Bel-Ami, roman naturaliste ?

« 106 LE TEXTE À L'EXAMEN journaliste lui a permis d'observer le monde de la presse.

Tout le jeu du « roman à clés », auquel se sont livrés les lecteurs, prouve, à son corps défendant, que ce roman était perçu comme représentant la réalité journa­ listique de l'époque: Cependant, Maupassant, dans sa réponse du Gil Blas (cf.

pp.

117-118), récuse l'accusa­ tion d'avoir voulu décrire « la » presse mais seulement une certaine presse qu'il qualifie d' « interlope ».

Ce fai­ sant, il reste dans la lignée du roman naturaliste qui choisit souvent ses sujets dans les milieux les plus sor­ dides.

Le romancier naturaliste invente une situation qui constitue l'hypothèse et en déduit tout le volume : l'analyse de l'incipit (cf.

pp.

96 à 100) montre bien que tout est en place dès les premières pages.

Mais faut-il attribuer cette élaboration à une doctrine ou à l'art du romancier, à ses principes esthétiques (cf pp.

121 à 125)? el LE TRAITEMENT DES PERSONNAGES Le romancier naturaliste fait se mouvoir les per­ sonnages pour montrer que la succession des faits y est telle que l'exige le déterminisme des phénomènes étudiés : les étapes de l'ascension de Duroy semblent plutôt s'enchaîner par la volonté et l'opportunisme du personnage que par une fatalité.

C'est lui qui, écoutant les conseils que lui suggère tel ou tel, et observant com­ ment marche cette « salade de société », enclenche les événements.

• Les personnages sont gouvernés par leurs ins­ tincts, par leur hérédité : il est exact que la réussite de Duroy se fait par la puissance de ses instincts élémen­ taires (sexualité, cupidité ...

), mais le portrait de ses parents (II, 1) ne cherche pas à souligner fortement le caractère héréditaire, même si les paysans normands sont fréquemment présentés comme « naturellement » · portés sur la sexualité, l'argent et la roublardise .

., Ils sont influencés par le milieu, le lieu, le moment qu'il faut étudier soigneusement : c'est sans. »