BADIAN Kouyaté Seydou : sa vie et son oeuvre
Publié le 16/11/2018
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BADIAN Kouyaté Seydou (né en 1928). Né à Bamako (ex-Soudan français, aujourd’hui Mali). Après des études primaires, il entre au lycée de Bamako, puis poursuit sa scolarité en France, à Montpellier, où il entreprend ensuite des études de médecine qu’il achève avec une thèse sur les « traitements africains de la fièvre jaune ». Après l’éclatement de la fédération du Mali (août 1960) et la proclamation de l'indépendance (septembre 1960) de l’ex-Soudan français, devenu république du Mali, il est nommé par Modibo Keita ministre de l’Économie rurale et du Plan, puis ministre du Développement. Il quitte le gouvernement en 1966. Emprisonné à la suite du coup d’État qui, en novembre 1968, renverse Modibo Keita, il sera libéré en 1977.
Sous l'orage (1957) est devenu très vite un classique. Le roman, dont l’action se situe dans un village du Mali, à la veille de l’indépendance, retrace les amours contrariées de la jeune Kany et de son ami Samou. La famille de la jeune fille n’accepte pas le choix fait par celle-ci et lui destine un autre mari, un homme riche et âgé.
«
sa
scolarité en France, à Montpellier, où il entreprend
ensuite des études de médecine qu'il achève avec une
thèse sur les «traitements africains de la fièvre jaune».
Après l'éclatement de la fédération du Mali (août 1960)
et la proclamation de 1' indépendance (septembre 1960)
de l'ex-Soudan français, devenu république du Mali, il
est nommé par Modibo Keita ministre de l'Économie
rurale et du Plan, puis ministre du Développement.
Il
quitte le gouvernement en 1966.
Emprisonné à la suite
du coup d'État qui, en novembre 1968, renverse Modibo
Keita, il sera libéré en 1977.
Sous l'orage (1957) est devenu très vite un classique.
Le roman, dont l'action se situe dans un village du Mali,
à la veille de l'indépendance, retrace les amours contra
riées de la jeune Kan y et de son ami Sa mou.
La famille
de la jeune fille n'accepte pas le choix fait par celle-ci et
lui destine un autre mari, un homme riche et âgé.
L'intri
gue, exposée avec simplicité, est l'occasion pour Seydou
Badian de décrire le conflit qui, au sein du village,
oppose les jeunes, formés à 1 'école européenne, et les
adultes, fidèles à la tradition.
La résolution du conflit,
rendue possible par l'intervention d'un ami de la famille,
suggère que les jeunes peuvent réaliser leurs aspirations
individuelles tout en tenant compte des valeurs essentiel
les de la société traditionnelle.
La pièce de théâtre la Mort de Chaka (1962), qu'il
faut rapprocher de l'essai les Dirigeants africains face à
leur peuple (1964), révèle une orientation sensiblement
différente, explicable sans doute par les responsabilités
nouvelles assumées par l'écrivain.
Dans ces deux textes,
Seydou Badian nous livre une réflexion sur les nouveaux
pouvoirs africains issus des indépendances.
Le premier,
qui répond à la fois à l
'épopée de
Mofolo et au poème
dramatique de Senghor Ethiopiques , pose, par-delà
l'évocation historique souvent minutieuse, le problème
de la fin et des moyens, et invite le lecteur à se demander
jusqu'où peut aller un leader politique pour défendre une
cause juste, telle que la légitime résistance à l'envahis
seur européen.
Le second, partant d'une analyse des
choix politiques faits par le Mali sous la direction de
Modibo Keita, définit une des voies possibles du « socia
lisme africain », dans une perspective d'inspiration mar
xiste.
La thèse, cependant, n'est pas toujours convain
cante dans la mesure où l'auteur porte des jugements
divergents sur l'organisation sociale traditionnelle,
voyant en celle-ci tantôt un frein au progrès (notamment
dans son aspect «féodal >> ), ta ntô t, au contraire, un
modèle de solidarité sociale dont les régimes d'au
jourd'hui pourraient s'inspirer utilement.
Les deux derniers romans, le Sang des masques
( 1976) et Noces sacrées ( 1977), constituent une nouvelle
étape dans la carrière de l'écrivain.
Certes, c'est bien
toujours de la même Afrique qu'il s'agit, mais l'approche
qu'en propose Seydou Badian s'efforce désormais d'éva
cuer toute discursivité pour nous livrer une vision du
monde proprement intraduisible, parce qu'elle n'a de
sens que dans le cadre des sociétés dont elle est l'ex
pression.
Cette orientation explique en particulier le
caractère initiatique de ces deux récits, qui retracent cha
cun un parcours exemplaire : celui de Bakari, qui rega
gne son village après trois ans d'absence et qui ne peut
assumer que par un crime et par son suicide le rôle de
chef qui lui est dévolu; celui de Besnier, un Blanc incré
dule, qui découvre peu à peu qu'il lui est impossible
d'échapper au ricanement diabolique de 'Tomo, un
masque sacré volé autrefois, et qui ne pourra retrouver
la paix que lorsqu'il aura réussi à restituer N'Tomo au
sanctuaire d'où il a été arraché.
Ces deux romans, axés
sur la tradition, à travers l'évocation des sociétés d'ini
tiation bambara, ne prennent jamais l'aspect d'un docu
ment ethnographique, tout se passant comme si l'auteur
voulait nous faire partager les interrogations, les terreurs et
les espoirs que connaissent les protagonistes dans leur
quête.
C'est dans cet art de nous rendre complices de ces
derniers qu'il faut sans aucun doute situer la maîtrise
dont fait preuve ici Seydou Badian.
[Voir aussi NÉGRO·
AFRICAINE (littérature d'expression française)].
BffiLIOGRAPHIE Sous l'orage (Kany), su iv i de la Mort de Chaka, Paris, Pré
sence africaine, 1972; les Dirigeants africains face à leur peuple,
Paris.
Maspero, 1964; le Sang des Masques, Paris, Laffont, 1976:
Noces sacrées (les Dieux du Kouroulamini).
Paris, Prés en ce afri
caine, 1977.
A consulter.
-F.
Tsoungi, Comprendre « Sous l'orage » de
Badian, Saint-Paul,« Cla ss iq ues africains», 1985..
»
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