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Au vers de Boileau : Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable, Alfred de Musset a répondu : Rien n'est vrai que le beau, rien n'est vrai sans beauté ! Y a-t-il contradiction entre ces maximes, et représentent-elles deux doctrines opposées ?

Publié le 12/02/2012

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boileau

 

 

Nous craignons fort qu'il n'y ait méprise sur l'une au moins de ces deux «maximes«. Si le vers de Boileâu est, effectivement, l'expression d'une « doctrine «, d'une « esthétique «, celui de Musset nous apparaît plutôt comme une boutade. Nous en sommes même convaincu, et nous nous refusons à le prendre au sérieux, comme on nous y invite. Sincèrement, la question nous semble mal posée, et c'est ce que nous allons essayer de démontrer, au lieu de développer complaisamment des idées auxquelles nous ne croyons pas....

boileau

« C'est celle qu'ont observee si profondement Pascal, Racine, Moliere.

Le Vrai, pour eux, c'est ce qui parait naturel a notre bon sens, ce que notre raison admet sans difficult& ce qui la satisfait pleinement.

Et quand le vrai fourni par la Nature - qui produit des monstres, - par l'histoire - qui volontiers se complait dans l'extraordinaire - leur parait par trop invrai- semblable, ils refusent d'en faire une matiere litteraire, n'acceptant pas l'exceptionnel, le monstrueux.

C'est a ce Vrai d'engendrer le Beau.

Louis Veuillot a traduit dans un vers heureux cette conception classique : Le Beau, c'est le bon sens qui parle en bon francais. S'il repudie Petrange et le bizarre, ce Vrai n'exclut pas les fictions, les ornements de l'imagination : II doit briller partout et meme dans la fable (ce dernier mot a ici le sens de fiction, et non d'apologue). De toute fiction l'adroite faussete Ne tend qu'd faire aux yeux briller la verite. Pascal, qui n'admet que le « style naturel », park comme Boileau. « Il faut, dit-il, de l'agreable et du reel, mais it faut que cet agreable soit lui- meme pris du vrai.

» Nous ne croyons pas aux histoires de bêtes de La Fontaine et pourtant nous nous y interessons, parce que ces mensonges litteraires rendent le son clair d'une verite hien humaine.

De meme pour les exagerations voulues de Moliere.

Par contre, avec Boileau nous reprou- vons et les « precieux » qui alterent la verite en voulant trop l'embellir, et les « burlesques » qui la cachent sous un masque, ou la font maladroite- ment grimacer. Enfin ce Beau, pris du Vrai, ne saurait se passer du Bien, qui est le Vrai transports dans l'ordre moral : Car.

la seule vertu pent souffrir la clarte. Aussi, consequent avec lui-meme, Boileau, apres avoir dit au poke : Le Vrai seul est aimable...

aimez donc la Raison ajoute : Aimez done la Vertu, nourrissez-en votre ame. 11 lui preche, a ce faiseur de beaute, la dignite de la vie, le respect de soi- rneme, le mepris d'un gain sordide, et it lui donne ce grave avertissement : Le vers se sent toujours des bassesses du cceur. Alors, et comme malgre nous, l'image du pauvre Musset, incapable de regler son cceur et sa vie, surgit a nos yeux.

Telle est 1' « esthetique ) de Boileau.

« Tyrannie! » ont hurls les roman- tiques libertaires.

« Honnete sagesse ), leur repondent des connaisseurs au gout stir, au jugement ponders. Quand it traite de l'art, « Nicolas » paHe toujours serieusement.

On n'en saurait dire autant de Musset, et tres specialement dans le cas present.

Le jour oft it ecrivit ce vers parAdoxal, it etait en veine; enfant gate et ter- rible, it ne resiste pas a in tentation de jouer un tour au vieux regent.

Il lui retourne son vers célèbre, des siecles « respects », par pure malice, pour le seul plaisir, plutot que pour enoncer une grave loi d'esthetique, ou exprimer une « doctrine >> personnelle. Replacons dans son contexte cet alexandrin que l'on nous demande d'expliquer et de rattacher a Pesthetique classique.

