémoire d’où surgit l'image des villes aimées. Toute cette poésie joue sur un matériau infiniment riche : variations sur le thème de la déchirure, bestiaire symbolique, espace du sens (de l’arbre de l’enracinement au « nuage bleu » du désir).
«
dir
: quel est le pays de ses racines sinon celui de ses
affections, ce «pays intérieur» de l'amour, de la
mémoire et du rêve? Pour qui et pourquoi écrit-il en
cette langue française qui lui donne une liberté que ne
permettrait pas la langue du Coran? Qu'est-ce que l'écri
ture sinon un point d'ancrage dans la réalité, la possibi
lité de maintenir le réel dans l'irréversibilité de la parole?
Mais cette enquête angoissée est tout enveloppée du bon
heur d'écrire.
Et ce qui séduit le lecteur, de livre en livre,
c'est bien avant tout une voix particulière, faite de poésie
et d'authenticité, murmurée, pudique et lumineuse.
[Voir
aussi MAGHREB.
Littérature d'expression française]..
»
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