Après avoir épousé Charles Bovary, Emma va s'installer avec lui à Tostes. Flaubert nous décrit ainsi le jardin de sa nouvelle demeure

« Le jardin, plus long que large, allait, entre deux murs de bauge (1) couverts d'abricots en espalier, jusqu'à une haie d'épine qui le séparait des champs. Il y avait, au milieu, un cadran solaire en ardoise, sur un piédestal de maçonnerie; quatre plates-bandes garnies d'églantiers maigres entouraient systématiquement le carré plus utile des végétations sérieuses. Tout au fond, sous les sapinettes, un curé de plâtre lisait son bréviaire. « Invitée à un bal au château voisin de la Vaubyessard, Emma passe une soirée inoubliable. Mais les journées qui suivent sont lourdes d'ennui. Voici comment lui apparaît alors le jardin, en hiver : « Les jours qu'il faisait beau, elle descendait dans le jardin. La rosée avait laissé sur les choux des guipures d'argent avec de longs fils clairs qui s'étendaient de l'un à l'autre. On n'entendait pas d'oiseaux, tout semblait dormir, l'espalier couvert de paille et la vigne comme un grand serpent malade sous le chaperon du mur, où l'on voyait, en s'approchant, se traîner des cloportes à pattes nombreuses. Dans les sapinetttes, près de la haie, le curé en tricorne qui lisait son bréviaire avait perdu le pied droit, et même le plâtre, s'écaillant à la gelée, avait fait des gales blanches sur sa figure. « Gustave Flaubert, Madame Bovary.

(1) Mortier de terre grasse mêlée de paille.  

« Le sujet indique : Vous confronterez ces deux extraits et vous montrerez en quoi ils vous renseignent sur l'état d'âme de l'héroïne (Nancy 1971). Question 1. Comment le dessin du jardin suggère-t-il une vie close et prosaïque? Question 2. La dégradation des lieux et de l'état d'âme dans le deuxième extrait. ► Conseils : Voyez combien ce jardin est limité, géométrique, utilitaire. Le contraire de la fantaisie, de la poésie, de l'idéal. Et combien le deuxième extrait contient plus de tristesse que le premier : abandon, pourrissement de la vie.