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Beaumarchais, le Barbier de Séville, Acte I, scène 2 ( 1775) – Lecture analytique.

Publié le 18/09/2018

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une victime, dans un monde littéraire où règnent les mesquineries, les cruautés. Il faut noter la violence des termes qu’il emploie : « loups », « acharnement », « déchiqueter ». On remarque la métaphore filée au monde des insectes « insectes », « moustiques », « cousins », « maringouins » , termes qui se veulent péjoratifs dans l’énumération qui met l’accent sur tous ces parasites qui tournent autour des gens de lettres et les oppriment.

Ainsi, Figaro fait le tour des vices des grands, des tares de la « république des lettres », et en quelques lignes il fait la preuve de son habileté oratoire. La maîtrise de la langue est une des qualités de ce valet haut en couleur.

 

CONCLUSION

 

Valet impertinent, audacieux, Figaro séduit par ses qualités oratoires, sa gaieté et son esprit qui véhicule les idées des Lumières.

Grâce à ce personnage hors du commun, cette scène d’exposition originale permet au spectateur de mettre en jeu son imagination, de comprendre la singularité, la complexité de ce valet qui se place dès l’ouverture de la pièce sur le devant de la scène.

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« tirade l’énumération de ses déboires : « accueilli dans une ville, emprisonné dans l’autre…..loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là…..

».

Malgré l’accumulation des difficultés, toutes les situations sont énumérées avec fantaisie et humour.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le Comte lui dira « Qui t’a donné une philosophie aussi gaie ? »4)Enfin, Figaro est un homme d’esprit, un personnage intelligent et spirituel.

Son langage en est la preuve.

Il sait être éloquent, dans sa dernière tirade par exemple il est très oratoire.

On note en effet les reprises anaphoriques des formes au participe présent : « Voyant à Madrid », « aidant eu bon temps », « supportant le mauvais », me moquant des sots », bravant les méchants », qui mettent en relief les activités du personnage et miment son parcours.

Il sait aussi user d’antithèses frappantes « loué », « blâmé » ou « rire », pleurer ».

Il a recours à un style hyperbolique et imagé pour souligner la cruauté des milieux littéraires : « de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ».

Il s’amuse de ses propres misères : « abîme de dettes et léger d’argent », « riant de mes misères ». 5)Son esprit est aussi une arme subversive : Figaro est audacieux, capable d’ironie, d’ailleurs appréciée du Comte.

Il sait trouver les mots justes et rétorque au Comte avec impertinence : « Voilà des bontés familières dont vous m’avez toujours honoré », et il feint de l’interroger de manière tout aussi impertinente: « Votre Excellence connaît -elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ? » La relation de Figaro avec le comte est d’ailleurs complexe : on retrouve un mélange de causticité ( ton piquant, mordant) et de complicité.

Almaviva salue les bons mots de son valet : « pas mal » , « puissamment raisonné ». Figaro, on l’a vu en effet, multiplie les remarques pertinentes et ironiques.

L’un et l’autre sont lucides, leur relation est fondée sur une estime sans illusions. Audacieux, frondeur, impertinent Figaro critique l’autorité, le règlement, le gouvernement, et il se distingue des autres valets de la tradition comique par son esprit de répartie. II.

Par l’audace de ses critiques le valet est sur le devant de la scène. Figaro ne fait pas partie des valets balourds, sans esprit, loin de là.

Il ne manque ni de mots pour dire ce qu’il a à dire, ni de lucidité, come nous le voyons tout le long de la scène dans laquelle ses critiques fusent. 1)La critique concerne d’abord son maître en particulier et les puissants en général. a) Dès les premières répliques, Figaro met l’accent sur les outrances passées de son maître, insultes, autoritarisme, en utilisant l’ironie et plus particulièrement l’antiphrase : « Voilà des bontés familières dont vous m’avez toujours honoré » dit-il à propos des insultes du Comte.

Figaro souligne aussi les exigences excessives des maîtres et leur aveuglement en ce qui concerne leurs valets : les maîtres exigent de leurs valets des qualités qu’eux-mêmes ne possèdent pas .

Cléanthis soulignait déjà ce défaut chez ses maîtres. Quand le Comte qualifie Figaro de « paresseux, dérangé » celui-ci rétorque : « Aux vertus qu’on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît -elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ? ».

Le « on » désigne ici les puissants et la critique est particulièrement audacieuse.

Figaro ironise aussi lorsqu’il évoque sa prétendue promotion qu’il est censé devoir au Comte : « garçon apothicaire »….mais pour les chevaux ! :« Dans les hôpitaux de l’armée ? Non ; dans les haras d’Andalousie ».

A travers le ton de Figaro, on décèle rapidement la critique : la répétition des termes « Monseigneur », « Excellence » indique la manière impertinente dont il les reprend et est particulièrement révélatrice de son audace.. »

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