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Publié le 16/02/2011
Extrait du document
Nous observons autour de nous, dans les hommes et dans les œuvres, comme nous les éprouvons en nous-mêmes, les effets de confusion et de dissipation que nous inflige le mouvement désordonné du monde moderne. Les arts ne s"*accommodent pas de la hâte. Nos idéaux durent dix ans ! L'absurde superstition du nouveau —quia fâcheusement remplacé V antique et excellente croyance au jugement de la postérité — assigne aux efforts le but le plus illusoire et les applique à créer ce qu'il y a de plus périssable, ce qui est périssable par essence : la sensation du neuf Toutes les valeurs sont viciées par les artifices de la publicité, qui les soumettent à des fluctuations presque aussi vives que celles que la Bourse enregistre chaque jour. L'estimation des œuvres appartenait jadis à quelques centaines de personnes difficiles et passionnées, habitants de cités qui n'étaient point des villes énormes : Athènes, Florence ou Amsterdam. Ces milieux restreints et raisonneurs offraient à l'Art ce dont l'Art ne peut guère se passer : le plus vif intérêt, des engouements réels, des disputes sincères, et le sentiment immédiat de son importance. Les grands moments de l'art ne s'observent que dans ces microcosmes où la température du désir de belles choses pouvait prodigieusement s'élever. Le goût, l'enthousiasme, le sens critique s'y trouvaient en excitation perpétuelle. Je crois bien que les hommes doués pour concevoir et nés pour créer ne manquent jamais ; mais il leur manque souvent — il leur manque singulièrement aujourd'hui — ces conditions vivantes, ces amateurs et connaisseurs incorruptibles, chez lesquels ni l'espoir de faire une bonne affaire, ni les prestiges de la plume, ni l'ambition de précéder ou de suivre la mode, ne troublaient la poursuite de leur volupté personnelle et l'exercice de leur intelligence originale.
La simplicité du but n'est pas moins nécessaire que le temps libre à l'heureuse élaboration des plus belles choses. C'est que tous les arts doivent satisfaire à des exigences simultanées et indépendantes, et que dans la tragédie de l'exécution, l'unité d'action est « physiologiquement « essentielle. La poésie compose de son mieux le son et le sens de la parole. La peinture joue d'un subtil accord entre la ressemblance des choses, le plaisir ou l'émotion propre de la vue et ses résonances mentales. Mais comme dans une stratégie, même la plus savante, rien n'est plus important que de savoir avant toute chose ce que l'on veut et de se l'exprimer en peu de mots, une fois pour toutes, — de manière à poursuivre un seul objet nettement défini et à lui ordonner la diversité des moyens, — ainsi en est-il dans chaque ouvrage, et dans cet ouvrage des ouvrages, qui est la carrière et l'entier développement de l'artiste. Or, c'est bien là ce qui existait et qui n'existe guère plus. L'esprit de la plupart des artistes modernes est divisé contre lui-même. Ils se font des systèmes qui ne se soutiennent un peu de temps que par l'assistance de quelque littérature appropriée. Mais Titien, ni Véronèse, ni Robusti le Tintoret n'avaient besoin qu'on les « présentât «. Il leur suffisait de s'imposer. On leur dédiait des sonnets ; on ne les expliquait pas. Ils n'offraient point des intentions, mais des miracles, et ils ne s'embarrassaient point♦ d'autre système que de faire ce qui leur donnait la plus vive sensation de leur pouvoir, qu'ils défiaient et développaient sans cesse. Quoi de plus simple dans son but et de plus certain dans son effet qu'un portrait du pur Raphaël? Cependant, nous errons de théories en théories... Il ne s'agit pas du tout d'exciter à l'imitation de ces maîtres. Leurs manières de voir et de faire ne furent, peut-être, que trop reprises et reproduites. Mais ce sont les vertus que suppose et qu'exigea leur maîtrise qui doivent faire envie et donner à penser. Il n'en est aucun ici dont on ne sente qu'il dût être ou se faire homme complet. Pas un d'eux n'a songé que la possession complète du métier de son art pût refroidir sa passion, l'étude et la méditation précise l'empêcher de devenir soi-même : ceci arrive aux faibles, lesquels n'importent pas. Aucun d'eux n'a pu croire que chaque artiste se dût créer une « esthétique « propre et se faire de la nature une déformation qui lui appartînt exclusivement. Ils ne s'étudiaient point à se faire remarquer, mais à se faire longuement regarder — ce qui est fort différent. Étonner dure peu ; choquer n'est pas un but à longue portée. Mais se faire redemander par la mémoire, instituer un grand désir d'être revu, c'est là viser, non l'instant de l'homme qui passe, mais la profondeur même de son être. Une œuvre qui rappelle les gens à elle est plus puissante que l'autre qui n'a fait que les provoquer. Ceci est vrai en tout : quant à moi, je classe les livres selon le besoin de les relire qu'ils m'ont plus ou moins inspiré. Or, tout ce que l'on voit ici a été goûté, a séduit, a ravi, pendant des siècles, et toute cette gloire nous dit avec sérénité : « JE NE SUIS RIEN DE NEUF. Le Temps peut bien gâter la matière que j'ai empruntée ; mais tant qu'il ne m'a point détruite, je ne puis l'être par l'indifférence ou le dédain de quelque homme digne de ce nom... « Valéry, Préface au catalogue d'une exposition de l'Art italien.