Cette simple operation nous convaincra de la vanite d'une discussion.

A moins de s'appeler Ban- ville on ne se risque pas sans peril a disserter sur les pirouettes d'un clown.

Une pirouette, un caprice, ce vers n'est rien d'autre, et en voici in preuve. C'est celle qu'ont observée si profondément Pascal, Racine, Molière.

Le Vrai, pour eux, c'est ce qui paraît naturel à notre bon sens, ce que notre raison admet sans difficulté, ce qui la satisfait pleinement.

Et quand le vrai fourni par la Nature - qui produit des monstres, - par l'histoire - qui volontiers se complaît dans l'extraordinaire - leur paraît par trop invrai­ semblable, ils refusent d'en faire une matière littéraire, n'acceptant pas l'exceptionnel, le monstrueux.

C'est à ce Vrai d'engendrer le Beau.

Louis Veuillot a traduit dans un vers heureux cette conception classique : Le Beau, c'est le bon sens qui parle en bon français.

S'il répudie l'étrange et le bizarre, ce Vrai n'exclut pas les fictions, les ornements de l'imagination : · · Il doit brille.r partout et même dans la fable (ce dernier mot a ici le sens de fiction, et non d'apologue).

De toute fiction l'adroite fausseté Ne tend 'qu'a faire aux yeux briller la vérité.

Pascal, qui n'admet que le « st,Yle naturel », parle comme Boileau.

« Il faut, dit-il, de l'agréable et du reel, mais il faut que cet agréable soit lui­ même pris du vrai.» Nous ne croyons pas aux histoires de bêtes de La Fontaine et pourtant nous nous y intéressons, parce que ces mensonges littéraires rendent le son clair d'une vérité bien humaine.

De même pour les exagérations voulues de Molière.

Par contre, avec Boileau nous réprou­ vons et les «précieux» qui altèrent la vérité en voulant trop l'embellir, et les « burlesques » qui la cachent sous un masque, ou la font maladroite­ ment grimacer.

Enfin ce Beau, pris du Vrai, ne saurait se passer du Bien, qui est le Vrai transporté dans l'ordre moral : Cw· · la seule vertu peut souffrir la clarté.

Aussi, conséquent avec lui-même, Boileau, après avoir dit au poète : Le Vrai seul eSt aimable ...

aimez donc la Raison ajoute : Aimez donc la Vertu, nourrissez-en votre âme.

Il lui prêche, à ce faiseur de beauté, la dignité de la vie, le respect de soi­ même,· le mépris d'un gain sordide, et u·lui donne ce grave avertissement : Le vers se sent toujours des bassesses du cœur.

...

Alors, et comme malgré nous, l'image du pauvre Musset, _incapable de régler son cœur et sa vie, surgit à nos yeux.

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Telle est l' « esthétique » de Boileau.

« Tyrannie! » ont hurlé les roman- tiques libertaires.

« Honnête sagesse », leur répondent des connaisseurs au goût sûr, au jugement pondéré.

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* * Quand il traite de l'art, «Nicolas» parle toujours sérieusement.

On n'en saurait dire autant de Musset, et très spécialement dans le cas présent; Le jour où il écrivit ce vers paràdoxal, il était en veine; enfant gâté et ter­ rible, il ne résiste pas à la tentation de jouer un tour au vieux régent.

Il lui retourne son vers célèbre, des siècles « respecté »' par pure malice, pour le seul plaisir, plutôt que pour énoncer une grave lDi d'esthétique, ou exprimer une « doctrine » personnelle.

Replaçons dans son contexte cet alexandrin que l'on nous demande d'expliquer et de rattacher à l'esthétique classique.

Cette simple opération nous convaincra de la vanité d'une discussion.

A moins de s'appeler Ban­ ville on ne se risque pas sans pérlil à disserter sur les pirouettes d'un clown.

Une pirouette, un caprice, ce vers n'est rien d'autre, et en voici la preuve.. »

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