Arrias, L'homme universel, de La Bruyère (Caractères, chap. v, n° 9), et le Décisionnaire des Lettres Persanes de Montesquieu (LXXII).
Publié le 06/02/2016
Extrait du document
1. La Bruyère peint son personnage en trois lignes. Une seule anecdote, assez développée, remplit ensuite le portrait. Le trait final est annoncé dès le début. Deux'parties : Arrias pérore d’abord seul; interrompu, il foudroie le fâcheux... qui n’est autre que celui dont il invoquait le témoignage. Nous voyons le personnage, nous l’entendons parler et rire. Nous suivons le rythme de sa conversation, lent et calme quand on l’écoute, saccadé, quand on le contredit. — La composition est à peu près la même chez Montesquieu; mais l’homme est d’abord présenté d’une façon assez vague : un homme bien content de lui, et c’est son interlocuteur qui le met sur un terrain dangereux. Celui-ci se montre bon prince, il ne confond pas l’imprudent. Il se contente de s’amuser intérieurement d’une manie aussi étrange. Flegme oriental?
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'TExTEs COMMENTÉ-.'S ET COMPARâS
La Bruyère et Montesquieu nous renseignent aussi, en pas-
sant, sur les conversations à la mode.
A la cour de Louis XIV
et à la table des grands, on parle surtout, en 1694, des moeurs
et des usages des pays étrangers, on est friand d'anecdotes
curieuses, de petites histoires galantes ou frivoles (sens du
mot
historiette,
d'après Furetière).
Tous ces gens-là n'ont guère
lu que Montaigne.
Vingt-cinq ans plus tard, la curiosité s'est
étendue, au moins dans les salons
(dans une compagnie).
On
ne parle pas seulement des nouvelles du temps, mais morale,
histoire, sciences.
II.
Forme et composition.
1.
La Bruyère peint son personnage en trois lignes.
Une
seule anecdote, assez développée, remplit ensuite le portrait.
Le trait final est annoncé dès le début.
Deux'parties Arrias
pérore d'abord seul; interrompu, il foudroie le fâcheux.., qui
n'est autre que celui dont il invoquait le témoignage.
Nous
voyons le personnage, nous l'entendons parler et rire.
Nous
suivons le rythme de sa conversation, lent et calme quand
on l'écoute, saccadé, quand on le contredit.
- La composition
est à peu près la même chez Montesquieu; mais l'homme est
d'abord présenté d'une façon assez vague
un homme bien
Content de lui,
et c'est son interlocuteur qui le met sur un
terrain dangereux.
Celui-ci se montre bon prince, il ne confond
pas l'imprudent.
Il se contente de s'amuser intérieurement
d'une manie aussi étrange.
Flegme oriental? Non, car Rica n'a rien d'un Persan, mais Montesquieu ne nous dit-il pas qu'il est
presque aussi content avec des sots qu'avec des gens d'esprit....
Rien de si amusant qu'un homme ridicule.,
Il y a plus d'amer-
tume chez La Bruyère.
2.
L'art est plus appuyé chez La Bruyère, le tableau est plus
composé.
Montesquieu est plus simple, au moins ici, ce qui
se comprend, puisque c'est une lettre.
Mais les procédés sont
à peu près les mêmes
e) Même genre de pittoresque,
par accumulation de détails
précis.
b) Mêmes phrases courtes, juxtaposées, sans liaisons.
La
syntaxe de la Bruyère, sans être ici bien compliquée, est cepen-
dant d'un art plus étudié : tous les verbes sont au passé chez
Montesquisu; La Bruyère met successivement le passé, le.
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