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Après trois ans. VERLAINE, Poèmes saturniens. Commentaire complet

Publié le 17/02/2012

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verlaine

Vous étudierez ee sonnet au point de vue: 1° de la composition ; 2° du choix des mots et de la nature de la langue; 3° du rythme et de la prosodie; 4° du sentiment exprimé, et de la manière dont Verlaine le traduit; 5° de l'impression qui se dégage de la pièce.

Dans le Lac, Lamartine avait exhalé sa plainte harmonieuse à la fue des témoins inchangés de son amour défunt; Hugo avait repris le même thème en l'amplifiant démesurément et l'accompagnant à grand orchestre dans la tristesse d'Olympio; sûr un mode diffèrent, mais toujours romantique en son fond et en ses développements oratoires, Musset avait célébré le Souvenir d'une liaison orageuse; le Parnassien Leconte de Lisle n'avait pu se défendre, lui l'impersonnel et l'impassible, d'évoquer ....

Après trois ans

 

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,

Je me suis promené dans le petit jardin

Qu'éclairait doucement le soleil du matin,

Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

 

Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle

De vigne folle avec les chaises de rotin...

Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin

Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

 

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,

Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,

Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

 

Même j'ai retrouvé debout la Velléda,

Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,

- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

verlaine

« jusqu'a la fin, n'en est que la preuve multiple.

Elle va du plus au moins, de la tonnelle assez volumineuse, a l'alouette infime.

Elle reprend, dans le deuxieme tercet, passant de la statue a l'odeur.

Un certain desordre artis- tique regne ici et la.

Le jet d'eau s'insere entre la tonnelle et le tremble, et l'oiseau succede brusquement aux fleurs.

Nous avons ainsi l'impression de lire les notes d'un flaneur ou, si l'on vent, d'un pelerin et non un inven- taire destine a une affiche d'huissier ou de notaire.

Le dernier tercet se detache fortement du precedent.

L'adverbe mime, place en tete du 12° vers, appelle notre attention sur un detail que le poke a reserve pour la fin parce qu'il l'a davantage frappe.

Cette grele Velleda ne saurait etre mieux placee : c'est de cette vision derniere que se sou- viendra le lecteur; et cette statue qui s'ecaille ne pouvait etre mieux asso- ciee qu'a rodeur lade du reseda.

Pourquoi? Impossible de l'expliquer, mais cette correspandance ) subtile e fait bien ), a coup stir! En definitive, la composition de ce sonnet nous apparait tres simple, tres naturelle, negligee et soignee, logique sans raideur et artistique sans calcul.

Elle n'est pas precisement « parnassienne ) ; elle n'offre .pas la soli- dite ) savante des poemes de Leconte de Lisle et de Heredia, ni la rigueur quasi geometrique parfois reprochee a Sully Prudhomme.

Deja elle an- nonce non le e symboliste ), Verlaine ne le fut oncques, mais le e deca- dent ) . ** Le vocabulaire et la prosodie decelent, par contre, malgre quelques a- coups, un adepte du Parnasse.

Les mots sont choisis avec spin.

Its sont rigoureusement justes, quelques- uns rares ou an moins inattendus, tous beaux et agreables a roreille.

Verlaine n'eprouve pas le scrupule de certains stylistes qui hesiteraient a e attaquer ) par un participe present.

Ayant pousse, en tete du sonnet, a quelque chose de direct, de brusque et de familier.

Le verbe chancelle, place a la fin du vers, et qui signifie : penche comme si elle allait tomber, etonne un peu.

C'est une indication : cette porte etroite qui chancelle, cette statue, qui s'ecaille prouvent que si le jardin n'est pas a l'abandon, it n'est pas non plus l'objet de soins diligents.

Les vers deux et trois ne renferment aucun vocable qui attire l'attention; ils sont quasi prosalques et font songer a certains de Francois Coppee.

Le quatrieme est le beau vers de ce premier groupe : le verbe pailleter, d'une parfaite exactitude (une paillette est chose brillante), correspond a humide etincelle, expression jolie et juste pour designer' la goutte de ros'ee doucement eclair& par le soleil du matin. D'un bout a l'autre de ces quatorze vers, nous retrouvons des mots qui leur donnent une tonalite continue.

Ce sont les opithetes etroite, petit, l'adverbe doucement dans le premier quatrain, et dans le second, le qualificatif hum- ble, appliqué a tonnelle, folle a vigne (indignant une certaine negligence et rappelant les jardins qu'aimait Ronsard, e qui sentent le sauvage )).

Deux mots tres simples : Rien et tout (vers 5) produisent un heureux effet.

Le mot rotin est le terme propre, it vient de rotang, sorte de palmier dont on confectionne des chaises dites e canees ).

Le verbe faire, employe avec murmure et plainte semble indigne du Parnasse, mais sa banalite s'ac- corde an ton general.

Murmure argentin n'est pas neuf, sans doute; it est expressif.

Comme dans le premier quatrain, le dernier vers reunit les -voea- bles les plus poetiquesi.

