Belle fonction à assurer, celle d'inquiéteur, disait André GIDE. Quelles oeuvres littéraires ont joué, pour vous, ce rôle d'éveil à l'inquiétude, en quelque domaine que ce soit ?
Publié le 10/02/2012
Extrait du document
Introduction
• Cette formule est extraite du «Joumal« de Gide (28 mars 1935)...
• Mais il fut un « inquiéteur «bien avant de l'exprimer.
• Qu'est-ce qu'être inquiéteur? C'est :
1) «inquiéter la conscience littéraire en bouleversant la co.nception
traditionnelle « (du roman, de la poésie, du théâtre ... ) (d'après le XXe siècle col. Lagarde et Michard, Ed. Bordas, à propos d'A. Gide) ;
2) « réveiller toutes les interrogations qui dorment sous le bouclier des conventions« (idem).
«
Première partie
Inquiéter la conscience Uttéralre Gide lui-même dans :
- ses «Nourritures Terrestres», à la composition très lâche,
addition d'éléments« affistolés »(c'est son propre terme).
-
ses soties ( 1) et récit.s_, plutôt que Romans.
- plus encore la construction du roman gidien, en
«abyme».
Ex.
: Les Faux Monnayeurs, «Roman dans le roman», dit-il,
«procédé du blason, qui consiste dans le premier, à en prendre
un second en
abyme(= le centre de l'écu)»
ill Au cours des lectures, se découvrent plusieurs grands noms
qui s'imposent comme
« inquiéteurs » littéraires, tels :
- Baudelaire et
les mystérieuses correspondances qu'il révèle
à l'« Hypocrite Lecteur» [ son 1 «frère», et surtout Rimbaud,
à la prodigieuse aventure poétique.
Il surprend d'abord :
·
- Par son sonnet « Voyelles», plus spectaculaire d'ailleurs que
réellement révolutionnaire ;
- Mais bien plus encore
par sa tentative de «voyant», ~n utilisation de l'hallucination « simple» ou de celle «des mots».
-Il «fix [ e 1 des vertiges», «devi [ent 1 un Opéra fabu
leux»,
et forge «un verbe accessible à tous les sens»; c'est sa fameuse« alchimie du verbe».
-C'est Une Saison en Enfer, «expérience surhumaine», -Puis : t Illuminations», « parade sauvage» dont, dit-il, il a
«seul la clef»; _qui stupéfie, attire et finalement demeure
pénétrable.
Cf.
Aube («Illuminations»).
- Rimbaud, le «choc poétique» de Claudel.
• Autre «inquiéteur» : Lautréamont et Les Chants de Mal
doror, «un cauchemar qui tient la plume», d'après sa propre
formule;
«Monstre qui semble autant créer l'auteur qu'être
créé par
lui» (Clancier); œuvre violente, brftlante, caricaturale,
d'une audace stupéfiante; «chant de révolte et d'exaltation»,
d'un caractère unique, d'une nouveauté stupéfiante, qui révèle
des domaines
de l'âme, interdits jusqu'alqrs, et dont l'influence
sur
le surréalisme fut déterminante.
• Il faudrait parler aussi précisément du Mouvement surréa liste, dont le nom même est un hommage à Gérard de Nerval (et à son « surréel »), grand « inquiéteur » littéraire également ...
• Il faudrait citer - Jarry, son humour noir, son Ubu _grotesque ...
(1) Sode : genre dramatique ll1l Moyen Age.
Pour Gide : récits assez
cocasses, où s9nt présentés symboliquement certains thèmes inhérents à la condition humaine: Prométhée mal enchaîné, tL'lmmoraliste»..
»
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