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nombre de connaisseurs incorruptibles dont le goût avait jadis force de loi : à Athènes, Florence ou Amsterdam cesgroupes favorisaient la création artistique.
Mais le mal ne provient pas seulement des conditions extérieures : lesartistes eux-mêmes sont atteints ; ils manquent d'une unité de but, et, divisés contre eux-mêmes, ils ont sanscesse besoin de systèmes éphémères.
Est-ce à dire qu'il faille imiter les artistes du passé? Valéry ne va pas jusque-là mais affirme que leurs méthodes et leur but doivent inspirer leurs successeurs ; ils étaient hommes complets, etne travaillaient pas pour choquer par la nouveauté mais pour rappeler à eux le public des siècles à venir.
COMMENTAIRE
( On développera ce que nous indiquons ici.
sous la forme d'un PLAN DÉTAILLÉ.)
Dans ce texte le commentaire et, éventuellement, la discussion doivent s'orienter vers la définition, selon Valéry,des facteurs de la création artistique.
I.
- LES FACTEURS EXTÉRIEURS
Valéry distingue une première série de facteurs extérieurs à la création artistique, et pour cela, il oppose auxprocédés de la publicité le public de connaisseurs qui, selon lui, jugeait autrefois les œuvres d'art.
En fait, lapublicité est devenue un moyen de diffusion approprié au vaste public que le progrès technique a conquis, mais celuid'Athènes, de Florence ou d'Amsterdam « consommait » l'art tout autant que le font nos contemporains.
Certes cepublic-là eut ses connaisseurs, mais nous avons les nôtres : de -brillants groupes littéraires, de fécondes écolespicturales savent aujourd'hui encore transcender la pression immédiate du marché afin d'exprimer les virtualités denotre existence.
II.
- LES FACTEURS INTERNES
Le mal que dénonce Valéry réside-t-il vraiment au cœur même de l'artiste ? Celui-ci, nous dit-il, est divisé contrelui-même.
Et comment pourrait-il en être autrement dans notre monde ? L'artiste assume la dialectiquefondamentale de toute activité humaine ; il crée et se voit créant, tente de justifier son dessein, de le réorienter,de comprendre sa fonction dans notre société.
Valéry semble faire ici le procès de la conscience et de la lucidité.
III.
- LE RENOUVELLEMENT CONTINU DES FORMES D'ART
Il est vrai qu'il assigne pour but suprême à l'art le souci de durer.
Que signifie tout cela désormais ? La plus grandepartie du public, la plus spontanée, se désintéresse presque totalement de l'art passé ; lorsqu'elle en est émue,c'est pour des raisons que les artistes de jadis ne pouvaient nullement pressentir.
Et il est vrai que certaines œuvresriches admettent une pluralité de significations.
Mais c'est le présent qui doit nous intéresser et la créationartistique qui relève de l'imaginaire se doit de chercher sans cesse des formes nouvelles pour donner à l'humanitél'image même de son évolution permanente et la conscience de son inachèvement..
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