Le tremble est ainsi nomme parce que son feuil- lage frissonne perpetuellernent, ce que le poke traduit par plainte sempi- ternelle. Au neuvieme vers, relevons le verbe palpitent, Cheri des Parnassiens apres l'avoir ete des Romantiques. Comme autour des fleurs obsedies Palpitent les papillons blancs... Its semblent mieux convenir aux papillons qu'aux roses, mais it est plus rare appliqué aux fleurs.

Le sonnettiste orthodoxe evite les repetitions de mots; Verlaine y recourt en vue d'un effet.

Comme avant, place deux fois A l'hemistiche au neuvieme vers, ne doit pas etre considers comme une faiblesse.

Deux epithetes a lis, n'est-ce .pas un peu.beaucoup? Non, a notre avis, l'une renforcant l'autre; l'une visant le physique, l'autre le moral. jusqu'à la fin, n'en est que la preuve multiple. Elle va du plus au moins, de la tonnelle assez volumineuse, à l'alouette infime. Elle reprend, dans le deuxième tercet, passant de la statue à l'odeur. Un certain désordre artis­ tique règne ici et là.

Le jet d'eau s'insère entre la tonnelle et le tremble, et l'oiseau succède brusquement aux fleurs.

Nous avons ainsi l'impression de lire les notes d'un flâneur ou, si l'on veut, d'un pèlerin et non un inven­ taire destiné à une affiche d'huissier ou de notaire.

Le dernier tercet se détache fortement du précédent. L'adverbe même, placé en tête du 12e vers, appelle notre attention sur un détail que le poète a réservé pour la fin parce qu'il l'a davantage frappé. Cette grêle Velléda ne saurait être mieux placée : c'est de cette vision dernière que se sou­ viendra le lecteur; et cette statue qui s9écaille ne pouvait être mieux asso­ ciée qu'à Vodeur fade du réséda. Pourquoi? Impossible de l'expliquer, mais cette «correspondance» subtile «fait bien», à coup sûr! En définitive, la composition de ce sonnet nous apparaît très simple, très naturelle, négligée et soignée, logique sans raideur et artistique sans calcul. Elle n'est pas précisément « parnassienne » ; elle n'offre pas la soli­ dité » savante des poèmes de Leconte de Lisle et de Heredia, ni la rigueur quasi géométrique parfois reprochée à Sully Prudhomme. Déjà elle an­ nonce non le «symboliste», Verlaine ne le fut oncques, mais le «déca­ dent ».

Le vocabulaire et la prosodie décèlent, par contre, malgré quelques à- coups, un adepte du Parnasse.

Les mots sont choisis avec soin. Ils sont rigoureusement justes, quelques- uns rares ou au moins inat tendus, tous beaux et agréables à Y oreille.

Verlaine n'éprouve pas le scrupule de certains stylistes qui hésiteraient à « attaquer » par un participe présent. Ayant poussé, en tête du sonnet, a quelque chose de direct, de brusque et de familier. Le verbe chancelle, placé à la fin du vers, et qui signifie : penche comme si elle allait tomber, étonne un peu. C'est une indication : cette porte étroite qui chancelle, cette statue qui s'écaille prouvent que si le jardin n'est pas à l'abandon, il n'est pas non plus l'objet de soins diligents. Les vers deux et trois ne renferment aucun vocable qui attire l'attention; ils sont quasi prosaïques et font songer à certains de François Coppée.

Le quatrième est le beau vers de ce premier groupe : le verbe pailleter, d'une parfaite exactitude (une paillette est chose brillante), correspond à humide étincelle, expression jolie et juste pour désigner la goutte de rosée doucement éclairée par le soleil du matin.

D'un bout à l'autre de ces quatorze vers, nous retrouvons des mots qui leur donnent une tonalité continue. Ce sont les épithètes étroite, petit, l'adverbe doucement dans le premier quatrain, et dans le second, le qualificatif hum­ ble, applique à tonnelle, folle à vigne (indiquant une certaine négligence et rappelant les jardins qu'aimait Ronsard, «qui sentent le sauvage»). Deux mots très simples : Rien et tout (vers 5) produisent un heureux effet. Le mot rotin est le terme propre, il vient de rotang, sorte de palmier dont on confectionne dés chaises dites « canées ».

Le verbe faire, employé avec murmure et plainte semble indigne du Parnasse, mais sa banalité s'ac­ corde au ton général. Murmure argentin n'est pas neuf, sans doute; il est expressif.

Comme dans le premier quatrain, le dernier vers réunit les voca­ bles les plus poétiques.

Le tremble est ainsi nommé parce que son feuil­ lage frissonne perpétuellement, ce que le poète traduit par plainte sempi­ ternelle.

Au neuvième vers, relevons le verbe palpitent, chéri des Parnassiens après l'avoir été des Romantiques.

Comme autour des fleurs obsédées Palpitent les papillons blancs...

Ils semblent mieux convenir aux papillons qu'aux roses, mais il est plus rare appliqué aux fleurs. Le sonnettiste orthodoxe évite les répétitions de mots; Verlaine y recourt en vue d'un effet. Comme avant, placé deux fois à l'hémistiche au neuvième vers, ne doit pas être considéré comme une faiblesse.

Deux épithètes à lis, n'est-ce pas un peu.beaucoup? Non, à notre avis, l'une renforçant l'autre; l'une visant le physique, l'autre le moral.. »

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