«Après le déjeuner, je me suis ennuyé un peu ... » - L'Etranger de Camus

« 122 1 Etude de L'Etranger journaux.

Je me suis aussi lavé les mains et, pour finir, je me suis mis au balcon.

Ma chambre donne sur la rue principale du faubourg.

L'après-midi était beau.

Cependant, le pavé était gras, les gens rares et pressés encore.

C'étaient d'abord des familles allant en promenade, deux petits garçons en costume marin, la culotte au-dessous du genou, un peu empêtrés dans leurs vêtements raides, et une petite fille avec un gros nœud rose et des souliers noirs vernis.

Derrière eux, une mère énorme, en robe de soie marron, et le père, un petit homme assez frêle que je connais de vue.

Il avait un canotier, un nœud papillon et une canne à la main.

En le voyant avec sa femme, j'ai com­ pris pourquoi dans le quartier on disait de lui qu'il était dis­ tingué.

V n peu plus tard passèrent les jeunes gens du fau­ bourg, cheveux laqués et cravate rouge, le veston très cintré, avec une pochette brodée et des souliers à bouts carrés.

j'ai pensé qu'ils allaient aux cinémas du centre.

C'était pourquoi ils partaient si tôt et se dépêchaient vers le tram en riant très fort.

Meursault dans son monde Le dimanche est le jour de la semaine où se défont pro­ visoirement les liens individuels ordinairement tissés dans la société.

Libres de toute occupation, hommes et femmes sont ainsi rendus à eux-mêmes.

Pour la première fois du roman, Meursault se retrouve alors seul : il ne veut pas déjeuner avec ses amis qui l'interrogeraient sur la mort de sa mère; il ne peut rester avec Marie qui doit rendre visite à sa famille.

Le héros du roman existe hors du regard que les autres posent sur lui.

C'est l'occasion pour Camus de nous présenter le monde ordinaire de son personnage.

Meursault habite un appartement donnant sur la rue principale de 1 'un des fau­ bourgs d'Alger.

Son environnement correspond à celui. »