Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1861) L'Albatros - Lecture analytique
Publié le 18/04/2025
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Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1861)
L'Albatros
1
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les goufres amers.
5
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
10
15
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'inirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Pour vous procurer les FDM en oeuvre intégrale : Les Fleurs du Mal
Voici le plan de l'explicaion telle que je l'ai faite dans cete vidéo
Lecture Analyique
"L'Albatros"
Introducion :
l Lorsque paraît le recueil des FDM en 1857, il a un grand retenissement.
Procès à
l'issu duquel 6 pièces sont condamnées.
Baudelaire retravaille à une édiion
augmentée de nouveaux poèmes qui sort en 1861.
"L'Albatros" est l'un de ces
poèmes emblémaiques de la problémaique dans laquelle Baudelaire se sent pris
en tant que poète, et de l'incompréhension à laquelle il fait face.
1.
Un poème qui repose sur une série d'opposiions binaires
2.
Un récit à caractère sympbolique
1.
Un poème qui repose sur une série d'opposiions binaires
l Poème célèbre, aimé et facile à comprendre car met en place un réseau renforcé
d'opposiions :
l V2 et 4 : Opposiion vericale entre la mer et le ciel.
"vastes oiseaux des mers"
hypallage.
On s'atend à "vaste mer" ou "oiseaux du ciel".
Le ciel s'érige donc audessus de la mer sans être nommé.
Ce qui est du ciel n'échappera pas, dans la suite,
à la pesanteur et retombera au niveau horizontal.
l D'autant que à ce qui est en haut, répond par une rime riche ce qui est en-bas
"goufres amers", métaphore péjoraive qui laisse entendre une profondeur
menaçante et sous-jaçante.
l 2ème strophe : mouvement descendant selon cete vericalité précédemment
dessinée : Les "ailes" se transforment en "avirons".
l Simultanément, déchéance de la majesté (v6) "rois" deviennent "maladroits", rime
riche intérieure
l 3ème strophe insiste et renforce cete déchéance.
9-10 : Césures à l'hémisiche,
ponctuaion expressive.
11-12 : construcion parallèle de "L'un" et "L'autre".
l Dernière strophe vient enrichir ces opposiions d'une dimension symbolique.
Equivalence "prince des nuées"(13)/"rois de l'azur"(6).
Rime "nuées/huées" conjoint
ciel et sol comme précedemment de faisait la rime "oiseaux des mers/goufres
amers" (1è st)
2.
Un récit à caractère symbolique
l Le dernier vers produit un efet de chute en reprenant une dernière fois l'opposiion
vericale dans deux hémisiches égaux et netement marqués.
l L'ensemble du poème est narraif.
Temps=présent de narraion.
V1 : l'adv "Souvent"
marque une acion répéiive et habituelle.
l "pour s'amuser" = par déseuvrement, mais également par cruauté : V3 "indolents
(=sans douleur), leur font connaître la douleur, d'abord morale avec la succession
d'adjecifs aux vers 9 et 10 "gauche et veule", "comique et laid" puis physique avec
"brûle-gueule" ( 11) et "archer" (14)
l 12: "l'inirme qui volait", seul verbe au passé.
Inirmité à la fois physique et morale,
qui prépare la comparaison avec le poète qui "est semblable au..." (13)
l Cruauté des "hommes d'équipage", maintenant assimilés à la foule.
Les "planches"
(5) sont le lieu de la représentaion du ridicule, le théâtre où se diverit le vulgaire.
l Connotaion pathéique de la in du poème, lieu d'"exil" (15)
l 16 : Présent de vérité générale, seul occurence du poème qui vient clore l'apologue
ou la fable et sceller sa signiicaion symbolique transparente, appuyée par la grande
régularité du vers.
Conclusion :
l Baudelaire rejoint donc par cete fable symbolique la lignée des poètes maudits,
êtres écartelés entre deux mondes inconciliables où l'idée de vericalité est reprise :
l'idéal et la pureté du monde éthéré de la poésie et les afres de la douleur et du
spleen dans un monde auquel il est inadapté.
l Toute cete structure d'opposiion binaire parcourt la secion la plus importante des
FDM : "Spleen et Idéal", de laquelle fait parie 'l'Albatros".
Victoire assurée des
forces de la pesanteur et de l'horizontalité.
Un autre commentaire de ce même poème, qui suit une logique diférente, qui
n'est pas de moi, mais que je vous joins ici à itre d'exemple :
Introduction
Le poème L'Albatros, de Charles Baudelaire est extrait de "Spleen et idéal", la deuxième partie du
recueil Les Fleurs du Mal.
Cette partie évoque l'homme déchiré entre l'aspiration à l'élévation et
l'attirance pour la chute, déchirement à l'origine de la tristesse nommée spleen, indissociable de la
condition humaine et qui finit par triompher.
Ce poème a été inspiré à Baudelaire lors d'un voyage sur un navire qui devait le mener juqu'aux
Indes, mais qui finalement s'est achevé sur l'île Maurice.
L'albatros traduit chez Baudelaire la
conscience d'être différent des autres.
Baudelaire a recours à une image très suggestive pour
dépeindre sa propre condition dans une société qui l'ignore complètement.
L'image de l'albatros
capturé évoque l'idée d'un être totalement étranger au monde qui l'entoure.
Baudelaire faisait partie
de la génération des poètes maudits, c'est-à-dire non compris par les gens de son époque.
Les trois
premières strophes concernent l'albatros tandis que la dernière est dédiée au poète.
Problématique : Il s'agira de découvrir la signification allégorique du poète.
Annonce des axes
I.
La parabole du poète oiseau
1.
Une double analogie
2.
L'élévation
II.
Un univers soumis à de fortes tensions
1.
Le jeu des antithèses
2.
Le jeu sur les sonorités
3.
Le mouvement des phrases
III.
Les symboles d'une chute
1.
Une image symbolique
2.
La portée des images
Commentaire littéraire
I.
La parabole du poète oiseau
1.
Une double analogie
Le poème L'Albatros est fondé sur une double comparaison.
L'albatros est personnifié étant donné
que le poète est comparé à l'oiseau.
Grâce à un réseau de personnification, les trois premières
strophes comparent l'albatros à un roi déchu ("roi" vers 6), à un voyageur ailé tombé du ciel.
La
quatrième strophe explicite le symbole en faisant du poète, par une comparaison et une métaphore
hyperbolique, un "prince des nuées" (vers 13) aux "ailes de géant" (vers 16).
Exilé parmi les hommes, la
vie de l'albatros apparaît donc comme une parabole qui définit l'existence du poète.
Le poète et
l'albatros sont associés dans la dernière strophe et cette association oblige à une réinterprétation : le
voyageur ailé devient le poète, les hommes d'équipage : la foule et les planches : le théâtre social.
2.
L'élévation
- La verticalité, l'aspect aérien.
L'albatros est évoqué dans toute sa grandeur comme le confirme
l'enjambement des vers 1 et 2 qui suggère l'immensité des espaces que l'albatros a à parcourir.
Cette
notion de grands espaces est renforcée par l'hypallage du vers 2 ("vaste oiseau des mers" = oiseau
des vastes mers).
- L'aspect sublime : Au-dessus de....
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