BEAUMARCHAIS LE MARIAGE DE FIGARO ACTE 1 SCENE 1
Publié le 18/09/2018
Extrait du document
A la révélation finale de Suzanne, il répond par une plaisanterie : Ma tête s’amollit de surprise ; et mon front fertilisé… On a l’impression qu’il est assommé par cette révélation. L’image de la mollesse ma tête s’amollit est la manifestation verbale d’un effondrement physique et moral. En outre, cette expression mon front fertilisé est une allusion aux attributs des maris trompés. Sa réaction n’est pas encore celle de l’action, mais il rêve d’agir en héros Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur. Les répliques qui suivent sont une accumulation de paroles velléitaires : ce n’est rien d’entreprendre …mille sots coquins l’ont fait. Le mais qui suit atteste qu’il n’est pas encore ce héros dont il rêve.
A cette relative passivité de Figaro s’oppose la vivacité de Suzanne. « La camariste spirituelle, adroite et rieuse » dont parle Beaumarchais dans sa Préface mène le jeu dans cette scène. Elle a d’abord de solides principes moraux. C’est ainsi qu’elle refuse de céder aux propositions du Comte qui lui offre une belle dot pour jouir du droit du seigneur. Elle entreprend de faire éclater la vérité aux yeux de Figaro. Figaro cède, il reconnaît sa défaite et en même temps la supériorité éclatante de Suzanne (on a tort), dont les reparties pleines de finesse et de sous-entendus montrent l’intelligence et la maîtrise du langage. Suzanne reprend par exemple, signe de son exaspération, les termes de Figaro : zeste crac en trois sauts.
Dans la situation présente, Figaro apparaît à armes inégales avec le Comte, du fait de sa position sociale, de sa crédulité et de sa fragilité. Devant la colère de Suzanne, Figaro semble en décalage.
«
Cette hypothèse de la chambre nuptiale est confirmée par le chapeau de la mariée et le petit bouquet
de fleurs d’orange : les fleurs d’oranger sont le symbole de la virginité et de la féminité, Suzanne apparaît
comme une jeune fille coquette, féminine et donne fraîcheur et gaieté à la scène.
Au milieu de cette salle un grand fauteuil de malade semble inutile pourtant sa fonction se révèlera
essentielle dans la suite de la pièce (dans l’acte 1 scène 8).
Les objets que constituent les accessoires et le mobilier sont donc représentatifs d’un milieu intime que
chacun des personnages cherche à s’approprier.
B.
La fonction symbolique de l’espace : un espace menacé
A la vision plutôt statique de Suzanne, s’oppose celle, dynamique, de Figaro mesurant l’espace de la
chambre.
Pour lui, cette chambre est la plus commode du château.
Figaro paraît se satisfaire de sa condition de valet puisqu’il accepte d’être logé et meublé par son
maître.
Le lieu que lui attribue son maître est un lieu qui lui plait, comme le soulignent un vocabulaire
laudatif : bonne grâce, beau lit, et l’utilisation du superlatif : la plus commode.
Cela témoigne de son manque de lucidité car Figaro ne voit pas que cet espace est miné et piégé.
Suzanne a compris que si sa chambre est à côté de celle du Comte c’est pour que celui-ci puisse aisément
profiter d’elle.
Ce lieu est symbolique de l’ordre social puisque la femme est enfermée et elle est au service
du seigneur, comme une proie qui ne peut pas échapper au désir du Comte.
La pièce s’ouvre ainsi sur une réflexion sur le statut des femmes, sur les privilèges qui conduisent aux
abus : c’est le droit du seigneur, ce droit honteux que dénoncent les deux protagonistes.
Suzanne insiste en
effet sur l’impuissance de la femme à se défendre : « seul à seule » « secrètement » « en secret ».
Cette chambre est le lieu de convergence de tous les conflits : conflits des désirs, de l’argent, du pouvoir.
Conflits des désirs : Figaro / Suzanne le Comte/ Suzanne
Conflits d’argent : histoire de la dot Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu’on me donne était pour les
beaux yeux de ton mérite ?
Conflits de pouvoir : contradiction d’intérêt entre Figaro et son maître.
Dès lors l’intrigue est posée : pour Figaro il s’agira d’attraper ce grand trompeur, de récupérer son
« bien » et de protéger son mariage en protégeant son espace.
II Le début d’une « folle journée »
A.
Les rapports de force Dès cette 1ère scène s’ébauchent les alliances et les oppositions entre les personnages.
Le couple de
valets Figaro et Suzanne est uni contre le Comte.
Suzanne rappelle à Figaro ses engagements : Es-tu mon
serviteur, ou non ?.
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