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Au fronton du Palais de Chaillot est gravé le texte suivant de Paul Valéry : Il dépend de celui qui passe Que je sois tombe ou trésor, Que je parle ou me taise. Cela ne tient qu'à toi, Ami, n'entre pas sans désir. En vous inspirant de ce texte, vous essaierez de définir votre attitude de lecteur devant l'oeuvre littéraire.

Publié le 19/12/2010

Extrait du document

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« 2 parce que l'oeuvre a besoin d'une émulation d'admirer.

Voir Alain, Propos de littérature, 1934 : «Il y a (devant les grandes oeuvres) une rumeur de gloire, une attente de presque tous, et, par la seule puissance dusilence (Alain pense surtout au théâtre), une disposition favorable de tous[...] L'esprit humain.se forme non àchoisir, mais à accepter, non à décider si une oeuvre est belle, mais à réfléchir sur l'oeuvre belle» ; 3 parce qu'auteur et lecteur font mutuellement appel à leur générosité et à leur liberté .

Ce sont des considérations de ce genre et d'autres qui ont fait écrire à Péguy : «Il est effrayant, mon ami, de penser que nousavons toute licence, que nous avons ce droit exorbitant, que nous avons le droit de faire une mauvaise lecture d'Homère, de découronner une oeuvre de génie, que la plus grande oeuvre du plus grand génie est livrée en nosmains, non pas inerte, mais vivante comme un petit lapin de garenne.» (Clio, dialogue de l'Histoire et de l'âme païenne, in Pléiade, Œuvres en prose, t.

II, p.

113.) III Discussion 1 Danger d'aller trop loin dans la conception précédente : elle détruit, si on la pousse à la limite, la notion de chef-d'oeuvre.

En effet la tentation majeure pour l'auteur, s'il accepte le point de vue de Valéry, c'est sous prétexte dedemander une grande participation créatrice au lecteur, de renoncer à l'oeuvre éternelle, belle et profitable, et depréférer l' oeuvre un peu étrange et même hermétique.

Penser à l'esthétique symboliste, à celle du Nouveau Romanet du Nouveau Théâtre où un certain inachèvement implique que l'oeuvre doit se terminer dans l'esprit du lecteur. 2 Certes, comme l'a bien vu Boileau dans sa Réflexion VII sur Longin , ce sont des générations de lecteurs qui établissent la valeur d'une oeuvre, mais il faut bien admettre qu'au bout d'un temps plus ou moins long s'imposent des chefs-d'oeuvre intemporels, des points de perfection lumineux qui, en un sens, sontindépendants du lecteur, de ses désirs, de son approfondissement.

Les classiques mettent fortement l'accent surcette conception.

Ils ne considèrent certes pas la lecture comme une opération sans intérêt et sans profit, mais ilsestiment que, passé un certain délai, une oeuvre n'a plus rien à attendre des lectures plus ou moins bien faites dontelle est l'objet. 3 L'oeuvre atteint alors ce degré de solitude qu'a longuement analysé un critique contemporain, Maurice Blanchot,lequel montre fort bien qu'en un sens l'oeuvre échappe à son créateur et que la lecture n'est pas ce dialoguefervent entre auteur et lecteur qu'imagine un certain humanisme (cf.

L'Espace littéraire, 1955, et XXe Siècle, p. 611). Conclusion Ces conceptions classiques semblent malgré tout assezlointaines pour nous : peut-on vraiment penser que même deschefs-d'oeuvre incontestés échappent aux révisions deperspective et soient enfin «tels qu'en eux-mêmes...» ? En réalité la vie. »

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