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Beaumarchais - Commentaire de texte : Acte V scène 3, du début à la ligne 118 («...petits écrits»)

Publié le 06/10/2018

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beaumarchais

ANNONCE DES AXES

I) L’amertume de Figaro

 

I) Le trouble de Figaro points de suspension

 

- phrases non verbales

 

- répétitions 2) Le désordre de Figaro

 

- mouvement anarchique ? « se leve » , « se rassied » - tons differents : polémique : (« Noblesse , fortune, un rang de places ! »), comique (« métier de mari », « à moitié ») et ironique (« lancette de vétérinaire »...)

 

3) Figaro détruit moralement

 

- Les images de la victoire du comte et de l'infidélité de Suzanne lui sont insupportables. (« Non , non,vous ne l'aurez pas » + répétitions ? il refuse d'y croire)

 

- La rivalité amoureuse est en réalité une critique sociale

 

II) Critique de la societe

3. L'autodérision de Figaro

 

L'ironie jalonne ce monologue : « il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits », « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! » : ce ton convient parfaitement à aux torts qu'a causé la vie à Figaro en retour de ses nombreuses espérances.

 

L'autodérision mariée à son humour sont ses armes pour combattre ses échecs : « las d'attrister des bêtes malades [...] me fusse-je mis une pierre au cou ! » Antithèse : études et efforts réalisés et métier obtenu, découragement Une autodérision saine et bienfaitrice : A chaque échec,

 

Figaro rebondit. pour s'enfoncer encore plus mais son ton d'autodérision lui permet de ne pas succomber à la dépression.

 

II. Une critique de la société

 

1. L'inégalité

 

Cette inégalité transparaît avant tout dans la naissance. Comparaison du destin de Figaro et de celui du comte : -Dévalorisation humoristique de la naissance : « vous qui vous êtes donnés la peine de naître », qui entraîne passivité, hiérarchie sociale préétablie et des positions fixées à l'avance.

 

-Le Comte est qualifié d'homme « assez ordinaire » alors que la considération générale fait que « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un gd génie » : nouvelle antithèse

Extrait étudié Beaumarchais

Le Mariage de Figaro, Acte V scène 3 (extrait)

 

0 femme ! femme ! femme ! nul animal créé ne peut manquer à

 

son instinct ; le tien est-il donc de tromper ? Après m'avoir

 

obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse ; à l'instant qu'elle me donne sa parole ; au milieu même de la cérémonie... Il riait en lisant, le perfide ! et moi, comme un benêt !... Non, Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas... vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ; et vous voulez jouter ... On vient... c’est elle... ce n’est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu’à moitié ! (Il s’assied sur un banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de ne je sais pas qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je

 

m’en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d’un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire ! - Las d’attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche une comédie dans les mœurs du sérail ; auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l’instant un envoyé... de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate en nous disant : chiens de chrétiens ! - Ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant. - Mes joues creusaient ; mon terme était échu ; je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque ; en frémissant je m’évertue. Il s’élève une question sur la nature des richesses et comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas

beaumarchais

« un sol, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net, sitôt je vois, du fond d'un fiacre, baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté.

(Il se lève.) Que je voudrais bien tenir sur un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais...

que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits.

(Il se rassied.) Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue ; et comme il faut dîner, quoiqu'on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume et demande à chacun de quoi il est question : on me dit que, pendant ma retraite économique, il s'est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s'étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs.

Pour profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique et, croyant n'aller sur les brisées d'aucun autre, je le nomme Journal inutile.

Pou-ou ! je vois s'élever contre moi mille pauvres diables à la feuille ; on me supprime, et me voilà derechef sans emploi ! - Le désespoir m'allait saisir ; on pense à moi pour une place, mais par malheur j'y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint.

Il ne me restait plus qu'à voler ; je me fais banquier de pharaon : alors, bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites comme il faut m'ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J'aurais bien pu me remonter ; je commençais même à comprendre que, pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir.

Mais, comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore.

Pour le coup je quittais le monde, et vingt brasses d'eau m'en allaient séparer lorsqu'un Dieu bienfaisant m'appelle à mon premier état.

Je reprends ma trousse et mon cuir anglais ; puis, laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent, et la honte au milieu du chemin, comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci.

Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie et, pour prix d'avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! Intrigue, orage à ce sujet.

Prêt à tomber dans un abîme au moment d'épouser ma mère, mes parents m'arrivent à la file.

(Il se lève en s'échauffant.) On se débat : c'est vous, c'est lui, c'est moi, c'est toi ; non, ce n'est pas nous : eh ! mais qui donc ? (Il retombe assis.) 0 bizarre suite d'événements ! Comment cela m'est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe 2. »

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