BAUDELAIRE : L’Albatros. (Les fleurs du Mal, Spleen et Idéal.) - Commentaire
Publié le 08/02/2016
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2. Son humiliation, quand il est sur les planchèS) on butte à la grossièreté des matelots. Les épithètes sont accumulé^ accolées deux à deux, et soulignent non seulement son attitude ridicule (maladroit, gauche, comique), mais sa déchéance intime : honteux, veule (sans ressort), laid.
Le poème n’est qu’une suite d’antithèses, magnifiquement reprises et résumées dans le dernier vers, qui s’applique aussi bien au poète qu’à l’oiseau.
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Malgré ses outrances et le masque qu’ils’est donné, Baudelaire est profondément humain. Ame noble et délicate, il a des ailes. Il a et conservera toute sa vie la fierté de son génie. Opposer à Musset :
J’ai perdu jusqu’à la fierté,
Qui faisait croire à mon génie. (Tristesse.)
Baudelaire a beau être méconnu et en souffrir (il y a de l’amertume dans l’avant-dernière strophe), il se sait infiniment supérieur à ceux qui le méprisent, et les dernièrs vers respirent un magnifique orgueil.
«
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TEXTES COMSIENT(S ET COMPAflhS
I.
Idée du poème.
C'est un poème symbolique destiné à traduire une idée sous
une forme sensible.
Le symbole est une comparaison, mais une
comparaison qu vit et se développe et dont la clef se trouve à
la fin.
L'idée est, ici, l'impossibilité pour le poète de s'adapter
à la vie réelle et pratique.
Son génie l'isole, le prédispose à la
souffrance et l'expose aux railleries des gens qui se meuvent
tout naturellement dans un monde vulgaire et routinier et
sont fermés à tout idéal.
On peut comparer avec le
Msîse
de
Vigny.
Mais Baudelaire ne pouvait pas, comme Vigny, gentil-
homme et académicien, s'enfermer dans une tour d'ivoire; il a
vécu en marge de la société, incompris non seulement des siens
et de la foule, mais de beaucoup de ses pairs.
Rappeler les
misères de son existence (embarras continuels d'argent, amours
dégradantes, abus des excitants) et ce que vous savez de son
caractère : sous une affectation de dandysme et de corruption,
un idéal très noble, trahi non sans remords par une volonté
vacillante (Spleen et Idéal).
II.
Composition et rythme.
Trois strophes de quatre vers décrivent l'oiseau et son
embarras sur le pont.
Une quatrième explique le symbole.
Noter l'ampleur des deux premières; une phrase par strophe.
La troisième traduit par la construction même la gaucherie
de l'albatros.
La quatrième est d'un puissant effet.
Les rimes sont riches, les coupes régulières pour la facture
des vers, on a comparé Baudelaire à Boileau.
Pour le rythme,
souligner les vers
Qui
suivent,
indolents compagnons de voyage...
Laissent piteusement
leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons
traîner
è
côté d'eux...
L'autre mime,
en boitant,
l'infirme
qui
volait...
III.
Style.
Toutes les expressions
et
comparaisons, réalistes-ou magni-
fiques, toujours significatives et pittoresques, sont admira-
blement choisies pour bien faire ressortir
1.
La noblesse de l'oiseau dans les airs
de grandes ailes
blanches
lui permettent de planer sans effort
(indolents)
et de
hanter la tempête
(noter la hardiesse heureuse de cette expres-
sion : l'albatros ne brave pas la tempête, il y est comme dans
son élément naturel)..
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