Devoir de Philosophie

AUTOUR DU SURRÉALISME (littérature)

Publié le 20/11/2011

Extrait du document

 

Ce mouvement qui a fait couler tant d'encre doit être resitué dans le contexte de l'époque pour être bien cerné. La longue guerre sanglante a laissé la jeunesse écoeurée, désorientée. La réinsertion est difficile. Et quand on a vu la mort de si près, qu'on a assisté à la fragilité de la vie, les lois politiques, morales et religieuses qui vous assaillent lors du retour à la vie civile peuvent évidemment apparaître bien dérisoires. Contester alors, se révolter ? Oui, mais le pouvoir politique en Occident est alors stable, et le modèle de la révolution d'Octobre ne passe pas les frontières : ce que Clemenceau appelle le cordon sanitaire censure toutes les informations venant d'U.R.s.s.

« refus de participation complet au monde, avait totalement fasciné le jeune médecin.

Toute cette période va être jalonnée de tracts, d'articles de revues, de spectacles, prétextes à autant de scanda­ les, souvent violents.

Ecoutons par exemple ce compte rendu d'un vernissage de Max Ernst : " La scène était dans la cave et toutes les lumières éteintes à l'intérieur du magasin ; il montait par une trappe des gémissements.

Un autre farceur, cache de"ière une armoire, injuriait les personnalités pré­ sentes ...

Les dada, sans cravate et gantés de blanc, passaient et repassaient ...

André Breton croquait des allumettes, Ribemont-Dessaignes criait à chaque instant : Il pleut sur un crâne, Aragon miaulait, Philippe Soupault jouait à cache-cache avec Tzara, tandis que Benjamin Péret et Char ­ choune se se"aient la main à chaque instant.

Sur le seuil, Jacques Rigaud comptait à haute voix les automobiles ei les perles des visiteuses ...

~ Cité par G.

Hugnet.

"L'Esprit dada dans la peintu­ re ~ Les Cahiers d'Art.

Le public, quant à lui, ne rit pas toujours.

La pauvreté des facéties et des moyens de les réaliser lasse parfois les spectateurs et bien souvent les exaspère.

Parallèlement à cela, Tzara et Breton se querellent à propos de divergences théoriques et finissent par rompre.

Le groupe enfin se met à dos une large partie de l'opinion unanime à pleurer la mort d'Anatole France en rédigeant un pamphlet, Un Cadavre qui ne ménage personne : " Tout le médiocre de l'homme, le limité, le peu ­ reux, le conciliateur à tout prix, la spéculation à la manque, la complaisance dans la défaitë, le genre satisfait, prudhomme, niais, roseau pensant, se retrouvent, les mains frottées, dans ce Bergeret dont on me fera vainement valoir la douceur[ ...

].

Je tiens tout admirateur d'Anatole France pour un être dégradé .

Il me plaît que le littérateur que saluent à la fois aujourd 'h#i le tapir Mau"as et Moscou la gâteuse, et par une incroyable duperie Paul Painle­ vé lui-même, ait écrit pour battre monnaie d'un ins­ tinct tout abject, la plus déshonorante des préfaces à un conte de Sade, lequel a passé sa vie en prison pour recevoir à /afin le coup de pied de cet âne offi­ ciel. ~ Cité par Nadeau Histoire du su"éalisme.

(Le Seuil) Un autre scandale public provoqué à la Closerie des Lilas par la distribution d'une Lettre ouverte à Monsieur Paul Claudel achève la rupture déjà bien entamée avec les différentes associations et sociétés des gens de lettres.

Le Surréalisme, s'il veut vivre, et il le comprend très vite, doit avoir d'autres engagements qu'un simple désir de nier toutes les valeurs établies.

Aussi cherche-t-il une assise politique et entre alors dans ce que Breton a appelé sa « phase raison­ nante ».

] 0 Nous n'avons rien à voir avec la littérature; Mais nous sommes très capables, au besoin, de nous en servir comme tout le monde.

2° Le Surréalisme n'est pas un moyen d'expression nouveau ou plus facile, ni même une métaphysique de la poésie ; il est un moyen de libération totale de l'esprit et de tout ce qui lui ressemble.

3° Nous sommes bien décidés à faire une Révolu ­ tion [ ...

] - Le Surréalisme n 'est pas une forme poétique.

Il est un cri de l'esprit qui retourne vers lui-même et est bien décidé à broyer désespérément ses entraves et au besoin par des marteaux matériels l Cité par Nadeau Hist .

du surréalisme.

(Le Seuil).

Un tract enfin qui s'intitule La Révolution d'abord et toujours s'il est « sans doute idéologi­ quement assez confus, ...

n'en marque pas moins un précédent caractéristique qui va décider de toute la conduite ultérieure du Mouvement ».

(Breton).

Mais le groupe, dont la cohésion ne repose jamais que sur une somme de refus individuels, souffre, à l'heure des décisions d'appartenance, sinon quelques dissensions, du moins quelques divergences .

Aragon opte progressivement pour une fidélité doctrinale au Parti communiste, Vitrac et Artaud se cantonnent au théâtre, Eluard garde des liens distants ...

L'histoire des adhésions, luttes, ruptures et réconciliations est fertile en rebondissements.

La rupture la plus sanglante et définitive avec le mou­ vement sera, en 1932, celle d'Aragon.

L'alliance avec le Parti communiste ne va pas non plus de soi et, là encore, les adhésions et exclu­ sions sont fréquentes.

Breton, Eluard et Crevel sont officiellement exclus en 1933 ; une nouvelle géné­ ration d'écrivains et artistes adhère alors au Sur­ réalisme : Gracq, Giacometti, Leiris, Gisèle Prassi­ nos, Prévert, Queneau et bien d'autres.

Il est vrai que la liberté et la conception des rapports de l'individu au groupe social dont le mouvement se réclamait ne pouvaient guère s'ac­ corder avec les doctrines d'un parti.

Le groupe reprend donc sa liberté.

Mais pour prendre violemment...

fait et cause lors des premières émeutes fascistes de Paris en 1934.

Les Surréalistes adhèrent au « Comité de vigilance des intellectuels », protestant contre l'ex­ pulsion de Trotsky du territoire français.

La crise étant surmontée, s'ouvre d'ailleurs pour tous ceux qui ont milité dans le mouvement (ou qui ont gravité autour) une période d'une inimaginable. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles