BELGIQUE. Littérature d'expression française. L'influence de la Belgique sur la littérature française
Publié le 18/11/2018
Extrait du document
«
ture
wallonne d'expression française et, même, une liné
rature belge d'expression française.
Il ne semble pas
nécessaire d'inventer ici une littérature bruxelloise d'ex
pression française (?) pour classer les Fables de Pitje
Schramouille, de Roger Kervyn de Marcke ten Driessche
et le trop célèbre Mariage de Mademoiselle Beulemans
qui a fixé 1 'ethnotype belge dans bien des esprits.
Quatre littératures, et combien d'écrivains de 1830-
date de naissance de la Belgique -jusqu'à nos jours?
Beaucoup, si r on en croit les histoires de nos lettres, les
anthologies, les critiques, les annuaires des associations
d'écrivains ...
Anne-Marie Trekker et Jean-Pierre Vander
Straeten se considèrent comme sages quand leur propos
anthologique se fixe sur Cent auteurs contemporains.
Quant à Robert Prickx et Michel Joiret, ils épinglent,
dans un ouvrage très sérieux, soixante-seize poètes (sans
compter les mmores cités) de 1880 à nos jours.
Avec les
romanciers, les dramaturges et les essayistes, cela fait
donc plusieurs centaines d'auteurs qui ont leurs défen
seurs et, parfois, plus d'une centaine de lecteurs ...
Car
ce qui rassemble le plus objectivement les écrivains de
Belgique, c·est l'ignorance dans laquelle ils sont tenus.
A quelques exceptions près (Maeterlinck, Verhaeren,
Plisnier, Simenon, Carême, Michaux, Mallet-Joris),
l'école les exclut, le grand public les oublie.
les organis
mes officiels en font des assistés culturels en achetant
des volumes que nul ne lit et les récompenses qu'ils
reçoivent -fût-ce une citation à l'ordre alphabétique
dans un dictionnaire -sont infiniment plus souvent des
prix de vertu que des consécrations littéraires.
Une mère patrie pour quelques millions
d'orphelins
Le triangle oblong, aujourd'hui cerné entre les Pays
Bas, l'Allemagne et la France, avec une cauda luxem
bourgeoise caduque, n'a jamais coïncidé, avant 1830,
avec une entité politique.
Le traité de Verdun (843)
répartissait déjà entre la France et la Lotharingie ce terri
toire où s'opposeront, à l'époque des ducs de Bourgogne,
les sujets du Téméraire et ceux de Louis Xl.
C'est sous
le régime espagnol que les Belges subissent la Sainte
Inquisition et sous le régime autrichien qu'ils connais
sent le despotisme éclairé de Marie- Thérèse et de
Joseph IL Une tentative de Confédération à l'américaine
échoue en 1789, après la révolution brabançonne, et la
défaite autrichienne de Jemmapes inaugure le régime
français.
Encore faut-il ajouter qu'à travers tous ces siè
cles, la principauté de Liège connaît un destin différent,
soumise à des influences étrangères, mais autonome dans
les faits.
Elle ne rejoint les autres provinces qu'en 1794
pour connaître avec elles l'expérience hollandaise déci
dée par le congrès de Vienne ( 1814) et, en 1830.
une
révolution nationaliste vécue dans un climat des plus
romantiques.
Préparés de longue date, les révolutionnai
res se soulèvent à la fin du duo patriotique de la Mue/le
de Portici, représentée à Bruxelles.
Peu de temps après,
la Belgique naît.
Ce sera une monarchie constitutionnelle
avec pour devise «L'union fait la force >>.
«Un pays né
d'un opéra dt! M.
Auber>>, écrira Claude Javeau cent
cinquante ans plus tard, « ne peut peser bien tourd dans
la Weltanschauung d'un intellectuel >> ...
Constitutionnel ne signifiant pas populaire, le bilin
guisme de l'État ainsi formé ne semblait pas susceptible
de venir troubler l'union.
Aristocrates et bourgeois ne
parlaient que français et c'est dans cette seule langue
qu'ils décidèrent d'administrer le pays.
Mais dès 1838,
se dresse le Lion de Flandres (De Leeuw van Vlanderen)
de Henri Conscience, synthèse vibrante des aspirations
du peuple flamand, linguistiquement colonisé par sa pro
pre bourgeoisie.
C'est le début d'une longue revendica
tion qui ne sera théoriquement satisfaite qu'en 1898, moment
où il est enfin décidé que les textes officiels
seront promulgués en flamand comme en français.
Mais
cette mesure est loin d'avoir résolu immédiatement le
problème social, comme le note fort justement la Pla
mande Suzanne Lilar, en évoquant son enfan ce: « Il y
avait donc la classe ouvrière et paysanne qui patoisait
allégrement, la classe dirigeante qui usait d'un français
assez pur-et parfois même admirable.
Entre les deux,
la petite bourgeoisie qui s'y efforçait mais parlait aussi
le néerlandais, mâtinant cette langue de gantois.
Car telle
était en ce début du siècle l'aberration linguistique que
parler le néerlandais correctement exposait aux sarcas
mes et à 1' accusation de "flamingantisme".
Ainsi le lan
gage révélait-il le milieu auquel on appartenait, ainsi
venait-il renforcer le compartimentage des castes >> (Une
enfance gantoise, 1976).
Et l'on peut trouver des consi
dérations semblables dans le dernier roman d'Hugo
Claus, Het Verdriet van België, récemment traduit en
français sous le titre le Chagrin des Belges ( 1985).
Une littérature malgré tout
Il est clair qu'avant 1830, les régions où se situe
actuellement la Belgique n'ont pas été de grands déserts
culturels.
Mais sans patrie point de littérature nationale,
et c'est à leur place, donc au sein de la littérature fran
çaise, que l'on rencontre la vieille Cantilène de Sainte
Eulalie, les œuvres de Jean d'Outremeuse, de Georges
Chastellain, aussi bien que le Tableau des différends de
la Religion de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde
(1540-1 598) et les Mélanges militaires, lilléraires et sen
timentaires ou les Contes immoraux du prince Charles
Joseph de Ligne (1735-1814).
Avec la fondation de la Belgique coïncide la naissance
d'une littérature nationale dans un climat de romantisme
attardé.
Ce sont les essais, peu convaincants, de versifi
cation rythmique «à l'allemande>> dus à André Van
Hasselt ( 1806-1874), Maastrichtois qui avait décidé
d'être belge; à peine supérieurs, ce sont les poètes wal
lons Théodore Weustenraad (1805-1849) et Édouard
Wacken ( 1819-1861) ou le penseur hennuyer Octave Pir
mez ( 1832-1883), «Vauvenargues wallon» (G.
Char
lier) et.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- «Pour douer notre littérature d'une action efficace, il fallait trouver le secret de l'action sur les esprits : ce secret est la clarté. Comprenons ce mot : il faut évidemment le soustraire à des interprétations grossièrement faciles. Paul Valéry a insisté souvent sur le fait que de nombreuses gens la confondent avec leur propre paresse d'esprit. Il ne s'agit pas d'être compris par les distraits. La clarté de Racine n'est qu'une apparence ; je défie un lecteur moyen d'expliquer tout ce
- ITALIE. Influence de la littérature italienne sur la littérature française
- GRÉCO-LATINE (littérature). Influence sur la littérature française
- ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE. — Influence de la littérature nord-américaine anglophone sur la littérature française
- ÉGYPTE. Littérature égyptienne d'expression française