Arthur Rimbaud, Le dormeur du val - Analyse
Publié le 17/01/2014
Extrait du document
«
particulière, tr ès vive et active, comme le traduisent les nombreux verbes d'action utilis és («chante» renforc é par l'allit ération de
consonnes dentales au vers 1, «accrochant», «mousse»...) qui contribuent
à personnifier les diff érents éléments naturels: la «rivi ère»,
la «montagne», le «val». Cette impression de foisonnement et de complexit
é est encore accentu ée par l'utilisation de subordonn ées
(«o
ù chante...», «qui mousse...»), l'adverbe d'intensit é «follement», mais passe aussi par des rythmes acc élérés. Par exemple, au vers
3, les accents d
élimitent trois groupes de syllabes: 2 («D'argent») 4 («o ù le soleil») 6 («de la montagne fi ère»); cela donne un élan
au vers, une vivacit
é.
· Un cadre enchanteur et accueillant
C'est une nature bienfaisante et harmonieuse: elle r
éunit l'eau, le soleil et la v égétation. Rimbaud d écrit la fluidit é de l'eau par
l'enjambement du vers 1 au vers 2.
À cet égard, «la Nature» du vers 11 se change en all égorie maternelle et protectrice, comme le
montre les lexiques de la maternit
é («bercele chaudement») et plus g énéralement de la douceur («lit», «baignant»). La p ériphrase
«trou de verdure» du vers 1
évoque de plus un refuge. L'emploi de l'adjectif «petit» traduit dans la m ême ligne d'id ée une certaine
familiarit
é.
· Des jeux sur les sens
Cette description fait appel
à plusieurs sens, principalement la vue (pr ésente par exemple à travers les adjectifs de couleur: «bleu»,
«vert», «p
âle») sur laquelle on insiste par des rejets aux vers 2 et 3 («D'argent») et 3 et 4 («Luit»), l'odorat («sa narine»), le toucher
(qui passe par des pr
épositions marquant des positions: «dans son lit vert», « étendu dans...», «la main sur la poitrine»), l'ou ïe
(«chante»). Rimbaud met ici en place des synesth
ésies, comme Baudelaire avant lui dans son po ème Correspondances , qui
conduisent parfois
à des situations des images paradoxales, liant de fa çons inhabituelle les sensations: «un petit val qui mousse de
rayons» (reliant
éléments solide, liquide à des radiations), «la lumi ère pleut» (liquide et radiation encore ici). Finalement, bien
qu'agr
éable et vigoureuse, cette nature famili ère rev êt aussi des aspects plus myst érieux et étranges.
L'int
égration d'un personnage: le soldat
· Un soldat très jeune
L'auteur
évoque, au vers 5, un «soldat» étendu dans l'herbe. C'est cependant sa jeunesse qui frappa le po ète, on le voit au placement
de l'adjectif «jeune», juste avant la virgule, et
à la place faite au lexique de l'enfance m ême, plus que de la jeunesse («berce»,
«enfant»), et ce militaire est d'ailleurs compar
é à un «enfant» aux vers 9 et 10 («comme... Sourirait un enfant malade»).
· Une apparente tranquillité
La position allong
ée de cet homme l'assimile à un simple «dormeur», comme veut nous le faire croire le titre du po ème. Son aspect
est peu r
églementaire: il est la t ête nue, sans casque ou k épi. Il y a donc l'id ée d'un certain rel âchement d û à la sieste du soldat.
Notons la rime de «comme» et «somme» (vers 9 et 10). Cette atmosph ère d'inactivit é est particuli èrement travaill ée. Les champs lexicaux du sommeil et de la passivit é sont bien d évelopp és («bouche ouverte», « étendu», «berce»...), et on peut m ême parler de b éatitude lorsque Rimbaud r épète aux vers 9 et 10 le verbe sourire. Les m étaphores («dans son lit vert», «baignant dans le frais cresson...»), la r épétition de termes de m ême étymon que le verbe dormir («dort» aux vers 7, 9 et 13, «dormeur» dans le titre), ainsi que les rejets («dort» au vers 7, «tranquille» au vers 14, qui est en plus mis en valeur par l'apposition). Toutefois, ce calme est trompeur. · Une place ambiguë au sein de la nature M ême si la nature semble être accueillante, ce soldat y occupe une place difficile à qualifier. D'un c ôté ce jeune homme appara ît. »
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