Devoir de Philosophie

Automne malade - Guillaume Apollinaire, Alcools.

Publié le 08/04/2011

Extrait du document

apollinaire

Automne malade et adoré Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes 1 nicettes 2 aux cheveux verts et naines Qui n'ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule La vie S'écoule Guillaume Apollinaire, Alcools. (1) Nixe : génie ou nymphe des eaux, dans les légendes germaniques. (2) Nicet, ette : tout simple, sans malice.

SUJET En un commentaire composé, vous analyserez les procédés qui mettent en valeur les différents thèmes de ce poème. INTRODUCTION A la recherche d'une poésie « moderniste « capable de traduire le monde de ce début de siècle avec des techniques poétiques nouvelles, Apollinaire n'abandonne pas pour autant les épanchements du lyrisme traditionnel. Ainsi le thème de l'automne, évoqué par tant d'écrivains de Lamartine à Verlaine, est-il au centre de ce poème. L'écriture originale traduit parfaitement le caractère transitoire de cette saison et le goût du poète pour l'éphémère.

apollinaire

« symbole de cette menace qui « plane » sur l'automne. Derrière le triomphe perce déjà le pourrissement des « fruits mûrs », de « ces fruits qui tombent sans qu'on lescueille ».

Ainsi se comprend l'évocation de la maladie. L'automne appelle nécessairement un avenir : l'hiver : « blancheur » de « neige ».

Et par là même la mort.

Noter lejeu des temps : le premier verbe adressé à l'automne se trouve exprimé au futur.

Appelé lui aussi à être dépassé : «quand il aura neigé ». La chute des feuilles est énoncée au présent, sans doute parce qu'elle symbolise sans équivoque la fuite du temps,le brame des cerfs est par contre exprimé au passé. L'automne est alors le signe de l'impossible stabilité. 2) L'amour de l'éphémère Certes amour de l'automne pour lui-même : « Et que j'aime ô saison / que j'aime tes rumeurs ». Equilibre de l'alexandrin qui traduit l'attachement à une réalité présente. Mais surtout amour du fugitif : évanescence du paysage : « Au fond du ciel » « aux lisières lointaines » correspond à la fuite du temps : « la vie s'écoule ». Paradoxalement le goût de la mélancolie explique la projection dans le futur : « tu mourras », permet aussi decomprendre pourquoi le poète, par le futur antérieur « il aura neigé », se place déjà dans un temps où l'automne adisparu.

Le lien de la conjonction « et » dans le premier vers est donc très puissant.

Il se teinte presque d'unenuance causale. On comprend donc mieux la valeur de l'impératif « Meurs ».

Il s'agit presque dans le poème d'appeler l'hiver pourpouvoir regretter l'automne, l'aimer et le plaindre. Ambiguïté donc entre la souffrance et le désir de souffrir.

Se retrouve au niveau de la versification. « Automne malade et adoré 9 « Tu mourras/quand l'ouragan soufflera dans les roseraies 3 12 Apparemment déséquilibrés (9/15) ces deux vers retrouvent une harmonie (9 + 3 = 12/12). De la même façon les six derniers vers de deux pieds (qui font suite à un alexandrin disloqué 5/4/3/, reflet de lachute des feuilles et de la déperdition de la nature), regroupés, recomposent un alexandrin où la réponse régulièredu son « oule » atténue la tragique reconnaissance de la fuite du temps.

Le lyrisme se teinte d'ailleurs d'une nuance« futuriste » qui a pour effet de briser l'aspect un peu conventionnel des sentiments évoqués. CONCLUSION Thème lyrique par excellence : la fuite du temps, sentiment de la fragilité de l'existence.

Mais une utilisation originaledes rythmes, l'absence de la ponctuation permettent une harmonieuse synthèse entre « la tradition et l'invention ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles