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Aurore Estivale. Louis VEUILLOT.

Publié le 18/02/2012

Extrait du document

 

Epoisses (Côte-d'Or), 18 juin 1858.

J'ai fait un bon voyage, et je suis très bien. J'ai été escorté de la foudre jusqu'à Montbard, une foudre mouillée qui rafraîchissait un peu l'air et qu'on n'entendait pas! A Montbard, ma voiture m'attendait, en gants blancs. Sous un ciel nettoyé et magnifique, j'ai fait quatre lieues dans l'odeur des foins coupés, au chant de l'alouette et de V'Angélus, voyant tous les apprêts du lever de l'Aurore, et c'est charmant.

Elle a commencé par tirer ses rideaux, et elle a jeté sur la terre un petit sourire d'un bleu rose, qui a tout animé. Soudain se sont dessinées les collines, les arbres ont poussé et les champs, peu à peu, sont devenus verts et blonds, de noirs qu'ils étaient. Puis l'Aurore a ouvert sa fenêtre et passé la tête. J'ai vu tout son visage. Il est agréable. C'est une physionomie pâlotte, mais souriante, fraîche, avec une pointe de mélancolie : figure-toi soeur Olga, dans une minute d'attendrissement. Quelques étoiles restaient, par ci, par là, dans sa coiffure de nuit. En tombant sur Ta terre, elles devinrent des ruisseaux et des fleurs. Elle fît sa toilette, se pommada de tilleul et de foin, avec une pointe de sureau : c'est son parfum du moment. Son haleine est fraîche, elle vint jusqu'à moi et me donna une sensation d& froid, que j'aurais voulu vous envoyer dans vos taudis de la rue du Bac. Elle s'éclairait de plus en plus, et la terre de plus en plus se réjouissait de la voir : tout s'animait, les oiseaux éclatèrent en chansons, et me firent souvenir de faire ma prière, comme ils faisaient la leur. Tu sais à quoi je pense en te disant cela (1), ma soeur, et j'y pensais dans ce moment-là, sans pleurer, me ressouvenant pourtant de la date et de l'heure. Ah! ma soeur, cet anniversaire est celui de la plus triomphante prière qui ait été faite pour nous, après celle de notre mère Marie. Je continuai donc mon voyage, admirant cette belle nature, et montant plus haut, avec un esprit résigné.

Louis VEUILLOT.

« celui-ci qui a mis les deux hommes en relation.

Il a une haute idee de ses devoirs sociaux et applique en son milieu les doctrines de Frederic Le Play, le célèbre economiste, qui dans son Bernier ouvrage, Ouvriers europeens, a mis en relief le role des proprietaires ruraux.

Le lieu, le milieu sont Bienfaits pour reposer le lutteur « vaincu par la fatigue A.

« De l'ombre, de la fraicheur, des tilleuls fleuris 3; « l'homme parfait, la femme tout a fait bien (genre Cecile de Segur), deux grandes petites filles, vrais lis des champs... une bibliotheque...

l'eglise dans la cour; a deux lieues le Morvan, pays de valIons vests et sauvages, de sapins odorants...

Et une lune, et des etoiles, et des rossignols, et des grillons, et des foins!... La destinataire de la lettre est Elise Veuillot, celle qui a remplace la mere defunte aupres des deux petites orphelines.

Elle a pris d'une main ferme le gouvernail.

Maitresse de maison ideate, educatrice de race, elle fait regner dans le toes de son frere le calme, l'ordre, Paisance.

Elle assure a ce tra- vailleur surmene la tranquillite a Pinterieur, bien inestimable dont Louis, salt tout le prix.

Aussi est-il plein d'un affectueux respect, d'une reconnais- sante admiration pour cette 4 religieuse sans voile cette « mere sans le- nom Le 15 juin 1858, Veuillot annonce sa venue a M.

de Guitaut : « Je choisi's la nuit, avec quelques rewords.

Pendroit de vos chevaux et de votre cocher qui vont m'attendre, au lieu de dormir selon leur droit; mais ils n'en hour -. rout.

pas et moi je m'en trouverai mieux (1), puisque j'y gagnerai un jour avec la chance de voir lever le soleil, ce qui ne m'est pas arrive depuis long- temps 2, (2): I1 prit done le train.

a la gare de Lyon, le jeudi 17 juin au soir et debarqua Montbard, patrie de Buffon, le vendredi matin a l'aube; c'etait la gare In plus proche du chateau d'Epoisse3. 2.

Le Plan, les Idees. Bien qu'ecrit au courant de la plume ° et sans pretentious litteraires, ce morceau est « compose 2, Il offre trois parties bien distinctes et etroitement enchainees, celles tames que suggere le bon sens en pareille occurrence. L'ecrivain s'en tient a l'ordre chronologique : il relate les faits au fur et mesure qu'ils se deroulent; il observe les objets selon qu'ils se succedent sous ses yeux.

Puffs, il note ses impressions.

Cet ordre n'a d'ailleurs rien de rigide, comme it convient it une lettre, on l'abandon, la fantaisie sont de mise.

De jolies parentheses une comparaison avec une personne chere, un souvenir vers ceux qu'il a laisses dans l'air etouffant de Paris interrompent agreablement Penumeration. Le plan est le suivant 1° Le.

Voyage (Introduction).

a) Voyage en chemin de fer, escorte, arrivee; b) Voyage en voiture, etat du del, apprets dur lever de l'Aurore. 2° L'Aurore.

a) Premier sourire.

Tout s'anime, se dessine, se colore; b.) Vi- sage et Toilette : figure palotte, fraiche, melancolique (Sceur Olga); meta- morphose des &ones tombees de sa coiffure; parfums du moment; haleine (la rue dti Rae); c) Plenitude; joie universelle. 3° La Priere.

a) Les oiseaux y invitent le voyageur; b) Le pere se sou- vient; c) Les deux Marie : double intercession.

Conclusion.

L'eerivain admire. Nature, le chretien monte plus haut. 3.

Valen r humaine de cetle lettre.

Les ennernis de Louis Veuillot, sauf de rases exceptions, lui out refuse- cette faeulte primordiale et tonte puissante Ewe nous appelons le cceur. Quand on dit de quelqu'un c'est une intelligence, onc'est une volonte, on rre lui decerne pas le plus envie des doges.

Quand on dit c'est un grand eceur, chacun s'incline; I'homme vaut avant tout par le coeur.

Or, le ceeur de Louis Veuillot s'affirme id de qualre manieres :eceur de (Pere, eceur de pere, cceur d'ami, cceur de chretien.

Et, nous Ie sentons, ce n'est point la put- artifice litterahe ces lignes rendent le son d'une absolue sincerite. A peine debarque it Epoisses, vite «Frere Louis » saute sur sa bonne plume d'oie°- it ahhorre les plumes d'acier ponv annoncer son arrives (1) La chaleur etait torride Jarnais 11 n'a fait it chaud en France a ; it redontait le voyage en- pieta Jour. (2) Le journaliste se couche trop tard pour assister an lever dui satilL. celui-ci qui a mis les deux hommes en relation. Il a une haute idée de ses devoirs sociaux et applique en son milieu les doctrines de Frédéric Le Play,, le célèbre économiste, qui dans-son^ dernier ouvrage, Ouvriers européens, a mis en relief le rôle des propriétaires ruraux. Le lieu, le milieu sont bien faits pour reposer le lutteur « vaincu par la fatigue ».

« De l'ombre, de la fraîcheur, des tilleuls fleuris » ; « l'homme parfait, la femme tout à fait bien (genre Cécile de Ségur), deux grandes petites filles, vrais lis des champs- une bibliothèque...

l'église dans la cour; à deux lieues le Morvan, pays de valibés verts et sauvages, de sapins odorants... Et une lune, et des étoiles,, et des rossignols, et des grillons, et des foins!... » La destinataire de la lettre est Elise Veuillot, celle qui a remplacé la mère défunte auprès des deux petites orphelines. Elle a pris d'une main ferme le gouvernail. Maîtresse de maison idéale, éducatrice de race, elle fait régner dans le logis de son frère le calme, l'ordre, l'aisance. Elle assure à ce tra­ vailleur surmené la tranquillité à l'intérieur, bien inestimable dont Louis, sait tout le••prix.

Aussi est-il plein d'un affectueux respect, d'une reconnais­ sante admiration pour cette « religieuse sans voile », cette « mère sans le nom » *.

/ ; Le 1S juin 1858, Veuillot annonce sa venue à M.

de Guitaut : « Je choisis la nuit, avec quelques remords à l'endroit de vos chevaux et de votre cocher qui vont m'attendre, au lieu de dormir selon leur droit; mais ils n'en mour­ ront pas et moi je m'en trouverai mieux (1), puisque j'y gagnerai un jour avec la chance de voir lever le soleil, ce qui ne m'est pas arrivé depuis long­ temps » (2).

Il prit donc le train à la gare de Lyon, le jeudi 17 juin au soir et débarqua à Montbard, patrie de Buffon, le vendredi matin à l'aube; c'était la gare la plus proche du château d'Epoisses.

2.

Le Plan, les Idées.

Bien qu'écrit au courant de la plume et sans prétentions littéraires, ce- morceau est « composé ».

Il offre trois parties bien distinctes et étroitement enchaînées, cellés mêmes que suggère le bon sens en pareille occurrence.

L'écrivain s'en tient à Vordre chronologique : il relate les faits au fur et à mesure qu'ils se déroulent; il observe les objets selon qu'ils se succèdent Sous ses yeux. Puis, il note ses impressions. Cet ordre n'a d'ailleurs rien de rigide, comme il convient à une lettre, où l'abandon, la fantaisie sont de mise. De jolies parenthèses : une comparaison avec une personne chère, un souvenir vers ceux qu'il a laissés dans l'air étouffant de Paris interrompent àgréablement rénumération.

Le plan est le suivant : ' 1* Le Voyage (Introduction), a) Voyage en chemin de fer, escorte, arrivée; h) Voyage en voiture, état du ciel, apprêts du lever de l'Aurore.

2* VAurore, a) Premier sourire.

Tout s'anime, se dessine, se colore; b) Vi­ sage et Toilette : figure pâlotte, fraîche, mélancolique (Sœur Olga); méta­ morphose des étoiles tombées de sa coiffure; parfums du moment; haleine (la ne du. Bàc); e} Plénitude; foie universelle.

3° La Prière, a) Les oiseaux y invitent le voyageur; b) Le père se sou^ vient; c) Les deux Marie r double intercession.

Conclusion. L'écrivain admire la Nature, le chrétien monte plus haut.

£.

Valeur humaine de cette lettre.

Les ennemis de Louis Veuillot, sauf de rares exceptions, lui ont refusé cette faculté primordiale et toute puissance que nous appelons le cœur.

Quand on dit de quelqu'un : c'est une intelligence, ou : c'est une volonté, on ne lui décerne fias le plus envié des éloges. Quand on dit : c'est un grand cœur, chacun s'incline; l'homme vaut avant tout par le cœur.

Or, le cœur de Lauisr Veuillot s'affirme ici de quatre ^ manières : cœur de frère* eœur de père, cœur d'ami, cœur de chrétien. Et, nous; le sentons^ ce n'est point la pur artifice littéraire : ces lignes rendent le son d'une absolue sincérité.

A peine débarqué à Epoisses, vite « Frère Loués » saute sur sa bonne plume d'oie—: il abhorre les plumes* d'acier —, pour annoncer son arrivée (1) .

La chaleur • était, terri de ; « Jamais» il n'a. fait sm chaud en France » ; il redoutait le voyage en- plein* joui?. ;« - (2) Le journaliste se couche trop tard pouir assister SOIE lever dut sjaiéit*. »

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