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Beatrix Beck, La Décharge

Publié le 16/10/2011

Extrait du document

Cet extrait est tiré du roman de l’auteure belge Beatrice Beck intitulé La Décharge, publié en 1979, et qui s’inscrit dans le genre littéraire du Nouveau Roman. Dans celui-ci, l’héroïne, Noémi, est chargée par son institutrice de rédiger un texte sur sa vie quotidienne. Noémi est une enfant du «quart monde « : ce terme, inventé en 1969 par le père Joseph Wresinki, désigne les personnes en situation de grande pauvreté. En effet, Noémi vit avec ses sœurs et sa mère dans ce qu’elle nomme «la Décharge«, d’où le titre du roman. Comment ce récit met-il en valeur le rôle du langage et reflète-t-il la misère sociale du « quart monde « ? Nous considèrerons en premier lieu ce texte comme le récit de la vie quotidienne vue par Noémi de sa famille, puis nous analyserons le rôle du langage, pour enfin étudier le reflet de la misère sociale qu’il apporte.

« Le langage est donc très important dans cet extrait.

L’expression maladroite et les comparaisons recherchéesrappellent au lecteur qu’il est en présence d’une jeune narratrice issue d’un milieu très défavorisée qui recycle lesmots pour écrire comme elle recycle les objets pour vivre.

L’auteur utilise la vision naïve d’une enfant pour nousplonger au cœur de la misère sociale. La misère sociale est au cœur de cet extrait.

Le contexte et les lieux de l’action nous plonge directement dans lapauvreté.

Les personnages permettent à l’auteure de montrer les états d’esprit des gens du « quart monde » commecette famille.La mère tient un discours très négatif.

Elle ne croit plus en leur humanité, et dit par exemple « maintenant on estplus des gens » (l.7) sans avoir de regrets.

En effet, elle semble désarmée face à leur situation.

La mère secomporte comme si elle n’était réellement plus une femme normale, on a l’impression qu’elle n’a plus de sentimentshumains et qu’elle ne croit plus et rejette les valeurs de la société.

Elle abandonne le langage qui est caractéristiquedes hommes, et préfère répondre machinalement « ta gueule » ou parler avec « des morceaux de mots » plutôt quede discuter avec ses enfants.

Son manque d’émotion est aussi évoqué lorsque Noémi dit que sa mère a pleuré,tandis que « ses larmes ne coulaient pas mais lui restaient dans les yeux ».

La beauté est pour elle inintéressante,elle refuse d’aller au cinéma pour voir du beau, car cela n’existe pas.

Son monde est laid, et elle ne veut pas rêver.Elle vit dans sa réalité qui est la décharge et la pauvreté, en marge de la société humaine, elle considère qu’elle estrejetée par celle-ci, et agit en tant que tel, comme une machine ou un animal.

Ce personnage reclus dans sontaudis montre à quel point les pauvres sont rejetés et l’absence d’espoir dans leur vie.

Béatrix Beck s’inspire de sapropre pauvreté, et l’étrangeté du personnage de la mère dans ce roman fait peut-être référence à sa propre mère,femme ambigüe qui se suicida.Le personnage de la narratrice Noémi est très différent de celui de sa mère.

C’est une enfant est elle est pleined’espoir.

Elle rebondit sur les propos de sa mère lorsqu’elle dit qu’ils ne sont plus des gens, en comparant cette idéeà celle des Indiens du lac Titicaca qui « croyaient qu’ils n’étaient pas des hommes ».

Elle emploie le terme croire, cequi montre qu’elle sait que ce n’est qu’une idée, et qu’elle même croit en son humanité contrairement à sa mère.Pourtant elle dit que « la Décharge était [leur] lac Titicaca », elle est donc bien consciente qu’elle est rejetée par lasociété, qu’ils sont à part.

De plus Noémi trouve que la Décharge c’est « la bête toujours en train de crever » et luipréfère la mer qui est vivante, ce qui montre que Noémi connait la réalité et comprend le comportement de sa mère.Pourtant Noémi préfère l’imaginaire à cette réalité.

Elle s’évade en allant au cinéma.

Elle aime mieux voir la mer aucinéma qu’en vrai.

Elle croit toujours au beau.

Elle sait transformer la réalité laide et abimée grâce à son imaginationdébordante, à l’image de la manière dont elle transforme les objets.

Noémi « se raconte » (l.29) des histoires à elle-même qui font paraitre la vie à la Décharge plus amusante et moins misérable.Dans ce roman les enfants ont une vision plus optimiste sur leur situation, d’une part par la naïveté due à leurjeunesse, et grâce à l’imaginaire comme exécutoire d’autre part.

Noémi et Clothilde sa sœur semblent en effet voirl’aspect positif de la vie en elle même et ne pas se borner à la Décharge.

Elles reflètent la volonté de certainsjeunes du quart monde, qui ont l’espoir de sortir de la pauvreté et d’aller plus loin.

Lorsque les deux jeunes filles vontvoir la mer au cinéma, et que plus tard elles parviennent à la voir en réalité, on a l’impression qu’elles ont réussi àréaliser un rêve.

Elles se sont écartées de la Décharge, même si celle-ci est toujours présente dans leur vie.

Ladécharge revient dans leur esprit sans arrêt même si elles n’y sont plus prisonnières durant le temps de la colonie.Dans le texte la décharge revient par comparaison avec la mer.

Noemi et Clotilde sont débrouillardes dans la vie detous les jours grâce au principe de recyclage de la décharge.

Cela apparait donc comme un avantage et on peutimaginer un coté positif et cette misérable vie.

Elles sont heureuses de trouver ces vieux objets et les voient commedes dons, sans lequel elles ne pourraient pas vivre.

Clotilde dit que le baigneur sans corps « est un ange », alors quepersonne n’y aurait fait attention car cet objet ne présente aucune utilité, les filles voit en cette tète quelquechose bon et de divin.

Noémi est douée pour l’écriture et son instructrice l’incite à écrire.

Cela apparait comme ungrand espoir pour le futur, un moyen de s’en sortir, et cela grace à son imagination débordante, cultivée par sa vie àla décharge. Dans ce roman l’auteure mêle les thèmes de l’enfance et de la misère sociale avec adresse grâce au point de vue dela narratrice-personnage, la jeune Noémi.

La position de la narratrice, sa jeunesse et le langage enfantin et souventfamilier qu’elle emploie nous donne une vision très objective de la pauvreté dans laquelle elle vit.

Noémi n’est jamaispessimiste et décrit sa simple vie avec humour, tout en essayant d’y trouver des bons côtés.

L’image que l’enfantdonne de sa mère, d’une femme n’ayant plus aucune humanité et sans le moindre espoir, nous montre à quel pointcelle-ci est désarmée face à cette misère, ce qui reflète l’état d’esprit majeur de gens du « quart monde ».

Acontrario le personnage de la petite Noémi nous montre les personnes douées qui rêvent de s’en sortir et quiessayent de s’évader tout d’abord psychologiquement, en imaginant une meilleure vie, comme Noémi le fait.. »

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